Premier chapitre : Le réveil

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Je me réveille, encore une fois. À nouveau, le soleil s'est levé. À nouveau, la lune s'est couchée. Le monde d'hier n'est plus. Ce qui était alors le futur est le présent. Encore un jour, un autre. Encore une nuit tourmentée par ces sombres rêves. Cette noirceur qui s'intensifie de jour en jour, qui englobe ce monde, qui m'englobe. Cette noirceur qui m'attrape et de laquelle je ne peux m'échapper. Cette noirceur, cet abime dans lequel je plonge chaque nuit. Avant que la lueur ne pointe le bout de son nez. Mais... Elle était différente cette fois-ci, plus lumineuse, plus puissante, peut-être la force du désespoir. Alors que je me redresse sur mes quatre pattes, je soupire. Ce fardeau qui est le mien, je le porte pour une journée supplémentaire, et encore une autre et encore, et le même schéma se répète chaque jour. Je me mets à marcher en direction d'une forêt. Une forêt qui déborde de magie, de mystère, d'inconnu. C'était il y a très précisément 237 ans, la dernière fois que je m'y suis rendu. J'en avais fait la dernière étape du voyage, du 17ᵉ voyage. Aujourd'hui, c'est le 19ᵉ voyage. Encore une fois, j'y vais seul. Elles ont beau être bienveillante, les félémudes restent méfiantes. Bien sûr, l'une de mes nombreuses connaissances m'a amené ici depuis Magrit. Mais je lui refuse toujours la permission de me suivre.

Je ressasse, je ressasse, mais ce n'est pas avec ça que je vais bien me sentir. J'ai beau être le Gardien de l'Oubli, le Protecteur des Portes des Arcanes, je n'en ai pour autant pas oublié le principal : vivre. Allez, prépare-toi, tu les connais, elles vont encore faire une ou deux farces, qui vont durer plus ou moins longtemps. Ensuite, tu vas pouvoir leur parler sérieusement. Le vent glisse alors sur mon corps. Je cours, enfin, je galope et j'atteins rapidement l'orée de la forêt. Avant d'entrer, d'y entrer où le soleil pointe difficilement le bout de son nez, je l'observe. Je dois être réveillé depuis 35 minutes et il doit être 10 heures. À peine ma patte avant gauche posé dans la forêt, j'entends leurs rires. Un rire lointain et très aigu qui arrive jusqu'à mes oreilles. Je marche tranquillement en observant tous les recoins. Elles se cachent, pourtant elles me connaissent, mais c'est leur nature. Plus j'avance, plus j'en remarque. Au moment où je m'y attends le moins, l'une d'elle se pose sur mon nez. Autour d'elle, d'autres fées s'approchent. Je les reconnais toutes, à part une seule, une nouvelle née.

??? – Olareï Inou ! Adyre ito ! Hatch !

Sa rapidité m'impressionne. En un claquement de griffe, je me transforme en chat. Un autre félin certes, mais terriblement plus petit que ce à quoi je suis habitué. Et de 35, 35ᵉ fois que l'une d'elles me transforment en chat. N'en ont-elles pas marre ? Pourquoi ne pas changer de farce ? Enfin... Je joue le jeu et continue de marcher, cette fois-ci en sautant sur une branche puis une autre et ainsi de suite. J'essaie d'imiter le chat, de faire ce que je peux. Le stratagème fonctionne et je les vois rire. Après cinq minutes, j'arrive dans un lieu pour le moins étrange. La féérie, c'est le cas de le dire, transpire les lieus. Des centaines de fées vire voltent dans ce petit bosquet où se côtoient des grands arbres, des arbrisseaux, des champignons géants. Au milieu du bosquet, trône majestueusement Yggdrasil, l'arbre vie. Bien plus imposant que n'importe quel autre arbre, son importance est capitale. C'est ici que les fées naissent et se soignent. C'est ici que le lien avec la nature s'établi réellement. À son pied, je vois comme toujours, les mêmes champignons rouges à pois blanc, leur maison. Les mêmes trois cours d'eau traversent le bosquet, et sur son lit, des plantes bioluminescentes sont visibles. Rien à changer, comme d'habitude...

??? – Tigre Blanc ! Tu nous as bien fait rire !

La même petite fée de tout à l'heure s'approche de moi. Après avoir tournoyé au-dessus de moi et prononcer un plutôt bruyant Onn, je retrouve ma taille et forme normale. Heureusement, j'avais fait quelques pas pour ne pas concrètement rentrer dans le village, ma vraie taille est bien trop imposante.

