Prologue

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Je m'appelle Adélina, j'ai 19 ans et je suis censée hériter de 659 personnes et 87 hectares de terres en haute montagne (ce qui fait de moi un Ange, l'héritier.e d'un Clan), tout en les partageant avec ma sœur jumelle Adélaïde. Le monde dans lequel je vis est divisé en 6 Clans : le Clan de la Montagne, le Clan de l'Eau, le Clan du Feu, le Clan de la Nuit, le Clan de la Forêt et le Clan des Glaces Éternelles, celui dont je suis sur le point d'hériter.

Aujourd'hui, c'est l'enterrement de mon père. Je ne suis ni triste, ni dévastée. Honnêtement, je suis même totalement indifférente à la mort de mon géniteur, et je ne trouve pas la moindre raison pour qu'il en soit autrement. Mais je vais devoir me faire violence et faire semblant de regretter mon paternel. En revanche, ma sœur Adélaïde, elle, n'arrive plus à s'arrêter de pleurer. Il faut avouer que nous n'avons pas du tout eu la même enfance. Je commence donc à me préparer pour les obsèques. J'enfile rapidement ma robe noire, et me coiffe de mon voile sombre qui cache mes cheveux roux. [Les dirigeants de tous les Clans devraient venir assister aux funérailles. Il va donc falloir que je fasse bonne impression à la fois au peuple en ayant l'air triste, et aux autres chefs de Clan, en m'affichant comme une figure forte d'esprit].Lorsqu'enfin, je quitte ma chambre, je tombe nez-à-nez avec Adélaïde qui me demande en hoquetant : "Tu... Tu n'aurais p...pas vu mes souliers ? - Non, pas du tout..." Mens-je effrontément (C'est moi qui les lui ai volés). "Où les as-tu vus pour la dernière fois ? - Lorsque je les ai reçus...- Va voir dans la boîte, alors !"Elle partit chercher ses chaussures. Débarrassée de ma sœur pour au moins un quart d'heure, j'en profite pour relire mon discours.
"C'était un Roy, un chef, mais aussi et surtout un père. Il n'était peut être pas toujours la où on l'attendait, voire complètement absent, mais nous l'aimions, quoi qu'il arrive, car... nous sommes une famille, liée par le sang.Il était égoïste, parfois violent, agressif. Mais il était avant tout courageux, aimant, généreux, soucieux de l'éducation et du bien-être de ses enfants. Tous ces défauts et surtout toutes ces qualités faisaient de lui ce qu'il était, qui il était, le Roy Bartholomé IV."Des applaudissements retentissent. Je ne sais pas pourquoi... Mon discours n'était pas si exceptionnel. Je salue mon peuple d'un signe de tête et retourne m'asseoir pour laisser place à ma sœur. Son discours fait l'éloge de notre père du premier au dernier mot qu'elle prononce. Lorsqu'ELLE a terminé, la réaction n'est pas exactement la même. Je crois que le peuple n'aimait pas trop leur ancien Roy. Alors l'entendre décrit comme quelqu'un de parfait n'a pas dû leur plaire.
Je rentre dans ma chambre, exténuée. J'ai dû passer plus de 5 heures à l'extérieur de l'enceinte du palais. Ça ne m'était pas arrivé depuis... depuis l'événement. Quand j'ouvre la porte, Adélaïde m'y attend, sa paire de souliers en main. "Alors, tu a fini par les retrouver, tes chaussures !" lui dit-je."Ad, tu sais que je t'aime, commence-t-elle calmement. Waw, ça va faire 15 ans qu'elle ne m'a pas appelée Ad ! - Si tu le dis, je réponds.- POURQUOI TU M'AS VOLÉ MES BOTTINES !!!? Je sursaute, surprise par cet accès de colère, mais je ne riposte pas. Elle continue :" C'ÉTAIT L'ENTERREMENT DE PAPA, AUJOURD'HUI !!! T'AURAIS PU FAIRE UN EFFORT POUR NE RIEN ME VOLER, QUAND MÊME !!! PUTAIN, TU SAIS QUE C'EST DIFFICILE POUR MOI EN CE MOMENT !!!- Parce que toi, t'as fait des efforts quand c'était difficile pour moi ? T'as à peine caché ta joie quand...quand..." Incapable de continuer ma phrase, je sors avec précipitation. Je sors du Château et marche dans les jardins pour me calmer. Comme souvent, mes pas me guident naturellement vers la plage. Je m'assieds sur les galets. Enfin seule, je m'autorise à laisser couler les larmes qui n'attendent que ça depuis de longues minutes. Un flot de pensées ininterrompu assaillent soudain mon esprit. Je n'en peux plus. Je n'en peux plus de ma sœur, je n'en peux plus de ma situation, je n'en peux plus de ma vie. Je ne veux pas être Reine, mais je veux encore moins laisser le peuple à un tyran de plus. Je suis tellement, tellement confuse. Je ne sais plus quoi faire. Alors je me lève, et ne pensant plus à rien, je retourne dans ma chambre. Lorsque j'arrive, Adélaïde est encore à l'intérieur. En train de dévaster ma chambre. À partir de là, je ne me contrôle plus. Je l'attrape par les cheveux et la tire hors de la pièce. Elle crie et se débat, me griffant et me frappant partout. Mais aujourd'hui, maintenant, je suis totalement insensible à sa colère, aveuglée par la mienne."N'entre plus JAMAIS dans ma chambre. C'est clair ?" je siffle à son oreille. Au lieu de me répondre, elle hurle de plus belle :"Tu le regretteras ! Je te promets que tu le regretteras !"

Même les Anges peuvent faillirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant