Partie Une

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Aimer est une aventure sans carte et sans compas où seule la prudence égare.

Romain Gary
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Le soleil tape fort contre la vitre, qui donne juste sur son petit bureau.

Ce mois de septembre, qui commence à peine, est encore plutôt chaud. Les rayons l'obligent à baisser le store autant que possible, pour espérer garder son esprit rivé sur sa machine à écrire, ainsi que son poste de travail.

Il a déjà accumulé suffisamment de retard comme ça, à papillonner et se laisser entraîner dans ses pensées. Ou simplement à griffonner dans un vieux carnet quelques phrases sans réel sens, qu'il s'amusera sans doute à développer plus tard dans un poème.

En attendant, s'il ne veut pas se faire rappeler à l'ordre par son patron, qui reste bien assez compréhensif comme ça avec lui, il est urgemment temps de se reprendre. À sa gauche, une pile de papiers patiente tranquillement d'être traitée, rangée ou juste classée. Et puis, au centre, quelques stylos se battent en duel, gisant sur le plateau de sa table, plutôt que d'être gentiment à leur place dans le pot à crayon.

Sur la droite se trouve sa tasse, déjà vidée pour la sixième fois de la journée. Il hésite grandement à aller rechercher un café, histoire de tenir durant sa dernière heure, tant ses paupières se font lourdes sur ses yeux. Il pourrait sans doute s'endormir juste là, sous le regard d'absolument tous ses collègues tellement la fatigue pèse sur ses épaules.

Ce n'est certainement pas raisonnable, et pour se remettre d'aplomb, le jeune homme se colle une claque ou deux sur les joues, afin de ne pas se laisser aller davantage à la procrastination. Des deadlines l'attendent, et il ne peut pas se permettre de jouer avec le feu à ce point.

« - Tiens, Izuku, Aïzawa m'a dit de te donner ça. »

Juste devant son regard dépité, à cette pile déjà monstrueusement immense à son goût, s'ajoutent une dizaine de documents imprévus, sans doute en vue de quelques articles supplémentaires à rédiger pour sa rubrique. Il relève les yeux en direction de son compagnon de travail, dont le visage est traversé par une expression mi-amusée, mi-compatissante.

« - Je crois qu'il va me falloir une autre tasse de café.

- Dire que tu refusais d'en boire lorsque je t'ai rencontré.

- C'est vrai... Et maintenant, je me demande sérieusement comment je ferais sans ça, Hanta. »

Le garçon d'environ vingt-cinq ans, soit à peu près l'âge d'Izuku, répond d'un hochement de tête en souriant de toutes ses dents. Son expression sympathique et sa gentillesse débordante, en fait l'un de ceux que le journaliste apprécie le plus.

Et pourtant, son inclusion dans cette entreprise n'a pas toujours été des plus simples lorsqu'il y repense.

Izuku Midoriya, jeune homme qui a grandi dans un minuscule village de campagne avec sa mère, sait que son poste ici dans ce journal local n'a rien d'un hasard. Aïzawa Shota, le grand patron de cette petite usine qui tourne à plein régime, possède d'étroits liens avec sa famille ainsi que son père, Hizashi Midoriya, décédé au front en 1937. Lorsque celui-ci a appris que le fils de son vieil ami disparu tragiquement venait s'installer en ville afin de poursuivre ses études, il s'est assuré de le prendre sous son aile pour lui permettre d'avoir le meilleur avenir possible.

Alors, peu après l'obtention de son diplôme, ce jeune reporter a immédiatement trouvé un poste dans cet endroit, où peu ont vu d'un bon œil sa proximité avec le chef.

Izuku a conscience de tous les efforts qui lui ont été nécessaires afin de prouver sa valeur, et démontrer que cette opportunité, cette chance n'avait pas été accordée à un tire-au-flanc. Et à force d'acharnement et de travail, il commence peu à peu à se faire sa place dans ce lieu qu'il affectionne, malgré les difficultés rencontrées entre ces murs.

Only You [KiriDeku]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant