Figée à une dizaine de mètres de ses portes, j'observe attentivement l'université dans laquelle je vais étudier ces cinq prochaines années.
The University of Majesty est depuis près de deux siècles adulée pour l'excellence de ses programmes d'enseignement, mais également pour l'intérêt qu'elle porte à l'épanouissement de ses étudiants. Du légendaire week-end d'intégration — qui aura lieu dans quarante-huit heures — jusqu'au prestigieux bal de clôture, la seule pensée me venant à l'esprit en ressassant mon futur au sein de cette faculté est que j'ai hâte de débuter cette aventure !
L'imposante architecture de ce château me laisse sans voix— parce que oui, à mes yeux, cette fac est un putain de château. La structure de ce palais est entièrement recouverte de pierres datant certainement de l'époque baroque ; la pelouse de la cour sur laquelle de nombreux étudiants sont assis est quant à elle minutieusement taillée, sans oublier la féérique allée nous menant jusqu'aux portes d'entrée de l'établissement, ou devrais-je plutôt dire du château.
Je pense que je ne réalise pas encore ce qui m'arrive. J'ai comme l'impression que mon esprit cherche à fuir cette splendide réalité. J'entends parler de l'université depuis que je suis haute comme trois pommes, et me dire que je suis désormais étudiante dans l'une des plus grandes universités du pays me paraît utopique.
C'est le moment, Elsa. Respire.
Je prends une profonde inspiration et marche jusqu'à pénétrer dans le hall de l'université. Waouh ! Bien que mon corps soit resté immobile face au fabuleux tableau dressé devant moi, mes yeux quant à eux ne savent plus où se poser.
Une centaine de personnes riant, discutant et déambulant dans tous les sens ; la déco vintage ; trois immenses escaliers me faisant penser à ceux du château de Cendrillon ; la hauteur du plafond, qui je pense doit être d'une trentaine de mètres, et j'en passe !
Suis-je à la bonne adresse ? Je vais réellement étudier dans ce royaume ? Cet endroit est majestueux !
D'où le nom ❝The University of Majesty ❞, idiote !
Elsa, ressaisis-toi, bon sang.
Prochaine étape : trouver ma salle de classe. Je relis minutieusement depuis mon smartphone l'e-mail que j'ai reçu hier de la part d'une certaine Annie Fox — comme si je ne connaissais déjà pas cet e-mail par cœur et que je n'avais pas consulté le profil LinkedIn de cette femme une vingtaine de fois.
Ma rentrée se déroulera « au sein de l'amphithéâtre A07, situé au bout du couloir A, au premier étage ».
J'emprunte le gigantesque escalier central jusqu'au premier palier. J'aperçois rapidement la lettre 𝒜 esquissée sur le muret gauche et je prends instinctivement cette direction.
C'est le moment.
Prise d'un élan de courage — qui sort de je ne sais où —, je franchis le seuil et m'introduis dans ce fameux amphithéâtre A07 qui est tout simplement... banal ?
Pas de paillettes, ni de tapis rouge. Juste des sièges et des tables, et quelques étudiants ayant le nez plongé dans leur portable. Quoi qu'il en soit, j'estime avoir eu une dose de waouh-effect suffisante pour aujourd'hui, voire même pour le restant de ma vie...
Je m'installe à la troisième rangée — là où personne n'est encore assis. À peine cinq minutes plus tard, une grande femme blonde entre et se place derrière le pupitre de l'amphi : pas de doutes, c'est Annie Fox, ou plutôt Madame Fox. Cette dernière est vêtue d'un tailleur noir et ses cheveux courts sont soigneusement brossés.
Madame Fox se présente brièvement, elle sera notre assistante pédagogique. Son rôle sera de nous accompagner tout au long de cette année scolaire.
Avant même que j'aie le temps de voyager dans mes pensées, l'ensemble de la salle ainsi que moi-même, sommes interpellés par un individu frappant délicatement à la porte restée entrouverte. Le jeune homme, ayant reçu l'approbation de l'assistante pédagogique, pénètre dans l'amphithéâtre.
Il est grand de taille, il doit faire environ un mètre quatre-vingt-cinq, ou plus. Ses cheveux sont bruns, ondulés et mi-longs, et ses...
Joshua ?!
Ce n'est pas possible. Non, ça ne peut pas être lui !
Je me redresse brutalement sur mon siège.
C'est une putain de blague ?! Non, non, mon cerveau me joue des tours.
Tel une statue, mon corps se pétrifie laissant une sensation de malaise se propager. Mes poings sont serrés, mes dents ne cessent de presser ma lèvre inférieure, et ma gorge se resserre. L'air est si chaud, que je lutte intérieurement pour retrouver une respiration normale.
Non, non, non !
Le garçon s'approche dangereusement de moi.
Cette démarche, je la reconnais...
Son visage n'est qu'à quelques centimètres du mien, lorsqu'il stoppe brutalement sa course. Ces quelques secondes où il plonge son regard émeraude dans le mien me semblent durer une éternité.
Oh non, c'est bel et bien lui.
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Derrière nos mots
RomanceL'amour fait vivre, le harcèlement tue. Mais qu'en est-il lorsque le prince charmant n'est nul autre que l'individu qui a brisé sa vie ? Autrefois victime de harcèlement scolaire, Elsa n'eut d'autre choix que de changer d'établissement pour mettre f...