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Un clown au bord du vide. C'est ironique n'est-ce pas ? Du haut de cet immeuble sale et délabré, il contemple le vide. Son maquillage grossier peint encore sur son visage un sourire qui pourrait être rayonnant. Les cheveux verdâtres, en bataille du jeune homme, complètent assez bien son costume.

Seulement, sous ses couches de maquillages, le clown ne sourit pas. Il a l'impression qu'il ne sourira plus jamais. Et c'est peut-être vrai, qui sait ? Son cœur bat encore, mais tout doucement, comme s'il ne voulait pas se faire remarquer.

Personne ne peut comprendre ce qu'il a, à part éventuellement lui-même, avec un peu de temps. Mais du temps, il n'en a plus, où plutôt, il ne veut plus en avoir. À quelques mètres d'une chute mortelle, il s'avance d'un pas, puis deux, lentement. Et ses pensées tourbillonnent. À quelques secondes d'une chute mortelle.

Le jeune homme n'est plus capable de réfléchir correctement, mais ça, ça ne date pas d'hier. Il aurait aimé que sa vie repasse devant ses yeux, avant de mourir, comme dans les films... Ça l'aurait peut-être convaincu de renoncer ?

Quelques secondes plus loin, il inspire profondément. Plus qu'un pas.

« Nan je peux pas écrire ça. »

Rien à faire, il n'arrive pas à écrire cette histoire. Assis à son bureau, l'écrivain froisse rageusement sa feuille, frustré. Il a beau se répéter encore et encore qu'il est un gagnant et qu'un gagnant peut tout faire, rien n'y fait.

C'est pourtant simple, le personnage déprime, il se suicide et paf, fin de l'histoire. Sauf que non, il n'y parvient tout simplement pas.

Ça le démange, il meurt d'envie de finir par une connerie du genre 'il vécut heureux et eut beaucoup d'enfant'.

À présent, allongé dans son lit, Katsuki réfléchit. La nuit est tombée depuis longtemps, mais il fixe le plafond, le regard vidé. Il connait parfaitement son personnage, il l'a créé de toute pièce. Izuku est gentil, trop gentil, il fait passer le bonheur des autres avant le sien. À force de trop se consacrer aux autres, on finit par en mourir, c'est évident. Mais Izuku le sait, il est intelligent. Et pourtant il ne s'arrête pas, jusqu'au point final.

Point final que Katsuki n'arrive pas à écrire.

Pourtant, Izuku n'est qu'un personnage comme il en a inventé tant d'autres, c'est pas censé être si compliqué !

Machinalement, Katsuki avale un somnifère. Il a un planning très strict et l'insomnie n'est pas une option.

Mort par AmourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant