2/Connaissance

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Le week-end écoulé, Livaï avait entamé sa première semaine la veille. Ce matin, mardi, il entra au lycée pour dix heures et croisa Erwin aux caisers. Le premier cours de géopolitique n'avait pas encore commencé qu'il croisait déjà le blond. Apparemment leurs casiers étaient proches, ceci dit il ne parla que pour dire bonjour. Rapidement Livaï ouvrit son casier pour prendre son manuel et le referma aussitôt. De peur de rater l'occasion de faire le chemin avec lui, Erwin s'empressa de parler.

- Tu sais dans quelle salle on est ?

Livaï s'arrêta dans son élan et lui répondit "E15". Alors, après un bruit de fracas venant du casier, le plus grand proposa de s'y rendre à deux.

Arrivés dans la salle, Livaï s'installa une rangée avant le fond, la place la plus proche de la fenêtre pour rêvasser en cas d'ennui. Dans une hésitation qui passait inaperçue, Erwin se rapprocha de son camarade en priant pour qu'il accepte d'être son voisin.

- Je peux ? demanda-t-il en désignant la chaise.

Une joie désagréable faisait surface chez Livaï, qui comprit sans aucun doute qu'il s'attachait à la compagnie d'Erwin. Son camarade s'était montré amical avec lui depuis la rentrée, et cela signifiait beaucoup pour Livaï. Refoulant cette joie niaise et inutile, il accorda sa demande et sortit le nécessaire. Écouteurs aux oreilles il attendit la sonnerie, et, vu d'extérieur, il ne fit pas trop attention à son voisin, préférant rester dans le calme. Or, au fond de lui, il se demandait si Erwin souhaitait engager une conversation, si cela le mettait mal à l'aise qu'il ne lui parle pas ou bien si il regrettait déjà de s'être installé à côté de lui. Une angoisse particulière naissait quelque part en lui, le faisant sentir mal. Toutes ces pensées lui étaient insupportables, alors pour faire cesser cette cacophonie il prit la parole.

- T'as eu SES hier matin, c'est ça ?

- Oui c'est ça.

- C'était bien ?

- Franchement oui, j'ai adoré. J'ai le même prof que l'année dernière, j'adore ses cours. On a travaillé sur les marchés concurrentiels.

- Ça a l'air de te plaire à ce que je vois.

Ce n'était pas une matière passionnante pour Livaï, mais à entendre Erwin, cela semblait fantastique. On aurait presque pu y voir des astres briller dans ses pupilles. C'était agréable de voir quelqu'un aussi investi, cela le mit même de bonne humeur. Sans réellement connaître Erwin, le voir heureux le rendait heureux.

- Et toi la philo, c'était bien ? demanda Erwin en retour.

- Oui ça été, ça a l'air sympa. On a parlé du pouvoir de la parole, c'était intéressant.

- Tant mieux, j'espère que ça te plaira le long de l'année.

- J'espère aussi.

Erwin n'était pas particulièrement intéressé par cette matière, surtout qu'il allait devoir l'affronter en terminale, mais Livaï semblait avoir apprécié. Il en était donc ravi pour lui. Au passage, il se disait que c'était agréable d'avoir un voisin calme. Erwin était attentif durant les cours et savoir que Livaï n'était pas du genre à jacasser pendant deux heures le rassurait et le faisait sentir bien. Cela le peinait parfois de devoir demander à la personne de se taire car il ne pouvait pas écouter correctement. Le professeur interrompit ses pensées, surprenant les camarades par sa jeunesse. Tout deux l'avaient imaginé plus âgé, mais il semblait jeune et souriant. À peine arrivé avait-il fait une blague, les faisant sourire.

Une heure était passée et la pause s'annonçait à travers la sonnerie. Sans hésiter Livaï se pencha pour sortir son téléphone, et de manière opposée, Erwin en profita pour sortir son carnet de révisions. Dès la première heure, le cours avait été riche de connaissances malgré le temps utilisé pour les présentations habituelles de la matière, il était préférable de commencer à faire des fiches maintenant.

Nous étions différents Où les histoires vivent. Découvrez maintenant