Partie 1 - Le départ

6 1 0
                                    

Il était une fois, bien loin d'ici, un pauvre veuf prénommé Flynn qui élevait seul ses deux enfants. Ce soir-là, comme tous les autres soirs, Willy et sa petite sœur, la jolie Briana, écoutaient, fascinés, l'histoire que leur contait leur père. Celui-ci ne tarissait jamais d'anecdotes féeriques sur les lucioles qui voletaient jadis en grand nombre dans le village.

Perdu au milieu de la forêt, baigné d'une brume fraîche que le vent ne dissipait jamais, le village de Lumëgard n'avait plus accueilli de lucioles depuis près d'un demi-siècle

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

Perdu au milieu de la forêt, baigné d'une brume fraîche que le vent ne dissipait jamais, le village de Lumëgard n'avait plus accueilli de lucioles depuis près d'un demi-siècle. Depuis ce terrible tremblement de terre. Ses puissantes secousses avaient ravagé la région, et la source chaude de Lagvana s'était tarie. Peu de temps après, le saule majestueux qui poussait à son bord s'était, lui aussi, éteint. Hélas, c'était lui qui abritait ces jolies créatures. Lorsqu'il ne fut plus qu'un squelettique arbre sec, toutes quittèrent la forêt, et on ne les y vit plus jamais.

Le jeune et téméraire Willy se l'était promis : un jour, quand il serait grand, il trouverait un moyen de ramener les lucioles à Lumëgard. Car, si Willy s'était toujours appliqué à rendre service à ses congénères, il souhaitait plus que tout pouvoir offrir à Briana le merveilleux spectacle de ces ballets lumineux. La fillette rêvait de tout son cœur de voir ces jolies créatures, mais elle savait que ce rêve serait difficilement réalisable. Car Briana n'était pas une petite sœur comme les autres : elle souffrait d'un mal inconnu qui la handicapait lourdement et la fièvre ne la quittait jamais. Elle ne pourrait jamais voyager, et elle ne verrait jamais les lucioles si elles ne venaient pas à elle.

Arriva le jour de la visite de Jerion, le vieux mire. Un savant médecin qui offrait ses bons soins à Briana en échange d'un simple bol de soupe. Willy vouait une grande admiration à cet homme bon et généreux, et il lui avait déjà fait part de son désir de pouvoir, lui aussi, soigner les gens lorsqu'il atteindrait l'âge adulte. De fait, le vieil homme prenait-il toujours le temps de détailler au jeune garçon tous les traitements qu'il appliquait pour soulager sa petite sœur.

Mais ce jour, le mire apporta de tristes nouvelles. La maladie de la fillette s'aggravait et, dans quelques semaines, ses rêves s'éteindraient avec elle. Willy et son père pleurèrent toutes les larmes de leurs corps. Pourquoi la vie était-elle si cruelle avec cette pauvre enfant ?

— Père ? avait-elle demandé. Penses-tu que, là où j'irai, je pourrai voir des lucioles ?

La question de la fillette bouleversa le jeune Willy. Il réalisa qu'il ne lui restait que peu de temps pour exaucer le vœu de sa sœur ; il devait se hâter. Sa décision était prise : il quitterait son domicile avant le lever du jour et partirait en quête des lucioles disparues.

Cette nuit-là, le jeune garçon fourra quelques vêtements et un couteau dans un baluchon et attendit que les premières lueurs du soleil apparaissent à l'horizon. Lorsqu'il vit la brume se teinter d'or, il sortit discrètement de la maison et courut jusqu'à la sortie du village.

En laissant derrière lui la dernière ferme, il se rendit compte qu'il ne s'était jamais tant éloigné de chez lui. En réalité, Willy ne connaissait le monde que d'après les récits qu'il en avait entendus, et il n'avait aucune idée de son immensité ni des dangers qui le peuplaient. Où aller à présent ? Qui pourrait savoir où chercher des lucioles ? Il avait espéré que la chance guiderait ses pas, mais nulle direction ne s'imposait à lui. Il suivit donc son instinct et emprunta un chemin qui sillonnait la forêt, contournant arbres et rochers. Il passa plusieurs ponts qui enjambaient des rivières et des cours d'eau bien plus grands que les petits ruisseaux qui coulaient près de son village.

Le Conte du Saule aux LuciolesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant