꒷꒦‧Chapitre 6 : Retour à la case départ‧꒷꒦

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Samedi. 9:12. Premier jour des vacances de la Toussaint. Qu'est-ce qui a pu se passer en l'espace de deux semaines ? Absolument rien. Audrey avait attendu. Et n'avait rien essayé de faire. Elle avait remarqué que le fait de se soucier de problèmes qui n'étaient pas les siens l'avaient rendue différente. Elle avait failli changer. La pire des choses qui aurait pu lui arriver.

Mais c'était fini. Elle partait de la petite ville d'Angleterre où elle travaillait pour retourner auprès de ses origines. L'Écosse. Et oh purée ce que le calme lui avait manqué ! Sa famille pas spécialement, mais la tranquillité... C'est un luxe qu'on ne peut pas tout le temps se payer.

Le train qui l'avait déposé à la gare d'Edinburgh était arrivé à l'heure. Première raison de se réjouir. Et enfin, après avoir pris un taxi, elle s'était retrouvée chez elle. La maison de famille était telle qu'Audrey s'en rappelait. Rien n'avait changé.

Les murs, décorés du peu de photos prises avec le vieux Polaroïd familial. Le vieux papier peint aux motifs de lierre grimpant. Les chaises, faites de faux-cuir de couleur douteuse. La table en verre, pour que personne ne puisse rien cacher. La gamelle du chat toujours remplie à ras-bord. La sonnette de la porte d'entrée qui ne marchait même plus.

Pour la première fois depuis un petit moment, Audrey sourit en patientant sur le pas de la porte. Inutile de toquer, sa famille était déjà au courant de son arrivée. La porte d'entrée s'ouvrît sur Meghan. La mère de la jeune femme.

-Bon sang ce que tu nous as manqué ma grande ! s'exclama sa mère en lui serrant l'avant bras.

C'était une marque d'amour de se serrer le bras dans la famille. Pas de câlins, d'embrassades, ni de poignée de mains. Est-ce que c'était simplement parce qu'ils étaient écossais qu'ils faisaient ça ? Pas du tout, juste habitude familiale. Et ils ne changeraient leurs habitudes pour rien au monde. Vous voyez d'où vient le comportement d'Audrey après ?

Les autres membres de sa famille se rajoutèrent dans le hall d'entrée. Le père de famille : Eddie, celui à la moustache. La tante superstitieuse : Zoé qui se balade toujours avec un patté de lapin. La cousine bavarde : Myriam. Et tout le reste. Les oncles, grands-parents, cousins, fratries,...

Dont Debby, la petite sœur d'Audrey. Elle n'en parlait jamais. Mais c'était une petite fille extraordinaire. Enfin, petite fille, la jeune femme était son aînée parce qu'elle avait 28 ans, et sa sœur en avait 24, mais bref. Debby avait hérité de la tignasse rousse que quasiment toute la famille avait. Alors qu'Audrey avait les cheveux longs et ondulés, Debby avait les cheveux coupés au carré, et assez frisés, ce qui faisait que le carré n'était plus si visible que ça. Leurs yeux étaient différents, la jeune femme en avait des verts avaient quelques reflets dorés, tandis que ceux de sa petite sœur en avait des bruns foncés, presque noirs.

Elles n'étaient pas les sœurs les plus proches, parce qu'ils étaient 3 dans leur fratrie. Audrey, Debby et Ryan, le plus grand. Petits, ils étaient tout le temps collés ensemble. Ryan dépassait Audrey de quelques années, il avait 30 ans. C'était pas le type de grand frère protecteur, plutôt celui qui faisait de son mieux pour se débrouiller dans la vie. Il n'était pas le seul de la famille étant né avec un trouble mental. Il avait un trouble psychotique. Ce n'était pas trop grave mais Audrey l'avait tellement côtoyé que certains tics étaient similaires chez les deux jeunes adultes. Ce sentiment d'être épié, de se sentir jugés par les regards, ce genre de choses. Ryan était roux lui aussi, une tignasse frisée et un visage explosant de taches de rousseur et de grains de beauté. Toute la famille avait des taches de rousseur mais lui en avait plus que les autres. C'était un point distinctif.


L'heure du repas étant arrivée, tout le monde s'installa à table. On entendait la télé qui était toujours là, comme un espèce de bruit de fond. Audrey était heureuse comme jamais. Le fait d'être entourée par les seules personnes à qui elle faisait réellement confiance était reposant. Rien ne pouvait troubler le calme, la sérénité du lieu. C'était comme si la maison familiale respirait une aura de tranquillité.  Et c'était ce qu'elle préférait. Elle ne devait pas rester sur le qui-vive, ou alerte sur ses sens. Si tout ça ne tenait qu'à elle, elle pourrait rester ici pour le restant de sa vie. Mais elle ne pouvait pas. La décision ne lui appartenait pas.

Le repas passa calmement, dans le silence. Le poste de télévision remplissait toujours le manque de son apparent. Les nouvelles du jour en continu. D'une oreille absente, la jeune femme essaya d'écouter les bribes de conversations. Une combinaison de mots clé attira son attention.

L'Institution St Martin.

Audrey faillit s'étouffer avec son morceau d'agneau. Et son sursaut n'était pas passé inaperçu. Elle reçu une petite tape sur la cuisse. Elle se tourna. C'était Ryan, son grand frère. Il la regardait d'un œil curieux. Comme s'il voulait lui demander ce qui l'avait troublé. D'un mouvement de tête, qu'elle espérait neutre, Audrey essaya de lui signaler que tout allait bien. Même si ce n'était pas vraiment le cas. Mais ni elle, ni son frère ne prononcèrent un mot. Le silence ne devait pas être troublé.


Une fois que tout le monde eut fini de manger, Audrey retourna dans la chambre qu'elle avait occupé toute son enfance. Tout était resté à la même place. Y compris ses jouets, ou ses affaires de quand elle était plus jeune. Elle avait choisi de ne rien changer dans sa chambre.

Allongée sur son lit, elle sortit son téléphone. Elle devait absolument retrouver l'émission qui parlait de l'Institution St Martin. Comme son frère l'avait dérangé, elle n'avait pu entendre pourquoi on avait parlé de cette institution. Alors elle devait absolument comprendre. Sa curiosité était trop forte. Et malgré le fait qu'Audrey s'était promis d'oublier toutes ces histoires, la curiosité la maintenait en haleine.

Après un petit temps de recherche, elle retrouva le replay de l'émission. La vidéo durait une trentaine de minutes et elle devrait sûrement retrouver la courte séquence qui parlait de l'Institution. Elle cliqua sur le lien et la vidéo se lança.

Au même moment, trois petits coups timides retentirent sur sa porte.

-Audrey ? Je peux entrer ?

La jeune femme reconnu la voix de sa sœur.

-Vas-y Debby.

La porte s'ouvrit sur sa petite sœur, habillée d'un pyjama chaud, et tenant deux tasses dans ses mains.

-Un chocolat chaud ? proposa-t'elle.

-Avec plaisir !

Debby s'assit, et lui passa une des deux tasses. La rouquine aux cheveux frisés lui adressa un sourire.

-Tu t'imagines pas à quel point tu m'as manqué...


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