Chapitre 02 - Les Abysses

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Les élèves du Lycée Yashin avaient quitté les lieux. Les oiseaux étaient silencieux. Le soleil éclatant laissa place à des lueurs orangées qui venaient danser sur la surface de la piscine. Seuls des éclaboussements se faisaient entendre mais pas d'appel à l'aide. Pourtant, Ayumi était bel et bien en train de sombrer dans les profondeurs du bassin de natation. Son corps s'enfonçait dans l'eau, remontait légèrement, pour mieux retomber. Elle battait l'eau avec ses mains, incapable d'appeler à l'aide. Que se passe-t-il ? paniqua-t-elle. Je sais nager ! Elle se sentait impuissante. La piscine lui sembla soudainement infinie. Elle n'en apercevait plus les rebords. L'eau rentrait par ses narines et sa bouche. Elle la recracha mais elle en inhala et en but également. Je sais nager... Laissez-moi nager ! s'énerva-t-elle, toujours incapable de crier pour que l'on vienne à son secours. Elle avait le souffle coupé et aucun mot ne pouvait s'échapper de sa gorge. Elle était seule.


Ayumi se débattait. Elle se sentait impuissante, comme si elle se trouvait isolée au milieu de la mer, sans un seul rocher sur lequel poser sa main, sans aucun rebord sur lequel s'accrocher. Son corps était épuisé et ne parvenait plus à se maintenir à la surface. Elle avait inhalé une grande quantité d'eau et perdait peu à peu conscience. Elle était attirée vers le fond. Ses yeux se fermaient tout doucement. Elle regarda la surface s'éloigner et le soleil disparaître. Je sais... nager ? Avant de perdre connaissance, elle ressentit une horrible sensation. Quelque chose s'était infiltré dans son corps malgré elle. Quelque chose inondait ses poumons. C'était de l'eau. Cette même substance qui l'avait bercée depuis sa plus tendre enfance. Cette substance qui l'avait vue grandir, qui l'avait réconfortée et avait guéri ses peines. Comment se sentir lorsque sa raison de vivre est également celle de sa mort ? Devait-elle se sentir trahie ? À l'inverse, devait-elle se sentir soulagée d'être emportée d'une telle façon ? Était-ce réellement plus rassurant de mourir aux côtés de ceux qu'on aime ?


La jeune nageuse se trouvait désormais dans un endroit sombre et froid. Elle était recroquevillée sur le sol, la tête cachée entre ses jambes et recouverte par ses bras. Elle n'entendait plus un bruit. Ses paupières s'ouvrirent tout doucement. Il faisait noir. Elle ne voyait rien. Elle enleva ses bras pour essayer d'apercevoir quelque chose, mais rien. Elle se releva en prenant appui sur sa jambe droite. Où suis-je ?


— M-Maman ? murmura-t-elle.


Ayumi était une jeune fille ambitieuse et courageuse, mais pour la première fois depuis de nombreuses années, elle avait peur. Des larmes coulèrent sur ses joues. Elle cria de toutes ses forces mais personne ne répondit. Elle courut à droite, à gauche, mais l'obscurité était sans fin. Elle pouvait continuer ainsi pendant des heures.


La noirceur des lieux déteignait peu à peu sur elle. Une substance visqueuse montait sur ses jambes et l'engloutissait davantage dans les abysses. C'était comme si elle se noyait dans les ténèbres. Elle ne prit pas la peine de se débattre et laissa simplement son corps tomber. Quand soudain, alors qu'elle allait fermer les yeux pour la dernière fois, elle entendit une voix familière crier son nom.


— KAWASAKI !


Ayumi ouvra les yeux en grand. A-Aoyama ? La voix se rapprocha d'elle, devenant de plus en plus forte et distincte. Elle avait l'impression que son camarade se trouvait juste devant elle, mais il n'y avait personne. Pour autant, cela lui donnait envie de s'accrocher. Elle n'avait plus envie de se laisser tomber dans les ténèbres. Elle se releva. Elle tira sur ses jambes et ses bras, essayant de se délivrer de la substance noire qui la tirait vers le fond.


— Aoyama... AOYAMA ! cria-t-elle.

— KAWASAKI !


Ayumi n'en croyait pas ses yeux. Devant elle, sortant de la noirceur, un bras se faufila jusqu'à elle. Quelqu'un lui tendait la main. Quelqu'un essayait de l'agripper. Elle n'hésita pas une seule seconde et la saisit avec force. Elle sentit alors tout son corps avancer dans sa direction. L'obscurité laissa peu à peu place à la lumière.


— Kawasaki, tu m'entends ? Ayumi Kawasaki ! Réveille-toi ! s'exclama Kishi.


Ayumi ouvra les yeux avec difficulté. Sa vue était floue et les rayons du soleil l'éblouissaient. Elle reconnut Kishi Aoyama, son camarade de club, à ses côtés. Il était trempé. De grosses gouttes d'eau tombaient de l'extrémité de ses mèches de cheveux. Ses deux mains positionnées sur le torse d'Ayumi, il la regardait d'un air inquiet. Ayumi tourna sa tête vers lui. Elle l'observa de haut en bas, perplexe.


— Ta chemise... elle est mouillée...


Kishi enleva ses mains du corps d'Ayumi. Il s'empressa de se pencher au-dessus de son visage pour l'examiner. Son expression changea. Il était soulagé. Il se mit soudainement à pleurer à chaudes larmes et vint positionner sa main gauche devant son visage pour se cacher.


— Je t'avais dit de ne pas forcer. Je t'avais dit que tu allais finir par te tuer...


Ayumi était épuisée. Elle se laissa bercer par les pleurs de Kishi et le son des sirènes de l'ambulance qui pénétrait dans l'enceinte de l'école. Elle inspira profondément et soupira une dernière fois avant de s'écrouler de fatigue


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La Pierre de l'Eau (romance fantastique)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant