J'ai 15 ans et à vrai dire, je ne sais pas vraiment par où commencer. Peut-être par le commencement, me direz-vous ?
Née en 2006 d'une mère marocaine et d'un père français, mes parents ont tous deux pris la décision de me baptiser. Je suis donc chrétienne, bien que je ne sois pas croyante. Je respecte cependant les croyances de chacun et estime que la religion est quelque chose de très personnel, c'est pourquoi je n'en parle habituellement jamais. Je prétend ne pas croire en Dieu, mais en réalité, il serait plus juste de dire que j'ai des doutes sur son existence. C'est surement dû au fait que papa se soit démené comme un dingue pour me récupérer et que beaucoup de personnes dans ma famille déclaraient que c'était le bon Dieu qui nous était venu en aide, seulement si il avait été aussi bon, il ne nous aurait pas fait subir tout cela. Nous nous en sommes sortis et ce n'est que le résultat de nos efforts. Je n'ai pas besoin qu'il nous ''teste''. Vous comprendrez la raison de mon résonnement par la suite, dans mon récit.
Ne supportant plus ma mère, mon père est parti de la maison lorsque j'avais quatre ans. Il s'est empressé d'engager des démarches judiciaires pour obtenir ma garde en alternance.
Certaines personnes affirment que l'école primaire était la période la plus joyeuse de leur vie, du moins, du peu qu'ils aient vécu, mais de mon côté, je ne peux pas en dire autant. Contrairement aux autres, cette période a été un réel traumatisme pour moi. Ma mère étant dépressive, elle était très instable psychologiquement, ce qui l'amenait à me frapper lors de ses crises.
Mais ne vous méprenez pas, je lui ai pardonné pour la simple et bonne et bonne raison que je l'aime plus que tout au monde, bien qu'honnêtement j'ai déjà essayé de lui en vouloir. J'ai tellement voulu la détester, mais je n'ai jamais pu. J'ai toujours trouvé que quand elle s'énervait, elle ressemblait à quelqu'un d'autre, comme si c'était deux personnes différentes : ma douce maman en temps normal, et mon effrayante mère lors de ses crises. J'associais mon effrayante mère à la maladie, je n'ai donc jamais eu l'impression que ce soit elle qui m'ait fait du mal, mais la maladie.
A l'époque, on vivait, maman, mes deux grands frères et moi, ensemble dans la maison. Je manquais souvent l'école et accompagnais maman à son restaurant, dans le 10e arrondissement de Paris. Je me souviens des nuits passées à dormir sur les banquettes violettes, cette fraîche sensation inoubliable de ma joue collée contre le cuir. Je me souviens également des commerçants de la rue où se trouvait le restaurant. Il y avait le couturier d'en face, je ne me souviens pas de son nom, mais je me rappelle l'appeler Tonton. Il y avait aussi Philippe, le gentil monsieur de la maroquinerie du bout de la rue, il me prêtait sa tablette pour que je puisse jouer à Subway Surfers quand j'allais le voir, il m'emmenait aussi souvent à l'arcade 'La Tête Dans Les Nuages'. Dit comme ça, j'en serais presque nostalgique si je n'avais pas passé le tiers de mon enfance dans les tribunaux, chez des psychologues ou encore chez des médecins et gynécologues pour prouver que les accusations portées par ma mère envers mon papa étaient fausses. Je ne pourrai jamais décrire ces sentiments mélangeant frustration, haine et tristesse que j'ai ressenti sous l'impuissance à laquelle j'ai fait face, perdue et coincée dans ce conflit infernal entre mes parents.
À chaque fois que j'entrais dans un bureau, ne sachant pas toujours qui était la personne qui s'y trouvait et quelle était sa profession, ce que j'y faisais, on me félicitais pour mon courage, ''tu es courageuse'', me disait-on. Et à chaque fois, j'avais envie de leur rétorquer que je n'avais pas d'autre choix que de subir, mais je n'en faisais rien.
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Bonjour ou bonsoir, tout dépend,
C'était mon premier 'chapitre', et je ne vais pas écrire ''j'espère qu'il vous aura plu'' parce que ce n'est pas l'objectif. À vrai dire, je ne m'attend pas à ce que beaucoup de personnes lisent mon histoire, j'ai décidé d'écrire sur ma vie pour m'aider à tourner la page. Ça fait trop longtemps que mon sac est rempli et il est temps que je commence à le vider.
C'est très dur pour moi d'exprimer tout ça, alors soyez indulgent, s'il vous plait.
Certaines descriptions peuvent peut-être vous paraitre décrites de manière trop simple ou trop compliquée, mais parfois, c'est compliqué de poser les bons mots sur des expériences douloureuses dont on n'a pas pour habitude d'exprimer.Peut-être que certains se demandent ou ne comprennent pas pourquoi je partage mon histoire au lieu de la garder pour moi ? Et bien, j'ai déjà essayé de ne pas en parler et de refouler mes émotions concernant mon passé, ce qui a évidemment été un échec car il devenait trop compliqué d'avancer avec ce sac beaucoup trop lourd pour moi que j'ai porté sur mon dos bien trop longtemps. J'ai longtemps pensé que je n'avais besoin de personne et que tout ça était derrière moi, ce qui fait que je me suis renfermée sur moi-même. Ça a été une grosse erreur, car ça n'a fait qu'alourdir mon sac. J'ai pris pas mal de temps avant de comprendre que j'avais besoin de quelqu'un. J'avais une psychologue, mais je n'en parlais jamais avec elle, sauf quand elle me posait des questions d'elle-même. Ma meilleure amie a été présente pour moi et je l'en remercie, bien que je ne lui ai pas tout dit, j'estime que c'est l'occasion pour.
J'ai longtemps vécu dans le passé, mais ce temps est désormais révolu. Le passé est bon pour en tirer des morales et des conclusions, mais pas pour y vivre.
Quand on a des problèmes, même minimes, c'est toujours bien d'avoir quelqu'un à qui se confier, car plus on attend, plus c'est dur de réparer les séquelles. Et si on n'a personne à qui parler, alors on peut toujours écrire ou autre, les solutions sont sans limites lorsque l'on veut s'en sortir!