« Je vis de grands champs d'hiver couverts d'oiseaux morts. Leurs ailes raidies traçaient à l'infini d'indéchiffrables sillons. Ce fut la nuit. J'étais entré dans la province des jardins statuaires »
Nous étions arrivés dans la contrée des jardins statuaires, région étrange où il faisait toujours nuit. Le ciel était d'un noir d'encre, perturbé seulement par quelque point blanc. Je remarquais qu'ici, les étoiles ne scintillaient pas. Elles se tenaient là, statiques, séparées par de bien trop grande étendue de vide.
J'avais entendu une légende de ces terres, qui racontait que si l'on scrutait trop longtemps ce ciel, on finissait par s'y voir.
Je préférais ne pas essayer.
En vérité, si j'avais entrepris ce voyage, c'était pour me divertir de moi-même. Il me semblait avoir tout essayé pour réparer mon mal-être éternel, mais rien n'y faisait. Je ne pouvais m'échapper de ma propre prison qu'en étant dans un lieu étranger, accaparant mes yeux qui ne regardaient plus vers l'intérieur.
J'étais affligé d'une maladie ne portant de nom. Sans le souhaiter, j'avais l'impression de mourir tous les jours. Par crise, mon souffle était court, mon cœur palpitant, ma vision, trouble. Aucun médecin ne pouvait le guérir et déclarait que c'était un problème de l'âme, pas du corps. Je devais donc vivre avec et m'en occuper seul. Je n'y arrivais pas.
J'avais besoin de voir de l'extraordinaire, c'était un des seuls moyens de me sortir de ma torpeur. J'avais donc choisi les jardins statuaires, dont on m'avait conté la beauté. Il n'y avait que ça qui me réjouissait encore : La beauté.
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Les jardins statuaires
Short Story« Je vis de grands champs d'hiver couverts d'oiseaux morts. Leurs ailes raidies traçaient à l'infini d'indéchiffrables sillons. Ce fut la nuit. J'étais entré dans la province des jardins statuaires » Reprise du livre de Jacques Abeille