Différente

Lisaline

Je suis censée retrouver les garçons devant les toilettes. Normalement, il devrait aussi y avoir Cynthia....
Normalement.

Il faut que je fasse attention à ne pas laisser Neyra seule trop longtemps, au cas où.
Je suis un peu en avance et songe à ce que notre potentielle amitié pourrait apporter...en ce qui me concerne, le bonheur me semble une évidence !
Encore dans mes pensées, je ne remarque pas le petit groupe qui s'approche de moi.
-Hé, la tarée !, lance une voix qui ressemble à un crocodile en train de chanter (alias : la voix d'un garçon qui mue)
Pour info, vous avez bien lu : on me surnomme "la tarée", dû au fait que je traîne avec Neyra, ce que les autres trouvent complètement bête.
Et c'est avec mon caractère naturel de sanglier (c'est à dire que quand on me cherche, je fonce dans le tas) que je lui réponds :
-Qu'est-ce que tu veux, le merdeux ?
Celui qui m'a parlé prends une tête de racaille offensée.
-Prends pas trop la confiance parce que t'es pas trop en position de t'la jouer !
Je regarde autour de moi. Il ne fait aucun doute que tous ceux qui flânent, l'air de rien dans les environs sont avec eux...ils avaient prévu cette embuscade à l'avance. Mathis et Malik ne sont pas encore là, et j'ai laissé Neyra dans la cour...bref, je suis seule. Et surtout, ils sont beaucoup. Impossible de m'échapper...
Je prie intérieurement pour que les garçons ou des surveillants arrivent parce que sinon...je sens que je vais passer un sale quart d'heure...
Mais je ne me laisserai pas faire. Je ne tomberai pas sans leur mettre au moins un poing dans la gueule.
-Vous savez quand même ce qui va se passer si vous êtes pris ?, je leur fais, en luttant pour garder un visage impassible.
-C'est gentil de t'inquiéter pour nous mais t'en fais pas, répond le "chef". On a pris nos précautions, ajoute-t-il avec avec un sourire cruel.
Aïe.
J'ai l'impression de m'être téléportée dans le monde de la mafia...

Splam !

J'entends le bruit avant même de sentir le coup. Son impact me fait chanceler et j'ai du mal à me concentrer sur ce que ce mec et ses larbins sont en train de me dire.
-Tu nous complique vachement la tâche en défendant tout le temps cette sale albinos, continue le chef. Tu voudrais pas la plaquer et nous laisser tranquille, poulette ?
Le mot poulette est de trop. Je crois que c'est lui qui va recevoir mon seul et unique coup de poing.
Je serre les dents.
Il est hors de question que je laisse tomber Neyra !
-Jamais, je murmure.
-Quoi ? Répète, on a pas bien entendu ?
-JAMAIS PAUV'CON !!, je lui crache de toutes mes forces, le regard féroce.

Oups. Je crois qu'il n'a pas apprécié le "pauv'con"...
Et Bam ! Je me reprends un deuxième coup plus puissant, sur le flan cette fois. Merde....
Je me redresse, fébrile, quand soudain...
-Lisaline ?
Je tourne la tête et....triple merde. Neyra vient pointer le bout de son nez. Ça ne pouvait pas être pire...
Elle me scrute d'un oeil vif, puis se raidit quand elle voit les traces de coups. Son regard va de moi, aux garçons. Des garçons, à moi.
Lorsqu'elle baisse la tête, je sais qu'elle a compris. Au moment où elle la relève, je ne peux m'empêcher de frissonner.
Dans ses yeux dansent des flammes de rage.
Et, quand elle se remet à marcher, en direction des mes agresseurs, se plantant devant moi comme pour me protégé, je comprends mieux pourquoi j'ai frissonné à la vue de son regard.
C'était un frisson de peur.