Chapitre 5

30 0 0
                                    

Ses yeux, à lui, ils me regardaient ils me transperçaient. Faisant de mon corps entier une masse sans impertinence recouverte de honte. Oh, oui, les regards des autres m'importaient peu, mais pas le sien. Seul le sien comptait en vérité. Seul le sien avait le pouvoir de me déstabiliser de la sorte. Les yeux des autres hurlaient, les siens murmuraient. J'eus l'impression que cette confrontation durait une éternité.

- Une déclaration. répéta Gray.

Ce fut comme un réveil brutal. Je me tournai vers mon ami.

- Oh oui ? j'émis un gloussement. Bonne chance alors.

En suivant, je continuai de m'installer, les regards s'étaient dissipés. Deux mains se posèrent sur mon bureau, je me décidai alors à lever les yeux.

- Ouais, tu l'as dit. Je sais pas comment m'y prendre. soupira le garçon aux cheveux roses.

Je laissai un silence. Il n'y avait que nous deux. Les autres parlaient entre eux. Il s'adressait à moi.

- Quoi ?

Il cligna des yeux.

- T'as dit bonne chance. répéta-t-il.

- Oui, bonne chance à elle. expliquai-je.

- EH !

Il m'attrapa en accolade et frotta mon crâne. Je riais, malgré la douleur occasionnée. Il se recula. Il y eut un nouveau silence.

- Donc...tu vas sortir avec elle ? essayai-je.

Je ne le regardai pas, craignant bien trop la réponse.

- Hein ?

Je fronçai les sourcils, n'ayant pas envisagé cette réponse. Je m'attendais à un « oui » ou un « non ». Certainement pas à...ça. Je le dévisageai.

- Pourquoi je sortirais avec elle ? lança-t-il.

Était-ce un « non » ? Je n'arrivais pas à savoir.

- Je ne l'aime même pas. déclara-t-il en regardant devant lui.

Alors, je vis une ouverture.

- As-tu déjà aimé ?

Il ricana. Son sourire.

- Bah évidemment ! Je t'aime toi, j'aime Erza, et puis tous mes potes ! Je vous aime tous ! J'aime Happy, bon j'ai du mal avec Gray mais...

Je souris. Bien sûr, j'aurais dû m'y attendre. C'est toujours comme ça avec Natsu. Je me demande même s'il sait ce que c'est l'amour de manière romantique. Je me demande s'il en a conscience. Pour l'instant on ne dirait pas, mais peu importe. Je n'ai pas l'impression d'avoir besoin de lui confié mes sentiments. Je n'ai pas l'impression que cela est nécessaire. Oui, bien sûr. Alors pourquoi mon coeur accélère rien qu'à cette pensée ? Je me demande ce que ça ferait de lui dire. Juste, de lui confier. Il venait de finir son monologue. J'ouvris la bouche mais ne parlai pas de suite.

- Moi aussi...

Il tourna la tête vers moi. Je m'obligeai à garder mon air sympathique et détendu.

- Moi aussi je t'aime. finis-je par dire.

Le monde autour était soudainement étrangement silencieux. Ses yeux posés sur moi ne me faisaient pas de mal, il ne me gênaient pas. Ils ne m'angoissaient pas. C'était agréable. J'aurais aimé que jamais cela ne s'arrête. Il se souriait pas, mais paraissait heureux. Mon poux était calme. Je respirai bien. Je n'avais ni trop chaud ni trop froid. J'étais en paix. Et amoureuse. Il esquissa un sourire du coin de la lèvre, puis nous fûmes rejoints rapidement, et alors cette scène utopique prit fin.

Le soir, nous rentrâmes tous les deux, admirant le soleil couchant. C'était bientôt l'hiver, et je devrais rentrer dans la nuit. Un soupir m'échappa.

- C'était bon ce qu'on a mangé ce midi. déclara mon ami.

Pourquoi faut-il qu'il gâche toujours tout ? Je tournai la tête vers lui avec dépit.

- Quoi ? C'est vrai !

Je levai les yeux au ciel et il grogna. Nous étions presque arrivés maintenant.

- Tu es celle que j'aime le plus.

Un frisson me parcourut, ne m'attendant pas à une réflexion de la sorte. Mes joues s'empourprèrent contre mon gré.

- De tous mes amis, c'est toi que j'aime le plus. précisa-t-il.

Je me contentai d'un faible son de la gorge, ne sachant comment interpréter cette soudaine confidence. Le sentiment paisible de ce matin était loin désormais. Il sourit. Je me raclai la gorge.

- Natsu ?

- Mmh ?

- As-tu déjà aimé...comme Gajeel aime Levy ? tentai-je de nouveau.

Je me trompe peut-être mais je crus intercepter un furtif regard accusateur. Il passa ses mains à l'arrière de sa tête et releva la tête.

- Apparemment. répondit-il.

Je crus alors voir ses joues se teindre, mais ne posai pas plus de questions que ça.

I wish I wasn't - NaluOù les histoires vivent. Découvrez maintenant