Les gouttes de pluie tombait frénétiquement sur le toit de la maison créant un chahut plutôt agréable. Il y aurait pu avoir une kyrielle de mots à se jeter l'un à l'autre, mais tout était silencieux dans la chambre d'Ada et Christian. Ils attendaient le passage de l'orage pour pouvoir se rendre à leur rendez-vous. En effet, Christian devait se faire opérer en Tunisie pour le rétablissement de ses jambes. Il avait eu un accident de moto quelques mois plutôt et en était ressorti paralysé des deux jambes. Les docteurs avaient dit que l'opération était risquée et que les chances de guérison de sa paralysie étaient moyennes. Mais elle, y croyait. Comme toujours, comme à tout.Les deux amants étaient allongés sur le matelas, les yeux fixant le lustre, qui donnait une lumière suave à la chambre. Ada savourait le bruit de la pluie. Et pour ne pas ne serait-ce que, laisser une pensée négative caresser son esprit, elle rêvait. Comme on rêve les yeux à moitié ouvert. Quant à son mari, il était tourmenté. La logique aurait voulu que les tourments soient emprisonnés dans le cœur d'Ada mais voilà que lui, il en souffrait également. Il regrettait tout à ce moment-là. Des jours où il rentrait tard en injurant sa femme aux nuits où il avait osé passer des nuits de passions avec d'autres femmes pendant que la sienne se battait contre le désespoir de l'infertilité et les cris de regrets.
Pourtant, elle n'avait jamais cessé d'être là pour lui.
La pluie était finie et Ada s'était presque endormie, envahie par la paix profonde que lui procurait le goût luxurieux de ses rêves.
Son mari la regardait, profondément. Elle était angéliquement belle. Ce n'était pas la beauté que l'on voyait à la télévision. Elle était faite d'une beauté convenable. Mais celle qui fait ménage avec la bonté et la grâce. Le genre de beauté qui a un parfum qu'on refuse d'oublier. Le parfum de l'agneau qui s'était presque immolé par amour pour lui.
À contrecœur, Christian arrêta sa séance de contemplation pour ne pas rater l'heure du départ. Doucement il toucha la main de sa femme qui ouvrit les yeux aussitôt.
- Il est l'heure, chuchota-t-il.
Elle ne dis même pas un mot. Elle se leva, alla chercher le fauteuil roulant de son mari qui était à l'autre bout du lit et puis l'installa.
Près d'une heure plus tard, ils étaient devant l'aéroport.
L'avion avait démarré il y avait à peu près 25 minutes. Ada sentait bien le malaise de Christian, qui, assit sur l'autre siège, semblait être dans un sale état. Elle attribua la faute à un mal de l'air.
Puis d'un coup, Christian serra sa main, posée sur le siège.
Les larmes au bord des yeux il s'exprima enfin :
- Ada, je suis désolé pour tout.
Une larme menaçait de couler.
Elle ne savait pas quoi dire. Elle ne s'attendait pas à ça. Elle le regarda, serra sa main plus fort pour lui montrer qu'elle était là, qu'elle serait là toujours.
- Ada, je souffre vraiment de toutes mes erreurs et de tout l'enfer que je t'ai fait subir.
Pardonne moi, termina-t-il en versant des larmes.
Le monde commençait à porter leur attention sur le couple.
- Christian, s'il te plaît, maîtrise-toi!
Ce n'est pas l'endroit.
- Ada, pardonne-moi pour tout. Je te promets de changer. Si jamais tu as la force de rester.
Il avait dit ça, sachant que sa femme ne le quitterait jamais.
- Je serai toujours là, chuchota-t-elle.