To my beloved brother

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[Contexte: Kaeya est le frère adoptif de Diluc. Son père l'a confié à Crepus, le père de Diluc et l'a chargé d'une mission : celle d'espionner la ville de Mondstadt pour la solde de Kaenri'ah, son pays natale. 

+ La mort de l'après-midi est le cocktail préféré de Kaeya ]

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« Est-ce que maître Diluc va bien ?

-J'ai entendu dire qu'il ne s'était même pas présenté aux funérailles...

-Revenir aussi rapidement après ce qu'il s'est passé, c'est admirable...

-Il aurait dû prendre un peu plus de temps pour faire son deuil. »

Le jeune barman écoutait d'une oreille les spéculations à son sujet. Un verre dans une main et un chiffon dans l'autre, il essuyait inlassablement le même verre depuis quelques minutes déjà. Tout semblait normal ce jour-là. Les discussions allaient bon train, les clients s'enchaînaient et Diluc les servait les uns après les autres, imperturbable. Et pourtant, malgré le brouhaha habituel du Cadeau de l'Ange, on percevait en tendant l'oreille, un silence lui, inhabituel et pesant, qui ébranlait Diluc de tout son être.

Kaeya était tombé au combat.

Kaeya était tombé au combat tout comme son père.

Kaeya était tombé au combat et il n'avait rien pu faire.

Cette pensée le hantait. Il avait été aux premières loges de sa chute, impuissant, paralysé par sa propre colère. Sa route avait de nouveau croisé cet immense dragon aussi noir qu'une nuit sans étoile qui avait pris son père six ans auparavant. Son sang s'était alors mis à bouillir et, aveuglé par sa haine qui le consumait depuis ces si longues années, il s'était bêtement jeté sur la bête. Kaeya l'avait sauvé d'une mort certaine en s'interposant au moment fatidique. Si seulement, s'il avait seulement écouté Jean, Amber ou encore Aether. Kaeya serait sûrement encore là, avachi sur son bar, avec son petit sourire narquois à consommer son énième mort de l'après midi.

Kaeya était mort à ses pieds.

Un bruit de verre se brisant résonna dans la taverne. Un silence lourd engloba la pièce et Diluc sentit un liquide chaud couler le long de sa main. Cette dernière tomba lourdement le long de son corps au rythme instable de sa poitrine. Le regard vague, il rejouait la scène. Il voyait encore le corps de Kaeya qui s'écroulait avec cet éternel rictus. Il entendit encore son dernier souffle lui échapper et sa voix grave prononcer son prénom. Ses entrailles se serrèrent et il sentit toute sa peine remonter à une vitesse fulgurante pour tenter de s'échapper. Son frère était mort sans qu'ils ne puissent se parler une dernière fois. Il l'avait quitté et n'avait laissé que des questions sans réponse derrière lui. Ainsi qu'un Diluc, anéanti.

"Pourquoi ?"

C'était bien la question qui le tourmentait le plus. Après la mort de son père, Kaeya et lui était devenu de parfaits inconnus, alors, pourquoi avoir offert sa vie pour la sienne lors de cet affrontement joué d'avance ?

« Diluc. Diluc ! »

Le jeune maître du domaine de l'Aurore sursauta. Lui qui d'habitude semblait si imperturable leva des yeux perdus vers la jeune femme face à lui. Perdu dans ce cauchemar sans fin, il n'avait même pas entendu la porte s'ouvrir sur Jean, la Grande Maîtresse suppléante de l'ordre de Favonius et ancienne supérieure de Kaeya. Cette dernière tenait dans sa main une lettre fermée par le cachet des chevaliers de l'ordre. Elle la tendit au barman et de sa voix douce, souffla :

To my beloved brotherOù les histoires vivent. Découvrez maintenant