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Ce soir là, sous la clarté de la lune, Camille souriait, la bourse de cuir et le message entre les doigts. Il souriait car il était heureux, heureux que quelqu'un se souci de lui, que quelqu'un soit si gentil avec lui.

Oh, bien sûr, il était craintif. Jamais il n'avait tenté une quelconque expérience sociale avec d'autres gens que sa famille. Il adorait cette dernière et pour rien au monde il n'aurait souhaité changer de foyer mais une étincelle, comme un tison solitaire d'un feu qui n'avait jamais été allumé rôdait dans son coeur, le pinçait délicatement.

Sans doute qu'elle avait toujours été là, enfouie bien profondément sous sa passion dévorante, celle-là même qui le poussait, quelques jours plus tôt, à s'oublier au profit de son automate. Aujourd'hui, il la ressentait plus que jamais, en venait presque à vouloir dès le lendemain accepter l'invitation de se revoir, soigneusement écrite sur le papier. L'écriture, si délicate face à celle grossière, empressée et maladroite de l'inventeur, le fascinait.

Alors il se tenait là, baignant sous les rayons de lune, les yeux dans le vague, le regard illuminé de mille et une étoiles. Ses cheveux, souples et parsemés de boucles, ondulaient doucement sous la brise. Appuyé nonchalamment à sa fenêtre, ses traits fins et détendus accentuaient son apparence angélique. En cet instant, rien au monde n'était assez puissant pour retirer son charme à cette scène à l'aspect irréel.

À l'étage du dessous, une ambiance chaleureuse régnait toujours autour de la table à dîner. Des chandelles aux doux parfums embaumaient la pièce, leurs effluves enlaçant paresseusement le couple qui discutait à voix basse. Chacun de leur côté, ils avaient été agréablement surpris par le cadeau trouvé au pas de la porte plus tôt dans la journée.

Malgré le côté inhabituel de la situation, aucun des deux ne s'en était offusqué. Au contraire, ils partageaient en ce moment leurs espérances de voir cette relation continuée, demeurée la raison du bonheur visible dans les yeux de leur fils. Tout l'après-midi durant, ils n'avaient pu retenir leur sourire attendri face à l'expression qu'ils avaient si peu coutume de voir ornée le visage de leur ainé. Malgré le peu d'informations qu'ils avaient, ils étaient certain que leur fils ferait les bon choix, ne se laissant guidé que vers un futur qui le couvrirait de bonheur. Ils le connaissait, sachant parfaitement que l'instinct exacerbé de leur fils le protégerait dans de nombreuses situations.



*** Note de l'auteure***


Je dois vraiment avoir l'air du stéréotype des grands-mères à écrire avec mes chandelles parfumées, enroulée dans une grosse veste, à une heure moins que raisonnable 

L'inventeur de rêveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant