Maturité précoce

Ethan, un jeune garçon de seize ans, dans la classe sociale moyenne, est actuellement perdu dans sa vie. En effet, ce jeune homme en pleine adolescence souffre d'un problème assez peu mit en lumière, être toujours considéré comme étant plus mature et adulte que son âge peut représenter un véritable trouble. Ne pas se sentir à sa place parmi les autres adolescents de sa génération, être plus à l'aise avec des adultes voir des anciens mais tout en étant confronté au choc générationnel évident entre les deux époques. Mais ne parlons pas tout de suite de l'actualité, regardons d'abord en arrière, lorsqu'Ethan était encore un enfant. Petit, il n'arrivait pas à comprendre les autres enfants pourtant de son âge, les mêmes passe-temps, les mêmes façons de penser, de faire. Et pourtant cela n'aidait pas, Ethan n'arrivait pas à être à l'aise au sein de cette communauté remplie d'humains miniatures. Il faisait tout de même des efforts pour s'intégrer mais généralement il faisait acte de présence pendant que les autres jouaient et ne se souciaient de rien. À l'époque déjà, Ethan réfléchissait, bien entendu sa pensée ne pouvait égaler celle d'Emmanuel Kant mais il réfléchissait et analysait le monde qui l'entourait comme un pré adolescent d'une douzaine d'année alors qu'il n'en avait que cinq. Il savait déjà lire et écrire à l'âge de deux ans, lui considère que ce n'est en rien un exploit, convaincu que c'est pour tout le monde pareil, mais sa mère lui garanti que non chaque fois que le sujet vient sur la table. Parfois lorsqu'ils discutaient ensemble, Ethan et sa mère avaient des conversations qui n'étaient pas de l'âge du jeune garçon. À seulement quatre ans, les deux discutaient déjà du concept de la mort et Ethan comprenait beaucoup mieux que les autres de son âge et était dès lors mis à l'écart du reste des enfants car lui était soucieux de la vie, se posait de nombreuses questions pendant que dans la cour de récrée, les autres ne pensaient qu'à jouer au foot ou s'échanger des cartes Pokémon. Quand il essayait d'en discuter avec des amis de passage qu'il pouvait se faire, les enfants ne savaient pas comment réagir et parlaient comme des idiots, Ethan avait peut-être la maturité d'un ado, mais ses interlocuteurs en avaient la stupidité. Ethan pense trop, constamment, pour lui c'est comme un enfer sans issu, même en dormant pour se reposer mais aussi pour essayer tant bien que mal d'échapper à la réalité, il rêve de ce qu'il aura à penser au réveil, il ne peut pas fuir ses pensées, il en est incapable. Il ne se sent pas plus intelligent que les autres malgré qu'avec le temps son manque d'empathie et son égo ont pris le dessus, mais il ne se sent pas plus idiot non plus, il se dit "objectivement dans la moyenne de ce que les gens sont sensés être à tel âge". Bien qu'évidemment, il se sache pas comment remédier à cela. Les années sont passées, les trois premières années de collèges se passent comme les autres à un détail près cependant, Ethan s'est trouvé un ami, quelqu'un capable de l'égaler, voir même de le dépasser. Ce jeune homme aux prouesses remarquables était dans la classe d'Ethan, Michel de son prénom. Très vite, les deux devinrent inséparables, jamais l'un sans l'autre, toujours à essayer de se surpasser mutuellement avec des sujets qui feraient trembler jusqu'à certains professeurs. Philosophie, sciences, langues, culture général et pop culture, tout y passait, même le soir lorsqu'ils s'appelaient sur Discord pour jouer ensemble, ils ne pouvaient pas s'empêcher de réfléchir stratégiquement à leurs manières de jouer plutôt qu'à juste s'amuser et faire les cons pendant une heure afin de se détendre. Que ce soit pour l'un ou pour l'autre, le poids d'être plus mature que la moyenne devenait de plus en plus dur à porter. Même entre eux, ils se disputaient parfois, et généralement leurs disputent étaient très violentes, ils n'avaient pas besoins d'insultes ou de poings, la seule chose dont ils avaient besoin pour régler leurs comptes c'était le petit Robert, personne autour n'osait rester à côté, ils savaient qu'ils en prendraient trop forts pour leur grade et que cela n'en valait aucunement la peine. Il fallait un jour ou deux pour que les deux amis se calment et aient le courage de mettre leur égo de côté pour s'excuser de leurs torts respectifs. Durant cette même année, Ethan sortait avec quelqu'un, il avait trouvé l'amour, Alice, et cette relation, était ce qui aura failli a plusieurs reprises mettre fin aux jours d'Ethan de par sa toxicité excessive. Ethan fidèle