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*2ans plus tard*

"Jade, tu peux m'aider à déballer les cartons?"

Je me levais de mon nouveau lit, même pas fait, et parti rejoindre ma mere dans le couloir. Cachée derrière une tonne de cartons, elle s'entêtait à retrouver celui où elle avait posé les draps et autres tissus, et les avait déjà presque tous vidés, ce qui avait créé un capharnaüm dans mon nouveau salon.

On avait déménagé loin de Seattle pour se rapprocher de Los Angeles. Mes parents venaient de divorcer, et mon père était parti en Europe avec sa nouvelle compagne, une française qu'il avait rencontré lors d'une transaction commercialle. Je choisis de vivre avec ma mère, car j'avais pris le départ de mon père comme un abandon, une trahison, et je ne voulais pas laisser ma mère seule dans son chagrin et son amertume.

Quelques mois après le depart de mon père, nous avions opté pour un appartement dans Seattle, mais notre choix s'était porté sur cette jolie maison, certes un peu étroite, mais bien assez grande pour une mère et sa fille unique. Elle n'était pas vraiment au centre de Los Angeles, mais plutôt en bordure, ce qui rendait l'achat bien plus abordable. Dotée de trois chambres, un salon et une cuisine aménagée avec deux salles de bain, nous decidames de transformer la salle en trop en un bureau moderne, pouvant aussi faire salle de jeux. J'aimais cette maison, elle était synonyme de nouveau départ et de nouvelle vie.

"Ça fait du bien un peu de soleil tu ne trouves pas ?" me dit ma mère.
"Si si, bien évidemment" lui repondis-je simplement.
"Tu pourras tout refaire ici." reprit-elle. "Tu te rends compte ? Tes études, de nouvelles rencontres, la plage, la chaleur, que demander de plus ?! Et puis, ça te changera les esprits après tout ce qu'il s'est passé. Notre divorce, mais aussi la disparition..."

À ce moment, elle se tut. Je pense qu'elle sentait mon regard trop persistant sur elle et quand elle leva son regard en ma direction, elle ne trouva rien d'autre à faire que de m'adresser un sourire gêné.

La disparition. C'est vrai que Taylor n'a jamais été retrouvé. Je me souviens encore des frissons que j'avais eu, seule, dans une voiture abandonnée près d'une forêt, sans batterie pour appeler personne. N'ayant pas eu mon permis à l'époque, je ne pouvais même pas conduire pour rentrer chez moi. J'avais bien attendu trois voire quatre heures dans cette caisse avant que les policiers me retrouvent. Quand je les avais prevenus de la situation, ils n'ont ni retrouvé le corps de Taylor, ni celui de l'homme avec qui il était parti. La seule et uniquz pièce à conviction qu'ils possédaient était le tee shirt ensanglanté de Taylor.
Pendant des semaines, la ville s'était lancée à sa recherche. Sans succès. Très vite, les accusations se portèrent sur moi, et j'étais victime d'insulte, de boycott, tout ce qui m'avait bien foutu en l'air les derniers mois de mon lycée. Même arrivée en université, l'histoire mystérieuse de Taylor Watson s'y était repandu, et j'étais de nouveau la cible des universitaires. C'est peut être aussi pour cela que nous avons fui Seattle.

"Tu devrais aller à Los Angeles ma chérie" reprit ma mère. "Tu sais, ca va être long de tout déballer, et je crois que je préfère etre seule pour ne pas être perturbée et pouvoir ranger rapidement. En plus il fait tellement beau ! Prends ma voiture si tu veux, je t'y autorise."

Je ne me fis pas prier. Je sortis du salon, pris les clés de ma mere et me mis dans la voiture, direction L.A.

Sur la route, je ne puis m'empêcher de repenser aux deux dernieres années de ma vie. Trop dures, trop longues, trop compliquées. Taylor me hantait, mais la fuite de mon père me tuait. Ma mère devait avoir raison. Ici, je reprendrai goût à la vie.
J'arrivais, quelques quinze minutes après, au centre de Los Angeles. Je me garais dans un parking à disposition, près d'une grosse camionnette noire. J'étais juste au dessus de Venice Beach et je n'avais qu'une hate, c'était de m'allonger sur le sable en me laissant bercer par le son de la mer.

J'étais tellement pressée qu'en me garant, j'effleurais la carrosserie de la voiture noire. Je voulu sortir rapidement de la voiture, ni vue ni connue, et quand je quittai mon véhicule, je me mis à courir tout en regardant derriere moi, si quelqu'un m'avait aperçu. Dans ma précipitation, je bousculai quelqu'un et me retournant, mon coeur avait rater plusieurs battements.

Il était grand, élancé, yeux verts, avec des cheveux mis longs, bouclés et mal entretenu. Il portait un debardeur presque déchiré, avec un short-bermuda en jean, et des vans blanches. J'étais dans ses bras, et il se mit à rire, sûrement parce que j'étais ridicule. Il me lâcha et me fit un sourire, avant de tendre sa main.

"Vous sembliez pressée! Harry." me dit-il.
"Oh euh.. non.., c'est juste que je faisais attention, au cas où quelqu'un me suivait, je n'aime pas être seule !" mentis-je. "Jade."

Nous nous serrames la main et il reprit sa route, tout comme moi. Avant de m'apostropher quelques pas plus tard.

"Jade !" criait-il. "De ce que j'ai compris, vous n'aimez pas la solitude?"

Que me voulait-il ?

"Non mais je me debrouillerai ne vous inquietez pas !"
" Où allez vous ?" Continua-t-il.
" A Venice Beach. Je suis nouvelle et..."

Il courru vers moi et se planta juste devant moi.

"Si vous etes nouvelle, laissez moi vous montrer Los Angeles." me lança-t-il avec un sourire narquois sur ses lèvres fines.

Il me tendit la main et, un peu perturbée, je posai la mienne dans la sienne.

Run Against TimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant