Partie 2 - Dans la forêt de Sylvelade

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Les bois de Sylvelade couraient à la base de la chaîne de montagnes. Le vieux Jerion avait indiqué à Willy que, pour trouver le village dans les arbres, il lui faudrait se rendre au sud de ces reliefs, à la lisière de la lande et de la forêt. Il l'avait averti des dangers de son périple, et que plusieurs jours lui seraient nécessaires pour gagner sa destination. Mais le but que s'était fixé le garçonnet le galvanisait. Le désir d'aider sa petite sœur à réaliser son rêve était plus fort que tout. Plus fort que la peur elle-même, plus fort que la fatigue, que la faim, la soif et le froid réunis.

Willy ne savait plus depuis combien de temps il était parti, mais cela faisait plusieurs jours que ses vivres étaient épuisés. Que lui importait ! Il approchait du but. La végétation changeait à mesure qu'il avançait. Les pins et les épicéas cédaient petit à petit leur place à des chênes et des hêtres. Les odeurs qui émanaient des sous-bois étaient de moins en moins tourbées, et celle de l'herbe humide les remplaçait. La brume stagnante du village de Lumëgard semblait si loin à présent que le regard du garçonnet se perdait dans les méandres verdoyants de la forêt de Sylvelade.

Alors il les aperçut enfin : les cabanes du village dans les arbres ! Des dizaines et des dizaines de jolies petites cahutes tout en rondeurs comme suspendues plusieurs pas au-dessus du sol. Des passerelles, faites de planches et de cordages, reliaient les maisonnettes, et des échelles, tantôt de cordes, tantôt de bois, permettaient d'accéder aux habitations. Willy levait des yeux émerveillés vers ces bâtisses incroyables. Lui qui avait toujours adoré se construire des cabanes, il lui semblait être au paradis !

 Lui qui avait toujours adoré se construire des cabanes, il lui semblait être au paradis !

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Mais quelque chose clochait en ces lieux. Quelque chose qui n'avait pas frappé Willy à son arrivée, trop heureux d'avoir atteint sa destination, bien trop ébahi par la découverte de ce village aux constructions singulières : l'endroit semblait désert. Pas âme qui vive.

La joie qu'avait ressentie le jeune garçon se dissipa si vite qu'elle laissa en lui un vide béant. Cela faisait tant de temps qu'il marchait, seul, dans cette immense forêt. En vain. À bout de force, le petit Willy s'écroula. Ses genoux fatigués heurtèrent le sol humide, et il sentit son esprit vaciller : où, à présent, pourrait-il obtenir de l'aide pour trouver et ramener des lucioles à Lumëgard ? Le doute s'installa avec une telle violence que le garçonnet crut voir un voile sombre se déployer devant ses yeux.

Soudain, il perçut des bruits de pas foulant le sol non loin de lui. Son cœur fit un bond dans sa poitrine : et si c'était quelqu'un du village qui revenait ? Mais ce pourrait tout aussi bien être un vil brigand, cruel et sans scrupules. Willy n'osait tourner ses yeux vers l'origine du bruit. Tout son corps se mit à trembler, à la fois de peur et d'épuisement, sans doute. Il entendait les pas se rapprocher. Tout à coup, une étrange silhouette entra dans son champ de vision. Une créature qui portait d'immenses cornes semblables à des bois aplatis : c'était un élan.

Willy n'en avait encore jamais vu en dehors des illustrations grossières qu'il avait trouvées, gravées dans la roche près du village. À la fois déçu et soulagé, le jeune garçon tenta de se relever. Mais il était épuisé et ses muscles ne le portaient plus. Intrigué, l'élan s'approcha du garçonnet, le sondant de son regard profond.

Le Conte du Saule aux LuciolesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant