QUEEN

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Le soleil du Sud n'a jamais aussi brillé, tel le traite qu'il est heureux de mon union forcé. Au bout de la table, mes cousins se tenaient de rire de moi car ils connaissaient depuis le temps mon envie d'indépendance, mon désir de me battre aux côtés des chevaliers du Roi. Ma mère comme la dame qu'elle est se contente d'acquiescer à tout ce que l'étranger lui disait. Ce dernier avait tellement hâte de m'épouser qu'il pensa s'inviter lui même au repas du matin. L'audace se lisait sur son visage. J'avais envie de lui arracher le doigt pour prendre la bague de ma grand-mère. Mon père s'efforçait de sourire aux critiques que l'homme lui portait sur la façon dont il jouait au Poker. Voilà ce à quoi ma vie se résume: une partie de Poker. Bien que vingt-et-un est dépassé de l'âge qu'une jeune dame se doit de se marier à Hullville : 16 ans. Je ne souriais pas, je ne mangeais pas, je me contentais de dévisager cet homme à la barbe naissante et bientôt manquant un doigt.
-Puis-je me permettre de vous enlever ma fiancée pour quelques heures Don Roks?
Le timbre de sa voix m'exaspérait déjà! Je lui cherchais des défauts sur son physique mais hélas! Il est bel et bien beau.
Il fit signe à son garde de lui rapporter deux paquets.
-L'un pour ma future belle mère et l'autre pour ma dame, annonçait il d'un ton rauque
-Quelle délicatesse attention très cher! Remercia ma mère
-Vous avez tout prévu alors, lui lançai-je. Ruiner puis racheter pour s'accaparer d'une jeune vierge effarouchée!!
-Assez! Ordonna mon père
-Vous êtes certainement pas effarouchée... ni jeune non plus...Maintenant si vous voulez bien m'accompagner au château.
Mon coeur fit un bond. Le château, le Nord, la couronne... Tout cela se défila devant mes yeux et j'ai compris que je serai lié à cet homme pour toujours.

La route fut silencieuse. Je n'ai jamais monté dans une carosse aussi géante, je préfère galoper les montagnes sur mes beaux chevaux gris ou courrir pieds nus dans les prairies de mes arrières grands-parents.
-Vous pouvez m'appelez Arnold quand il n'y a personne
-Ai-je l'air d'avoir envie de vous appeler?
Il baissa le regard et remarqua la bordure de ma robe presqu'arracher.
-On doit vous trouver une nouvelle robe
-Je préfère la mienne merci.
-Ma dame je...
-Je ne suis point votre dame! Arrêtez de me parler! De me regarder ou même de m'imaginer! Je...
M'apercevant de mon arrogance, je cessai net mon discours écœurant .
-Vous avez déjà fini? L'éducation dont vous me faites part est à apprécier . Sous risque de me faire étrangler dans mon sommeil tenez ... la bague de votre grand-mère.
Il fit signe de faire demi tour. Je ne comprenais plus ce qui arrivait. Nous étions plus sur la route du château. Il ne m'adressait plus et griffonait sur son carnet. Le chemin du retour me parut plus court. Mon rêve de me s'asseoir sur le trône s'écroulat dans une seconde. Je regardai cet homme qui manqua de réaliser mon rêve de toujours me mépriser si élégamment. Nous arrivâmes devant ma maison et je descendis sans attendre la main d'un gentleman pour m'aider en sautant comme un gorille. Je remis la bague à mon père au salon et je m'enfermai dans ma chambre. Au loin, j'entendis Don Arnold exprimer son regret d'avoir si toute fois importuner la famille Roks. Puis les larmes aux yeux, je me plongeai dans un sommeil.