Reij'a – Merci bien, Il Ouïn. Encore une fois, je remercie Elucia de m'accueillir parmi vous. De m'accorder ces divines farces. Et surtout, de m'apporter votre présence.

J'accompagne ces paroles d'une légère inclinaison, en signe de respect. Plusieurs fées s'approchent de moi et me parlent. À chaque fois, elles me posent des centaines de questions sur le monde extérieur, ma vie, mes voyages, mes rencontres et surtout, surtout, les farces que j'ai pu faire. Je me dirige doucement pendant ces conversations vers une habitation un peu à l'écart. Petit à petit, les fées me laissent et, devant un champignon au pied d'un petit arbre, je m'assois. Alors, avec l'une de mes griffes de la patte droite, je toque à la porte. À peine le temps de la reposer, une fée en sort. Cheveux et ailes violets tirant sur le noir, longue robe noire qui s'ouvre sur les bras et les jambes, yeux violets perçants, sourire en coin, pas de doute, il s'agit bien d'elle.

??? – Mon Ilaberassan ! Comme je suis contente de te revoir !

Pour manifester sa joie, elle fait un tour sur elle-même au-dessus de mon nez.

Reij'a – Feo Ul ! Ma Leranan, tu ne peux pas être plus heureuse que moi. Voir tes ailes noires, teintées de violet, battrent l'air, me remplit d'une joie, bien trop rare en ce monde. Mais dis-moi...

Feo Ul – Oh mon Reij'a.... Mon Ilaberassan... Mon Olareï Inou... Comme je suis las de cet endroit... Chaque jour qui passe me rappelle que nous sommes enfermés ici, sous la canopée de l'arbre vie. Et je ne compte plus le nombre de jours que j'ai passé à attendre, que j'ai passé à t'attendre. Toi qui, dans les traces que tu laisses, dans la silhouette qui te suit partout, dans tes joies et tes peines, dans ta colère et ta bienveillance, nous abreuves de ton savoir et de ton récit. Mais écoute, écoute le murmure de la douce forêt qui cri. Mes sœurs ne veulent de toi que tes farces et blagues. Rare sont celles qui préfèrent tes histoires... Je t'en supplie... Je n'en peux plus... Emmène-moi sur ton dos ! Allons découvrir ce monde. Juste pour instant ! Uniquement pour un battement d'aile, un bâtiment de vie ! Fais-moi ressentir ce luxe que tu as, fais-moi gouter à ce luxe que je n'ai pas, celui de voyagé ! Sors-moi de ce monde que je ne supporte plus !

Je reste devant elle sans rien dire. Ses mots m'ont marqué. Ses phrases m'ont choqué. Certes, Feo Ul a toujours été différente de ces congénères. D'une part, elle n'est pas une fée élémentaire, sa maîtrise du neuvième cercle, dépasse largement celle des autres, mais aussi... Elle rêvait plus que tous de voir ce monde, de le connaitre sur le bout des doigts. D'aussi loin que je me souvienne, elle l'a toujours étudié, cherchant sans cesse des nouvelles informations. Mais je ne pensais pas que ça irait jusqu'à une profonde volonté de quitter sa forêt. Je ne prétends pas connaitre toutes les fées, d'autant plus qu'elles sont réticentes à partager leurs histoires, mais jamais aucune n'avait voulu quitter sa forêt. Mais soit, je ne l'en empêcherai pas. Je lui tourne alors le dos, pour le lui présenter et l'inviter à monter.

Reij'a – Accroche-toi !

Sa réponse ne se fait pas attendre, et dès que je la sais bien accrochée, je commence à me faufiler au milieu des bois. Je ne les connais pas aussi bien que les fées, mais j'en garde un bon souvenir. Pendant cette course, aucun de nous deux n'a décroché de mot, seul le vent qui soufflait dans nos oreilles nous tint compagnie. Après environ 10 minutes à voyager, je m'arrête et reste debout, face à la lisière de la forêt. De ce que je connais de Feo Ul, elle ne l'a jamais quitté. Alors, j'attends. J'attends un signal de sa part, un signe, une parole, un geste. Quelque chose qui me permettrait de savoir si je dois avancer ou reculer.

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Salut à tous !

Voici le premier chapitre d'une histoire OS de notre univers partagé avec NewDiamondsYT ! D'ailleurs, c'est à lui qu'on doit la couverture. Il s'agit de Feo Ul en personne, pour retrouver le dessin go sur son insta drawandplays.

En espérant que le premier chapitre vous aies plu évidement.

Préparez-vous à plus d'histoires en double point de vue avec ND dns l'univers d'Hu'Haana !

Arlathan aka Endaranna

Ilaberassan et Leranan - Hu'HaanaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant