-- Bien, tu as révisé la liste du prix des précédentes récoltes ? Demanda Lewis en agrippant du regard son employé.
Il s'était légèrement coupé les cheveux et taillé la barbe. Ajouté à cela la veste grise qu'il portait, il avait une allure un peu plus sérieuse.
Franck par contre semblait visiblement aussi épuisé qu'à la veille. En effet, cette soirée-là avait été des plus bouillantes. Entre la musique, la danse et la nourriture, sans exclu les petites causettes ci et là, la cérémonie d'au-revoir de Lewis et ses coéquipiers organisée par ses nouveaux associés, avait été riche en joie mais aussi en épuisement. C'est à juste raison que Franck bâillait toujours vu l'heure tardive à laquelle il avait dû se coucher.
-- Ne me dis pas que tu es encore crevé.
-- Désolé mais, fit Franck en se grattant les yeux. Je disais quoi déjà ? Ah oui, malheureusement la liste est restée chez ma jumelle vu que j'ai passé la nuit avec elle.
-- Tu as dormi avec Zeinabou ? S'étonna Lewis.
-- Oui, elle m'a forcé à me coucher dans sa suite.
-- Ok, alors pourrais-tu me l'envoyer maintenant ?
-- Qui monsieur ?
-- Eh bien la liste. Je dois la signer afin que tu puisses prendre ton mois de congés. As-tu oublié cela ?
-- Non bien-sûr que non. Je reviens, se hâta d'exclamer Franck avant de tourner les talons.
Lewis referma la porte de sa chambre et se mit à prendre son déjeuner. Un gâteau à la fraise accompagné d'une eau pure. Juste cela car il avait vraiment la trouille de l'avion, à chaque fois qu'il y montait, une nausée l'envahissait donc il se devait de manger léger.
Son téléphone s'alluma en émettant quelques bruits voisés. Lewis se dépêcha de l'étouffer en désactivant l'arlame qui s'affichait à l'écran. Attrapant le haut de sa valise roulante, il descendit aux rez-de-chaussée où comme prévu, une voiture l'attendait déjà. Lewis jeta un coup d'œil à son écran et vit qu'il était cinq heures dix minutes. Il appela Benjamin. Ce dernier lui fit comprendre que lui ainsi que Franck et Zeinabou étaient déjà à l'aéroport.
Lewis monta dans la voiture. Au bout de trois secondes, il décida de désactiver le mode avion mit plus tôt dans la soirée, dans le but d'éviter d'être dérangé. Une soirée qui s'était prolongée jusqu'au point de finir à deux heures du matin. Il fut surpris de voir douze appels manqués d'Esther. Douze appels en moins de sept minutes. Cela devrait être vraiment urgent pour qu'elle l'appelle autant à presque vingt deux heures de la veille.
L'homme tenta de joindre sa petite amie mais à chaque reprise, il tombait sur sa messagerie et cela l'inquiétait si bien que les dix minutes passées à rejoindre l'aéroport lui parurent comme une pérennité.Il salua ses employés en leur serrant la main puis ils ne tardèrent pas à prendre place dans l'avion. Lui auprès de Benjamin et les jumeaux ensemble. De temps à autre, on les entendait murmurer, se disputer sur tout et rien puis éclater de rire par la suite. On aurait dit un couple de longues dates.
Zeinabou adorait mettre son frère à rudes épreuves. Le voir confus face à une de ses répliques lui faisait grandement plaisir car ça n'a jamais été facile pour elle de l'emporter sur " monsieur le génie" qu'était son frère. Il avait cette mani de trouver réponse à tout. Solution à tout. Il aimait les maths et ne perdait aucune occasion de faire des calculs. C'était lui l'ordinateur du trio des responsables. Benjamin et Zeinabou se privaient même de calculatrice et allaient toujours solliciter son aide quand il s'agissait de faire des comptes généraux concernant les achats d'engrais puis ils vérifiaient à la machine histoire de corriger les petites erreurs, s'ils y en avaient bien-sûr car pour la plupart du temps, ses calculs étaient exacts.
Franck aimait tellement les calculs qu'il allait même jusqu'à maîtriser le cycle menstruel de sa sœur.Zeinabou se redressa légèrement. Elle balada sa main dans la grande poche de la veste à son frère, minant de chercher sa plaquette de chocolat.
-- EEh mais qu'est-ce que tu fais ?
-- Je cherche mon chocolat. Tu ne l'aurais pas vu par hasard ?
-- Est-ce à ma poche que tu poses la question ?
-- Non c'est à toi que je parle.
-- Alors tu pourrais arrêter de l'étouffer ?
Zeinabou soupira tout en dégageant sa main de la poche à son frère.
-- Tu es trop naze. Tu préfères la poche de ta veste plutôt que les doigts de ta sœur.
-- Même à 25 francs CFA, je suis prêt à te vendre ma sœur.
: Veillez attacher vos ceintures s'il vous plaît, nous traversons une zone de turbulence.
Cette annonce coupa le fil de la discussion entre Franck et sa sœur et à l'instar de tous les passagers présents, ils attachaient leurs ceintures. La zone de turbulence passée, le trajet se fit dans de bonnes conditions, de temps à autre, les hôtesses proposaient de la boisson à leurs passagers mais Lewis ne prêtait pas attention à elles, et encore moins à ce qui pouvait bien se passer autour de lui. Il pensait à Esther.
La dernière fois qu'ils s'étaient parlés, il y a deux jours de cela, elle lui avait dit qu'elle mourait d'envie de le voir.
Peut-être avait-elle une bonne nouvelle à lui annoncer raison pour laquelle elle insista pour le joindre.....ou.... Lewis prit une grande inspiration pour ne plus y penser.Sa vision se stoppa sur les magnifiques nuages qu'il voyait plus loin devant la vitre à côté de lui.
-- Vous n'avez pas l'air d'aller bien monsieur. Lui fit remarquer Benjamin.
Lewis le rassura en lui faisant comprendre que ce n'était rien de grave. Je suis juste un peu pensif ces derniers temps, avait-il dit pour couper la discussion.
Benjamin qui sentit un brin de tristesse dans la voix de son patron conclut que ça devrait être une affaire personnelle qui préoccupait ce dernier. Il s'abstint donc d'insister.
Trente minutes plus tard, ils arrivèrent à Kati. Tous descendirent pour gagner sa concession et c'est ainsi que l'avion se vida progressivement.
Lewis devant, Benjamin ensuite puis Franck et sa sœur, en fil indien, ces quatres là entreprirent eux aussi de rejoindre leurs domiciles mais au moment de quitter l'aéroport que Zeinabou suffoqua étrangement et s'évanouit lourdement sur le carrelage.
-- Zézé !!! Cria Franck en laissant tomber sa valise. Aidez-moi, elle est asthmatique. Il lui faut un inhalateur.

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Désillusionnée
RomanceDans un monde où l'apparence dissimule des ténèbres insoupçonnées, Esther Dembelé court après un bonheur qu'elle estime mérité. Rien ne semblait pouvoir entraver son chemin... jusqu'à ce que l'amour vienne troubler ses affaires. La frontière entre d...