à lui-même réfléchissait déjà au concept du mariage, des enfants, à une vie commune, mais il n'en parlait pas à Alice, qui se contentait juste d'avoir un copain. Les deux ne communiquaient pas beaucoup, ils ne se comprenaient pas, Ethan voyait les choses d'un œil adulte, Alice, seulement le jour qui passait. Ethan insistait pour qu'il n'y ait pas de tabou et surtout pas de non-dits, Alice cachait beaucoup de choses et était muette comme une tombe. Plus les années avançaient, plus la relation partait mal, disputes, violence, coups dans le dos, tout y allait. Cela n'a tout de même pas empêché à Ethan de la demander en fiançailles un soir de Janvier. Malgré les fiançailles, ils ont quand même fini par rompre, Alice n'en pouvant plus de la façon de penser d'Ethan et Ethan ne supportait plus de subir de la violence physique chaque jours pendant 5 ans au point de parfois avoir hésité à porter plainte. L'année de troisième, fut une année bien particulière, Ethan se sentait de moins en moins bien en société après des jeunes de son âge, il avait tout de même Michel mais l'un et l'autre avaient besoin de nouveauté. Ethan se sentait seul, et un jour, une conversation avec sa mère aggrava les choses au fond de ce dernier. Ethan voulait ressembler un peu aux jeunes de son âge, pour s'intégrer, pour cela, il a essayé la cigarette, il ne voulait pas impressionner les gens, il s'en fichait complètement de ce que d'autres pouvaient en dire, il fumait dans son coin quand il pensait à ses problèmes, sa solitude, sa déprime constante depuis qu'il est enfant. Quelques jours plus tard, il en a discuté avec sa mère et ils ont eu la fameuse conversation. Quand Ethan lui demande de faire un effort et de le laisser avoir son âge parce que ça devient douloureux de devoir supporter une image qu'il se sent obligé de maintenir, conditionné dès son plus jeune âge à devoir le faire, pensant que la moindre erreur, le moindre faux-pas pourrait l'anéantir, sa mère lui a répondu "Il en est hors de question. Tu ne m'as pas habitué à cela, tu as peut-être 15 ans physiquement mais tu as 25 ans d'âge mental et t'as pas intérêt à rajeunir, ne me mets pas la honte.". Depuis ce jour, Ethan était de plus en plus mal dans sa peau, il avait parfois des pulsions qui lui venaient où il parlait comme un enfant de trois ans, où il serrait des peluches ou à l'inverse des phases où il va sans s'en rendre compte parler comme un ancien, un octogénaire qui a tout vu et tout vécu. C'est incontrôlable, il ne s'en rend même pas compte, mais ça arrive, régulièrement. Parfois il ne parle même plus, il pousse des bruits de chat, les mêmes qu'il faisait quand il se faisait frapper par Alice, afin qu'elle ne le touche plus. Ethan était torturé, il ne parlait plus, il avait des amis, mais il sentait qu'il n'avait aucune attache particulière. Il était heureux de les voir au lycée et était triste de ne pas les voir lorsqu'ils étaient absents, mais à part cela, s'imaginer dans l'au delà ne lui faisait pas peur. Il comprenait déjà le concept de la mort d'un point de vue adulte à l'âge de quatre ans, donc pour lui, ce ne serait que de la concrétisation. Ethan, seize ans, vie maintenant sa vie par automatisme. Combattant ses traumatismes, ses envies sombres, son alcoolisme et son addiction à la cigarette ainsi qu'à la pornographie. Il ne ressent plus d'émotions positives, et même dans une situation joyeuse, il est obligé d'analyser la chose pour pouvoir esquisser un simple sourire. Ses amis le traitent de machine parce qu'il est constamment dans l'analyse, dans l'angoisse et dans la peur de mauvaises perspectives. Il est paranoïaque, il a peur de tout, de tout le monde, se sent seul même en étant entouré, et ne se laisse aller que par des pensées sombres qu'il combat chaque jour un peu plus. Mais un soir, alors qu'il avait passé une énième journée vide de sens, il a bu, beaucoup bu, et il a aussi beaucoup fumé ce soir là, il a décidé d'écrire une lettre afin de raconter son Histoire, et de l'appeler "Maturité précoce", avant de repenser à toute sa vie, aux traumatismes, aux analyses, à la peur. Ethan récupéra sa ceinture très élastique, la serra de plus en plus fort autour de son cou au point qu'il n'arrivait plus à parler, et à peine à respirer, il n'arrivait plus à réfléchir, son cerveau n'était pas suffisamment oxygéné, il était heureux à ce moment-là. Il n'entendait plus toutes ces voix dans sa tête, il n'entendait plus rien, il parti se coucher paisiblement après avoir signé sa lettre de suicide, et Ethan, seize ans, ne se réveilla jamais.

FIN