Chapitre 1. La plage.

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PDV ELLE

La musique fait vibrer mes tympans, sans le vouloir mes doigts bougent au rythme de la mélodie.
Je m'arrête de marcher pour prendre le temps d'observer le spectacle qui se déroule devant mes yeux. L'océan touchant le ciel bleu, un enfant marchant à peine en train de manger le sable fin et brillant de la plage, sous le regard désespéré de ses jeunes parents. La plage est vide, il est encore tôt, ça ne fait que trois heures que le soleil caresse les vagues. Trois jeunes adolescents non loin de la petite famille s'amusent à se lancer un frisbee qui a une époque devait être blanc.

Je décide de m'assoir sur le bord du remblai, les pieds dans le vide, j'attrape mon crayon à papier, mon vieux carnet aux pages jaunies appartenant à mon grand père. J'essaye de finir les pages de ce carnet remplie de croquis car je lui ai promis de développer mon « don » de dessinatrice. Selon lui j'ai hérité énormément de chose de lui, il y a un an j'ai ris lui répondant que j'espérais ne pas avoir hérité de son sale caractère.

Il a sourit, levé les yeux au ciel tout en me tendant son vieux carnet où il s'exerçait avant de s'attaquer à des toiles immenses.

J'aime ce qui se passe sous mes yeux, pas grand chose mais assez pour essayer de le mettre sur une des pages de mon carnet.

Je pose à peine la mine de mon crayon sur la feuille que ma playlist me passe une autre chanson. Je frissonne entendant la voix de Freddie Mercury sortir de mes écouteurs, mon grand père était fan. Je le revois taper sur le volant de sa vielle Peugeot 205 rouge, tout en chantant en duo avec Freddie.

Je ferme un instant les yeux et je me remet à dessiner : la plage, l'océan, l'enfant cherchant encore l'équilibre parfait  pour tenir correctement sur ses deux jambes, les trois adolescents....

Je regarde l'élément qui se rajoute en fronçant des sourcils. Vais je réussir à le dessiner étant donné que dans une minute il aura quitté l'horizon ?

Je fixe cet homme rapidement essayant d'enregistrer le plus de détails pour l'ajouter ou non sur ma feuille.

Ses cheveux sont couverts par une casquette noir, mise à l'envers laissant apparaître quelques cheveux blonds au dessus du système d'ajustement. Son t-shirt blanc est trop grand pour lui, c'est à peine si on arrive à visualiser son short de sport noir.  Ses chaussures de courses qui sont dans les mêmes couleurs s'enfoncent dans le sable dure et humide. Il court à un rythme qui m'intrigue, il court avec de la haine contrairement aux autres coureurs. Comme si il allait foncer dans quelque chose, mais en même temps ses foulés sont maîtrisées, à un rythme régulier.

Il transpire de la haine.

Courir...

Je déteste ça, je trouve même ça ridicule...

Je regarde le blondinet s'éloigner toujours avec la même rage affiché sur son visage, tout en décidant de le rajouter sur le dessin.

Je souris bêtement lorsque Freddie Mercury laisse place à une chanson d'un groupe pop rock qui a bercé mon adolescence...

Je relève mon crayon pour le taper contre le muret où je me suis assise au rythme de la batterie.

Da da da da da da da da
Da da da da da da da da
What was I thinking?
Everyone sees it
It's not a secret that I'm just a reject
Sick of the system, don't wanna feel it
It's not a secret that I'm just a reject
I'm just a reject
I'm just a reject

La chanson a peine terminé je sens une main se poser sur mon épaule, je ne sursaute pas reconnaissant ce parfum fleuris de caractère.

- Je savais que j'allais te trouver ici... J'aimerai que tu manges un morceau avant de reprendre ton train Kiara.

Je relève la tête vers ma mère qui me fixe les poings contre ses hanches.

- Tu t'inquiètes trop pour moi.

- Je m'inquièterai toujours pour toi, surtout qu....

Je soupire et finis par me lever tout en fermant mon carnet et en ignorant le blabla habituelle de ma mère. Je rajuste ma jupe en jean, et je finis par jetter un dernier coup d'œil sur la plage, comme si j'avais envie de revoir le jogger de tout à l'heure...

Il est déjà loin, ce n'est plus qu'un petit point parmi tant d'autres.

- Kiaria et si on allait prendre un brunch les pieds dans le sable ?

Je fronce des sourcils et je finis par accepter, sans un mot je suis ma mère.

Ma mère est une femme longiligne au caractère infernal. C'est le genre de femme qui a la main sur le cœur, mais d'un claquement de doigt peut tout renverser sur son passage.

Une femme aux origines espagnoles, qui a été élevé par des parents athées et qui pourtant croit seulement en dieu et à la vie après la mort.

- J'espère que tu as passé de bonnes vacances ?

- Oui maman, ça m'a fait du bien de vous revoir...

- Pas trop triste de rentrer sur Paris ?

- Maman, si je ne vous ai pas suivi ici c'est que j'apprécie ma vie là bas...

- Mais tu ne cesses de te plaindre d'être seule !

Je souris tout en levant les yeux au ciel.

- Effectivement, mais tu sais que je me sens seul dans le sens où...

- Je sais.

- Et tu sais qu'ici en dehors de l'été c'est mort...

- Je sais. Mais toi tu sais à quel point je déteste te savoir loin de moi...

- Je viendrai vous rendre visite souvent ok ?

- Et peut être que la prochaine fois tu seras accompagné !

Je ne répond pas, regardant du coin de l'œil la femme qui ne cesse de me porter depuis bientôt 22 ans...

Mon adolescence n'était pas la plus heureuse, pourtant j'ai des parents aimants, qui ont toujours eu ou trouvé le moyen de nous offrir tout ce dont on souhaitait. Je partais au minimum en vacance 3 fois par an, j'avais les derniers vêtements à la mode, une assiette toujours pleine...

Et pourtant... Ce n'est pas ce qui ont tout qui sont les plus heureux.

Je ne suis pas à plaindre, c'est même pour ça qu'aujourd'hui je banalise tout ce que j'ai pu vivre étant jeune, au plus grand désespoir de ma psychologue.

Il y a toujours pire.

Lors de mon éducation mes parents m'ont instruit deux choses importantes :
1. Ne pas se plaindre car il y a toujours pire dans la vie et que c'est à toi de choisir la vie que tu veux.
2. Ne jamais baisser les bras et marcher toujours la tête haute, quoiqu'il arrive.

- À quoi tu penses encore ?

Je regarde ma mère qui est (pratiquement) mon idole, je souris à la manière dont elle a insisté sur le « encore » de sa question.

Je regrette de ne pas être la fille parfaite dont elle rêvait. Je sais qu'elle est fière de moi, je le lis dans ses yeux, elle n'a même pas besoin de me le dire. Mais je sais qu'elle aurait voulu que j'emprunte le même chemin qu'elle, c'est à dire ne connaître que deux hommes maximum dans ma vie, me mettre rapidement en ménage avec un homme qui...

Qui ressemble tout sauf à mon dernier ex.

- Rien, enfin à pleins de trucs mais à rien d'intéressant, je répond machinalement.

Ma mère sourit face à ma réponse. Elles est tout simplement amusée par ma réponse car elle savait par avance qu'après un long silence j'allais répondre ça.

Je peux être très pipelette comme elle, mais très silencieuse et perdue dans mes pensées ayant un esprit très voyageur.

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⏰ Dernière mise à jour : Oct 02, 2023 ⏰

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𝗠𝗲𝗶𝗹𝗹𝗲𝘂𝗿 𝗰𝗮𝘂𝗰𝗵𝗲𝗺𝗮𝗿 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant