Comme tous les jours, je me retrouve derrière le comptoir du Neko café dans lequel je travaille, c'est un café avec des chats qui se promènent en liberté. Je prépare un macchiato pour un client quand Jyna une minette vient se balader entre mes jambes pour ronronner.
« Voilà pour vous ça vous fera 2.50 $ s'il vous plaît »« Tenez passer une agréable journée »« A vous également, au plaisir de vous revoir ! » Dis-je avec un grand sourire
Voilà déjà deux petites semaines que je travaille ici, j'aime beaucoup cet endroit, il est apaisant et il regorge de petits chats mignons. En tout, il y a cinq chats, deux femelles et trois mâles qui s'amuse avec les parcours fait maison en bois ou alors ils font la sieste dans des paniers moelleux tout en se faisant caresser par des clients. Il y en a un que je préfère par-dessus tous c'est Kalys, un maine-coon âgé de 6 ans au pelage roux et noir, c'est un véritable félin. Il mange comme un ogre, dort toute la journée, et il n'aime pas les enfants, bon il n'est pas agressif avec eux mais il fuit souvent à chaque fois qu'un enfant arrive vers lui. Il a son panier attribué avec nous derrière le bar. Aujourd'hui Kalys semble s'intéresser à un jeu avec une petite boule poilue, c'est peu commun de le voir jouer mais cela me montre qu'il n'est pas qu'un gros gourmand paresseux qui dort la moitié de la journée. Ah non je retire ce que j'ai dit il essaye de manger la boule, il est incorrigible celui-là à tout vouloir manger !
« Hey toi ce n'est pas de la nourriture et ta gamelle est pleine à craquer, ne va pas me faire croire que tu es affamé à ce point ! » Dis-je à son égard.« En effet, il semble être un gros glouton ! » rigole une cliente qui venait d'entrer et qui avait assisté à la scène.« Je ne vous le fais pas dire, il n'y a pas que de la peau et des poils sur ce monsieur-là, une bonne couche de gras pour garder au chaud l'hiver ! » Rigole-je.« Il a bien raison, il va vite commencer à faire frais à Grenoble. »« Suffisamment pour sortir les grosses doudounes ! Qu'est-ce que je vous sers madame ? »« Je vais vous prendre un Venice Coffee s'il vous plaît. »« Très bien, à quel nom ? »« Luciole »« Oh c'est beau comme prénom ! Je n'en avais jamais eu auparavant ! »« Ahah oui c'est peu connu en effet ! » Rigola la cliente
Malou la détailla du regard pendant qu'elle lui préparer sa boisson, une femme grande avec des cheveux brun tout aussi long, une taille fine mais musclée, des yeux noisette souriants. Elle portait un tote bag de la faculté de Grenoble, Malou s'arrêta un instant avant de poser sa question.
« Vous étudiez à la fac ? »« Oh oui, je suis étudiante en deuxième année d'anglais ! Vous aussi ? »« Oui j'ai remarqué votre sac, je vais commencer ma première année de philosophie dans quelques jours ! »« Oh wow c'est rare de la philosophie mais ce doit être des études passionnantes ! »« Et bien je vous redirai ça si on se croise sur le campus, même si ce dernier fait la taille d'une ville ! »« C'est vrai que la première année on s'y perd facilement ! » rigole la cliente.J'écris son prénom sur un gobelet et lui tend quelques secondes plus tard« Et voilà pour vous ça fera 2.90$. »« Voilà pour vous, cet endroit est vraiment sympa je reviendrai ! »« Super alors, passer une agréable journée ! »« Merci à vous aussi ! »
Je lui souris et la regarde partir, elle à le pas léger, presque comme si elle flottait dans les airs. Je regarde ma montre il est déjà l'heure de fermer, je m'attèle au rangement, c'est la partie la moins agréable de mon boulot mais bon il faut bien le faire. Une heure plus tard, après avoir refait les stocks, nettoyer l'entièreté de la boutique, je dis au revoir aux chats avant de les faire rentrer dans l'appartement de ma patronne ; qui se situe juste au-dessus.
Quand je redescends dans le café mon regard se fixe sur la rue piétonne en face de moi, il y a toujours du passage dans cette rue. J'aime bien perdre mes pensées à imaginer la vie des gens qui passent, qui sont-ils, pourquoi passent-ils dans cette rue et pas une autre ? Ou vont-ils comme ça ? Tant d'inconnus, tant d'histoires différentes qui passent sous mes yeux. Pour une fois la rue n'est pas vraiment bondée, quelques passants la traversent, certains rigole, d'autres sont focaliser sur leur pied, certains sont entre amis et semble partager un bon moment, certains porte des instruments de musique sur leur dos, et parfois des couples amoureux passe en se dévorant du regard.
Quand tout à coup une femme en vélo passe, elle s'arrête un instant pour aider une mamie à ramasser les fruits de son panier qui viennent de tomber. Le soleil illumine le visage de cette fille, elle semble si brillante, si souriante. Mon regard ne peut alors que la contempler, mon corps est quant à lui complètement hypnotisé par cette inconnue qui se trouve devant moi. Je suis là à la regarder encore dans la boutique, le spectacle qui se déroule sous mes yeux semble irréel. Elle semble si particulière, comme si elle était spéciale comparée à toute la masse, il n'y a qu'elle que je vois. Comme la lune parmi les milliers d'étoiles, elle m'illumine alors. Elle semble discuter avec la mamie, un sourire vient alors naître sur ses lèvres, et la tout le monde se met à tourner, mon corps quant à lui est épris d'une vague de lucioles illuminées de milles couleurs se baladant au sein de mon enveloppe charnelle. L'univers semble alors s'arrêter, comment cela est-ce possible ? Soudain son regard se pose sur moi, je me sens comme emportée dans une danse musicale tournoyante chaleureuse, pétillante de couleurs et de lumières. Parfumé par un vent de jasmin, je me vois lui tendre la main pour lui insuffler de me rejoindre une danse unique parfumé d'arum et de rose pour toute une vie. Je reviens les pieds sur terre et je la vois qui me sourit alors, tendrement et elle reprend son vélo gris pour s'en aller balader dans les rues grenobloises.Je ne sais pas d'où ça sort, ni d'où sa vient, mais je n'avais jamais connu cette vague de luciole parcourant mon corps, j'ai l'impression de sortir d'un rêve et d'enfin me réveiller, ça me tombe dessus comme ça, j'ai l'impression d'enfin ressentir le monde autour de moi. Le métal des clés qui sont encore dans mes mains, l'odeur du café et du bois. Je ne sais pas qui est cette femme, mais elle vient de réveiller mon monde. Je ressens le besoin de la suivre, je sors alors en courant du magasin, mais elle a disparu, envolée, comme un ange, comme si elle n'avait été qu'un doux rêve. Je suis là, perdue dans la foule de gens aux milliers d'histoires, mais la seule que je voulais connaître était la sienne.
