Toi, devant moi.
Je te vois.
J'aurais aimé que tu sois autrement.
J'aimerais t'enterrer.
J'aimerais même parfois te blesser. Autant que tu me blesses moi.
Tu es tout ce que je ne suis pas.
Tu m'as enfermé dans ta carapace.
À cause de toi je dois me battre pour résister.
Résister à l'angoisse.
Résister à l'envie de te faire du mal.
Résister à en finir.
Résister à être un mouton comme les autres.
Résister à l'envie de tout abandonner pour vivre enfin la vie dont j'ai toujours rêvé.
Vivre ailleurs, loin d'eux. Loin de toi.
Je ne veux plus te voir.
J'aimerais que tu sortes de ma vie.
Je te vois dans le miroir.
Dans les vitres des fenêtres de la cour.
Dans le reflet de mon verre.
Tu es toujours avec moi. Pour me faire souffrir.
Les autres ne comprennent pas.
Ils ne comprendront jamais.
Ils ne comprendront jamais ce que ça veut dire, l'envie de quitter son propre corps.
D'arracher avec les mains ce qui ne convient pas.
Ma douleur va au-delà de la raison.
Tu as détruit ma vie à partir du moment où tu es né avec moi.
Tous les jours, je vois les autres garçons. Je vois leur torse. Je vois leurs jambes. Je n'arrête pas de te comparer à leur corps. Ça me tue littéralement. Parce que tu ne seras jamais comme eux, quoi que je fasse. Il serait plus simple de tout arrêter là.
Je ne pourrai jamais être fier de toi.
Quoi que je fasse, nous ne nous entendrons jamais.
Parce que nous nous haïssons.
Je mourrai avec toi.
Tu n'es qu'un corps.
Tu as trop d'importance alors que tu n'es rien.
Tu n'es qu'une illusion.
À toi, mon enveloppe.
Je te hais et te haïrai toujours.
Lewis.
