let the wind tell you.

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Une lettre s'écrit là, au fond de son coeur, discrètement dans le vent qui s'embrase en haut des montagnes. La plume signe comme une brise à l'encre de ses sentiments les plus profonds, derrière les souvenirs nébuleux, sous le regard du soleil venant se mourir à l'horizon.
Une lettre où les mots ne se mêlent pas, se perdent dans le silence qui réside en maître sur le monde. Au delà même du temps, au delà des cieux qui regardent sa pauvre silhouette, seule, égarée dans l'immensité de cet univers insignifiant. Il se tient debout, simplement, les cheveux emportés par le vent, le corps encore bien trop lourd pour voler. Il s'écroule peu à peu dans un gouffre sans fin, sans sortie, les yeux fermés pour se laisser tomber sans regrets.

Un soupir, imperceptible. Il n'exprime que du vide, sans joie ni peine, que sont les sentiments qui résident dans sa poitrine? Est-ce humain, de se sentir comme ça, se sentir si indéchiffrable?

Doucement, il s'allonge au sol, le dos calé contre la roche chauffée par le soleil brûlant en journée. Ça fait sans aucun doute quelques heures qu'il est là, ses yeux d'or dans le vague à contempler les années qui sont passées sans avoir pris le temps de s'autoriser une pause. De s'installer là, tranquillement, et de profiter de l'infinité de l'instant. Les nuages qui se font bercer par le souffle du vent, l'herbe qui caresse son cou, sa mâchoire, entendre l'eau qui coule non loin de lui, puis le silence. Sans personne pour le déranger, personne pour l'empêcher de penser.

«Gnh.. hop là..!»

Une petite figure grimpe la falaise à quelque mètres de son corps allongé, et ses yeux ambrés se pose sur la jeune fille qui a finalement débarqué dans sa cachette silencieuse. Elle marmonne quelques mots inaudibles, la fatigue de l'effort décorant son visage de poupon, haletante mais sans se laisser abattre malgré ses muscles endoloris. Elle relève le regard, déterminée, avant de tomber sur celui du jeune homme qui s'est redressé pour la dévisager.

«Oh..»

Le garçon tente de chercher quelques mots à dire au fond de sa gorge, car les mots sont durs à exprimer lorsque la solitude est ce qui l'accompagne au quotidien. Il sait qui elle est, la petite Qiqi. Mais celle ci n'a pas cette crainte à venir communiquer, elle, étrangement. Elle n'a pas la moindre hésitation lorsqu'elle repart aussitôt de son effort rejoindre les côtés du plus âgé qui lui reste sans voix. Elle s'assied sans rien dire, les jambes tendues devant elle qu'elle gigote alors qu'elle prend plaisir à arracher l'herbe de ses mains.

«Dites euh.. monsieur?

— Hm?

— Vous sauriez où trouver une coco chèvre?»

Qiqi demande de sa petite voix calme, mais ses yeux pétillants d'espoir trahissent son excitation. Les grandes personnes, elles savent tout, alors son cœur ne peut s'empêcher de rêver d'enfin rencontrer une coco chèvre.

«Je ne connais pas d'espèces de la sorte.

— Oh... oh non...»

Mais son visage ensoleillé se transforme vite en une petite moue triste, un peu déçue de la finalité de cette histoire. Alors elle reste simplement la, son regard à nouveau vers le sol à continuer d'arracher les plantes. La présence n'est pas dérangeante, cependant, au contraire. Elle apaise son cœur brûlant de la haine perpétuelle des hommes.

Qiqi, c'est la petite zombie qui travaille au Cottage Bubu, mais au delà de cela c'est simplement une enfant qui a gardé son innocence d'antan. Elle a les yeux qui brillent devant le monde qui s'ouvre à elle, et malgré qu'ils n'aient jamais tellement échangé auparavant le jeune homme sait que Qiqi, c'est une jeune fille adorable qui mérite de vivre de belles choses malgré sa condition, sans aucun doute.

Let the wind tell you | xiao & qiqiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant