Chapitre ①⑦

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Bonsoir les amis ! ^-^

Pour vous remercier des 100K, je vous poste ce nouveau chapitre assez vite après le précédent ;)


Bonne lecture ~ ♥


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J'ai une théorie.

Elle manque de fond et d'arguments, mais pas de preuves.

Je me regarde dans le miroir en caressant doucement la blessure sur mon front. C'est assez profond. Mais ça donne déjà une croûte. Je la désinfecte et y dépose un pansement propre.

Prenons le plaisir et la douleur et mettons-les sur une balance. Mettons un kilogramme de chaque. La balance, a priori, penchera des deux côtés de manière égale.

Ma théorie est qu'elle penchera quand même davantage du côté de la douleur.

Si l'on pousse le plaisir, le bonheur, l'amour à son apogée, cette apogée serait ridicule face à celle de la douleur, de la haine, du malheur.

Comme je l'ai dit, ça manque d'arguments. Mais les preuves, je les ai.

Le masochisme en chacun de nous se révèle toujours d'une manière ou d'une autre. On en a besoin pour survivre. Se ronger les ongles aide, de fait, à expulser son mal-être mental en mal-être physique, là où le bonheur n'a pas besoin de mutilation pour paraître réel. Il l'est dans le cœur. Et il est souvent illusoire.

Je sais, je ne suis pas très clair.

Je sais que j'ai seulement besoin de vivre. De ressentir. Et jamais, jamais le bonheur ne me fera autant me sentir en vie que la douleur.

Pourquoi est-ce que je continue d'aller chercher ce qu'on dit de moi sur les réseaux sociaux, en sachant très bien ce que je vais trouver ? La logique voudrait que je sois bien plus heureux en désactivant mon compte. Non seulement je ne le fais pas, mais en plus je me crée de la douleur. Je me l'impose volontairement alors que je pourrais l'éviter.

Ce n'est qu'un détail qui, à mon sens, révèle beaucoup.

Tout aussi bien qu'on arrive mieux à créer sous la douleur que le plaisir. Les films tragiques nous marquent davantage que les jolies fins. On dira d'un film triste qu'il est "magnifique", mais l'est-il vraiment si tout le monde meurt ? C'est pourtant ce qu'on pensera.

Un film est magnifique car il nous a fait assez de mal pour se graver à l'intérieur.

On dira d'une musique qu'elle est magnifique elle aussi lorsqu'elle nous peine à en mourir.

Une musique joyeuse, douce, agréable, on dira d'elle qu'elle est géniale, on la jouera dans des moments de bonheur.

Quand la douleur nous submerge, on a tendance à l'empirer. Là où le bonheur, on le vit en attendant sagement qu'il s'éteigne.

Le plaisir est éphémère, la douleur est constante. Seulement, parfois, elle dort un peu. Mais je crois que nous attendons impatiemment le moment où elle se réveillera. C'est de la logique. Nous savons qu'elle le fera, alors on l'attend.

Que dire de nos plaisirs si nous n'avons pas de peines ? Les malheurs sont plus attrayants, plus intriguants, plus parlants. Le bonheur est un ennui à raconter. La douleur est fascinante à écouter.

En ce sens, je crois qu'il m'arrive de jouer la comédie.

Si je n'étais pas au fond de l'Océan, qu'est-ce que je ferais à la surface ? M'aveugler à fixer le ciel bleuté ? Ça ne sert à rien, ou alors à la seule condition qu'on me promette de me tirer vers le fond de nouveau.

Océan [édité chez SLALOM]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant