Tueuse à Gage

Développement personnel

Je me réveille en sursaut. Un rire enfantin se fait entendre. Lou. Je me réveille.
  – On dirait un panda !
Je me regarde dans le miroir. J'ai pas de cernes pourtant !
  – Roh t'es bête...
  – Susceptible ?
Mais quelle gamine..Moi qui m'attendait à une peste pourrie gâtée ! Au moins elle est pas relou, c'est déjà ça.
  – Il est quelle heure miss ?
  – 11h, faudrait penser à manger !
Oh. Heureusement que les cours commencent à 14h aujourd'hui.
  – Hum d'ailleurs..Ruby et Kylian, des amis de lycée, voudraient manger avec moi au resto...Si tu veux enfin, tu peux venir !
  – Pourquoi pas. T'en a parlé à tes potes ?
  – Oui. C'est Ruby qui a invité Kylian par message hier soir. Elle m'a dit que ça ne les dérangerait pas une personne en plus.
  – D'acc. Bon je vais m'habiller.

Midi. On se dirige vers le restaurant du coin. Un jeune employé nous conduit à une table.
  – Oh c'est toi la fameuse Hester ?
Celle qui m'a sorti ça est une fille noire. Notre âge aussi j'imagine.

Plutôt canon. Celui à côté d'elle doit être Kylian.
  – Bon, Hester, voici Ruby ! Elle a 23 ans, et elle fait des études de droit.
  – Et moi Kylian, 25 ans et j'ai fini les études. Je suis psy maintenant.
  – Hester, 22 ans, même cursus et année que Lou...
  – Que voulez-vous manger ?
Je choisis pâtes carbonara, Ruby choisit pareil que Kylian et Lou prit le menu du jour. Après une bonne heure durant laquelle nous avons mangé et discuté, nous sortons du restaurant. Lou jette un œil à son portable.
  – 13h45 ! Hester, on doit se dépêcher !
On a dix minutes de marche ! Désolée les amis, on doit se grouiller !
Après un rapide "au revoir" nous nous séparons.
Nous arrivons juste à temps dans la salle. Une femme dodue et blonde se tient là.
  – Bonjour ! Je suis Mademoiselle Lyneway. Je suis professeur du cours de développement personnel, et je suis aussi surveillante et aide à Madame Skyler. Premièrement, le cours de développement personnel est aléatoire. Il se déroule dès qu'un cours est annulé. D'ailleurs, on en parle oui, mais qu'est-ce que c'est ?
  – C'est un cours qui nous permet d'échanger sur les difficultés qu'on peut avoir au quotidien ainsi que sur l'actualité.
C'est moi qui a dit cela. Je suis tellement habituée à devoir expliquer ce genre de connerie tous les ans que j'ai répondu sans prêter attention aux personnes alentour. Tout le monde avait entendu, et personne n'avait voulu répondre. Autrement dit, j'étais la seule à avoir réagi. Même Lou détournait le regard. Elle détestait avoir le centre de l'attention. Et puisqu'elle se trouve à côté de moi, ça a dû l'embarrasser. Peut-être est-elle glossophobe qui sait ?
  – Au secours, une morte vivante !
Celui qui c'était moqué était un roux stupide. Avant même que Mademoiselle Lyneway ne puisse lui faire les gros yeux, je réponds du tac au tac:
  – Poil de carotte, je te conseille de la fermer. On parle de chose sérieuses, le lycée c'est pas ici. Ici on est en cinquième année de FAC.
  – J'apprécie votre répartie miss, mais ce n'est pas le sujet principal. Les cours de développement personnel se déroulent dans l'amphithéâtre où vous étiez censé avoir cours "normal" et vos "vrais" cours débuteront demain. Avant de partir, je vous demanderai de participer à un cours d'arrivée de développement personnel. C'est-à-dire que vous devrez simplement proposer un sujet et vaquer à vos occupations. Qui souhaite s'y rendre ? Sachant que ce n'est disponible que pour les élèves d'histoire de l'art.
Vingt élèves de ce cursus ont levé la main. J'ai levé ma main, et Lou fit de même. Tous les autres élèves sont sortis. Nous étions donc 23, en comptant Mademoiselle Lyneway.
   – Qu'est-ce que vous proposez comme thème pour le prochain cours ? Nous demanda Mademoiselle Lyneway.
   – Je propose que nous écrivions anonymement sur un papier une idée. Nous piocherons à chaque cours le sujet, et lorsque nous auront épuisé tous les sujets, nous réécriront des papiers.
J'ai dis ça au pif. Et la prof a l'air d'apprécier l'idée. Du coup, je note mon idée. "Les relations prof-élèves." Autant foncer dans le tas. C'est la meilleure idée que j'ai.

Après que la blondasse ait pioché, elle demeura silencieuse.
   – Le..Racisme.
Ok je vois le souci. Trois élèves ici sont métisse. Deux sont noirs. Et moi j'suis albinos. Autrement dit, on est pas mal concernés. Lou tire une tête de six pieds de long. C'est vrai que Ruby est noire, même si elle n'est pas présente.
   – Quelqu'un a quelque chose à dire ?
   – Bah nan sinon on va vexer les rebeux, j'tiens à ma bagnole.
Encore c't'imbécile de rouquin.
   – Je suis métisse mais pas musulmane ! Protesta une des filles.
   – Calmez vous ! Premièrement, soyez courtois. Deuxièmement, ce sujet est assez sérieux. Troisièmement, j'aurais quelques questions. Qu'est-ce qui vous dérange chez quelqu'un de couleur de peau différente ?
   – Bah ils ont rien à faire ici !
   – Je suis né ici. Malgré que je sois noir !
   – Mademoiselle Lyneway, le vrai problème est que cela devient normal de juger. On ne peut même pas regarder une femme noire que l'on trouve jolie dans la rue. On détourne le regard, de peur d'être traité de raciste. Y a aussi les insultes. Un métisse est forcément un voleur. Un noir est un esclave. Un albinos c'est un cadavre ? Non mais sans blague, il y a bien trop d'injustice.

Après 45 minutes de débat, chacun a donné son avis. Même Lou. Au final, le rouquin se nomme Radley. Et au passage, il l'a bouclé. Maintenant que je me suis amusée, faut penser à la mission. Car oui, je dois sérieusement y songer.