20

45 3 1
                                    











-Êtes-vous sûre que c'est le seul moyen ?

    Je fronçais les sourcils. J'attrapais la pochette qu'Helliot me tendait et l'a rangeais dans mon sac.

-Que veux-tu dire par la ?

    Il restait silencieux, comme s'il choisissait ses mots avec précision. Ça m'énervait.

-Helliot, soufflais-je. Tu sais pertinemment que je n'aime pas quand tu me traites comme l'héritière des Dovanni.

-Mais c'est ce que vous êtes.

     Mais ce n'était pas ce que je voulais.
    Certes, le respect qui venait avec ce titre était réel. Mais je détestais la distance qu'il provoquait. C'est comme si on me mettait sur piédestal et que personne n'était à mon niveau, en dehors des autres chefs de famille.
Pourtant, nous étions des humains normaux. Juste nés dans des familles spéciales.
    Ça m'énervait de voir ceux avec qui j'avais grandi, ceux que j'avais connu depuis si longtemps me traiter avec tellement de distance.
De plus un mal de tête commençait à faire surface, ce qui me faisait perdre patience.

-Helliot, clamais-je sur un ton légèrement sévère. Je te considère comme mon ami. Pas comme mon subordonné. Si tu persistes à te conduire comme cela, je vais vraiment mal le prendre. Vraiment.

-Je suis désolé, s'excusait-il. C'est simplement que je n'ai pas envie que vous pensiez que je remet en doute vos décisions.

    Je soupirais et remettais une mèche rebelle derrière mon oreille.

-N'es-tu pas mon conseiller ?

-En réalité, je suis plus un détective qui-

    Il se taisait après que je l'ai fusillé du regard.
    Je connaissais Helliot depuis si longtemps, ça me brisait le coeur que les codes l'obligent à se conduire ainsi avec moi. A une période de notre vie, nous étions très proches. Je me permettais de me confier à lui, sans me douter qu'un jour mon géniteur décide de nous éloigner. Aujourd'hui, et depuis quelques années maintenant, Helliot doit suivre les règles au pied de la lettre : il n'avait même pas le droit de me tutoyer.

-Dis-moi ce que tu as à dire.

     Il déglutissait er regardait autour de lui. Sûrement pas peur d'être observé alors qu'il donnait son avis. Et  ça, c'était aussi un droit qui lui avait été enlevé lorsqu'il s'agissait de moi.

-N'êtes-vous pas mariés ?

-Et ?

-Êtes-vous sûre que la meilleure manière d'apprendre à vous connaître est à travers un dossier ?

    Je restais muette. Il n'avait pas tort. Mais comment pouvais-je changer la situation ? Ça me paraissait impossible. Nous n'avons jamais eu ce genre de discussion avec Lino. Je ne connaissais pas sa couleur préféré, ni ses plats.
En réalité, je ne savais presque rien en dehors de l'image que j'avais formé de lui dans ma tête.
    Bien que Lino n'aurait pas loupé une occasion pour me mettre mal à l'aise, après hier soir, j'en doutais fort.

-Tu as raison, murmurais-je. Mais tu sais, la situation est compliqué.

Helliot restait silencieux, attendant patiemment que je continue.

-Toutes ces histoires ne nous rapprochent pas. Non pas que j'ai envie que nous soyons intimes, ajoutais-je avec une grimace.

    Ce serait plus facile que ce le soit. Plus acceptable. Au fond de moi, je savais que si je continuais à côtoyer Lino ainsi, à voir son bon côté, je finirais sûrement par oublier toute la rancœur que je pouvais avoir. Je le verrais d'un autre œil et ça, c'était totalement différent ce que j'avais connu.
    Je voulais continuer à le voir comme Lino De Vito. L'homme qui me tapait sur le système et que je ne pouvais pas sacquer.
Si je commençais à le voir comme l'homme qui allait partager le reste de ma vie, ça allait changer beaucoup de choses. Dont moi.

The Wolf On The LooseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant