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-Lino ! l'interpellais-je.

    Il continuait son chemin, les poings serrés.
De mon côté, je peinais à le rattraper.  à vrai dire, les talons et le gravier ne faisaient pas bon ménage lors d'une course poursuite. Évidemment, quelle idée de sortir par la baie vitrée donnant sur le jardin plutôt que par la porte d'entrée.

-LINO ELIAS GABRIEL DE VITO, criais-je tout en lui lançant la fourchette que j'avais gardé dans la main.

    Il s'arrêtait instantanément, comme si on l'avait mit sur pause.

-Viens-tu sérieusement d'utiliser mon nom complet ? Et de me lancer une fourchette en même temps ?

-C'était apparement le seul moyen pour que tu t'arrêtes, sifflais-je en arrivant à ses côtés.

    Il me regardait quelques secondes avant de se retourner.

-Qu'est-ce que tu comptes faire ?! Débarquer chez les Rosso et réellement provoquer une guerre ?!

-Et tu veux que je fasse quoi d'autre, exactement ? N'ont-ils pas commencé ?

Je secouais la tête.

-Qu'ils aient commencé ou non, débarquer à une heure pareille n'apaiserait aucunement les tensions.

-Tant mieux. Je n'ai aucune envie de les apaiser.

-Lino, grognais-je tandis qu'il commençait a s'éloigner à nouveau. Je sais que ta réputation te tient à cœur mais là, tu ne ferais qu'envenimer les choses !

-Ma réputation ? Tu crois que c'est pour ma réputation ?

Je fronçais les sourcils.

-Et pour quoi d'autre ? Hm ?

Il ouvrait la bouche, puis la refermait. Il semblait réellement surpris.

-Ne t'es-tu pas dit une seule seconde que c'était pour toi ?

Je ricanais nerveusement.

-Arrêtes tes bêtises, veux-tu ? Ce n'est vraiment pas le moment pour ta drague à deux balles.

Ses bras retombaient le long de son corps. Il me dévisageait comme si je venais de sortir la plus grosse des énormités.

-Je ne te drague pas. Pas actuellement.

-Lino... soufflais-je en massant mes tempes.

-Sera, as-tu souffert au point de croire que personne ne se battrait pour toi ?

Je restais silencieuse, choquée de ce retournement de situation. Il fallait avouer que je ne m'y attendais pas du tout.
J'ouvrais la bouche avant de la refermée, incapable de sortir le moindre mot. Après tout, le silence en lui-même n'était pas une réponse ?

    Je le voyais me regarder, les sourcils froncés. Je sais pas si c'est parce que la situation lui déplaisait ou parce qu'il ne comprenait rien.
Bizarrement, je commençais à me sentir mal à l'aise.

-Je ne t'ai pas trompée, Sera. Je n'ai pas embrassé Miria.

Il s'attendait peut-être à ce que j'acquiesce et que je lui dise que je le crois. Mais les mots étaient incapables de sortir.
Il s'approchait d'un pas, les sourcils froncés toujours froncés. Il n'était pas énervé contre moi. Il était énervé contre lui-même.

-Je sais que tu ne me fais pas totalement confiance. Mais... Je vais te le prouver. Un jour, tu me feras confiance. Les yeux fermés.

Son assurance me clouait le bec. Il avait l'air déterminé.

The Wolf On The LooseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant