Chapter Four

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Un troisième mois s'écoula, et Valentine, malgré elle, était toujours folle amoureuse de Cerise.

Elle se surprenait sans cesse à penser à ses petites mains, ses joues de bébé qu'elle avait envie d'embrasser, son sourire et sa manie de rejeter la tête en arrière lorsqu'elle riait, ses expressions, ses mimiques, ses paroles, tout était gravé dans sa mémoire.

Elle avait beau se dire qu'à l'heure qu'il était, Cerise était mariée et filait le parfait amour avec cette Éléonore de mes deux, elle ne pouvait s'empêcher de rougir à la simple pensée des lèvres fines de l'étudiante embrassant son cou, sa poitrine, son ventre et descendant jusqu'à-

- Val ? Tu t'excites, lui fit remarquer John en essayant difficilement de réprimer son fou rire.

- Quoi ?

- Tu t'excites, et ce n'est pas très discret, répéta le fameux "pote de la fac" de Cerise, qu'elle avait rencontré par hasard. Le courant était tout de suite passé entre eux, et depuis ils ne se quittaient plus d'une semelle.

Valentine descendit machinalement son regard vers ses cuisses, avant de se rappeler qu'elle n'était pas un homme. Perplexe, elle fronça les sourcils :

- Et comment tu pourrais savoir ça, d'abord ?

- Quoi, j'ai tort ? rétorqua malicieusement le jeune homme.

- C'est pas la question ! s'énerva son amie en piquant un fard, je te demande comment tu peux savoir que je suis excitée alors que ça se voit même pas ?

- Crois-moi, ça se voit à des kilomètres, tu rougis, tu respires fort avec le regard dans le vague, et surtout... Tu te trémousses sur ce banc depuis dix minutes !

La fin de la phrase disparut dans un grand éclat de rire, et le barrage céda : l'étudiant riait si fort qu'il dut se retenir au dossier pour ne pas s'écrouler par terre.

Valentine, mortifiée, réussit l'exploit de se cacher le visage tout en frappant son ami, toujours en proie au fou rire.

- John ! C'est pas drôle !

-Si, si, au contraire ! C'est Cerise qui te fait tant d'effet ? Dans ce cas tu devrais éviter de penser à elle sur un banc public !

Si John était au courant de toute cette histoire, c'était parce que Valentine s'était échouée devant sa porte en pleurs après avoir été rejetée par cette Cerise, qu'il connaissait un peu mais qu'il appréciait de moins en moins, et que c'était lui qui l'avait ramassée à la petite cuillère, réparant son cœur et limitant les dégâts.

- Arrête tes conneries tu veux, je suis déjà assez gênée comme ça ! geignit l'ex-serveuse.

John rit une nouvelle fois avant de pointer du doigt une silhouette élancée qui semblait abattue.

- D'ailleurs, en parlant du loup... Ce ne serait pas elle là-bas ?

Valentine scruta la direction que lui indiquait son ami et écarquilla les yeux en saisissant l'éclat d'un carré brun désordonné reconnaissable entre mille dans la lumière.

- Cerise ? Ici ? Mais qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça ? se lamenta-t-elle.

Elle s'affola en voyant John se lever et marcher en direction de la jeune femme, lui saisir l'avant-bras et lui dire quelque chose qu'elle n'entendit pas.
Mais que pouvait-il bien fabriquer ?

Sa peur se décupla lorsqu'elle se rendit compte que les deux étudiants venaient vers elle.
Elle se cacha derrière son banc dans un réflexe stupide, priant qu'on ne la découvre pas, mais évidemment ce fut tout le contraire qui se produisit.

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