Dix huitième plume

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- S'il te plait Jimin, donne moi quelques jours de ta vie, pour que je puisse continuer la mienne.

Elle mentait, elle se mentait.

Elle avait mis son cerveau en veille, son souffle en apnée, elle ne vivait que pour cet instant présent où ses yeux étaient plongés dans les siens.

Elle attendait qu'il fasse un pas vers elle pour la délivrer de cette petite mort qui la menaçait.

Elle jouait tout, elle mettait son cœur et son âme sur le tapis, car elle savait que si il ne lui accordait pas un peu de lui-même, elle sombrerait plus vite que prévu.

La sensation de vide était telle qu'elle se sentait au bord d'une falaise, prête à basculer dans le vide, à en perdre la raison.

Elle faisait taire cette voix en elle qui hurlait son désespoir de devoir le perdre, elle luttait pour se concentrer sur l'instant présent.

Il ne la verrait pas s'écrouler, il ne l'entendrait pas hurler son absence, il ne sentirait pas son cœur partir en lambeaux quand le jour des adieux viendrait.

Il ne verrait pas son âme se mourir et son corps se languir de lui.

Non, il ignorerait tout cela.

Elle ne voulait penser qu'à aujourd'hui, et vivre un court instant, l'illusion d'un bonheur près de lui.

...

Il posa sa main sur sa joue, caressant du doigt ses lèvres comme pour se remémorer leurs goûts.

Son regard brûlait de la même fièvre qui la tenaillait, il luttait contre lui-même pour ne pas accéder à sa requête.

Il voulait qu'elle vive une vie normale, qu'elle se marie, qu'elle ait des enfants, tout ce qu'il ne pouvait pas lui donner.

Et même, si l'idée qu'un autre homme la touche la serre dans ses bras chaque nuit, le terrassait de douleurs, il était encore plus terrifié à l'idée qu'elle ne vive pas.

Pour elle, il aurait franchi des montagnes, traversé des déserts.

Pour elle, il avait tué et le referait, sans l'ombre d'une hésitation.

Pour elle, il tremblait et tremblerait encore, quand elle serait loin de lui, à l'idée de ne pouvoir la protéger.

Pour elle, il aurait aimé briser les chaînes qui l'entravaient.

Mais il ne pouvait plus reculer. Le mot fin s'écrivait déjà sur leur histoire qui avait commencé à l'instant où leurs regards s'étaient croisés, comme si le destin avait décidé de les embarquer dans quelque chose qu'ils n'avaient pas choisi.

Sinistre farce que cette destinée.

Elle était juste une évidence, elle était son évidence.

Devait-il lui aussi se constituer des souvenirs pour survivre quand il serait enfermé derrière les barreaux d'une prison, ou cela le rendrait-il fou?

Rien ne les sauverait de cette fin annoncée, pensa t-il en posant ses lèvres sur les siennes.

...

La chambre était plongée dans la pénombre, la seule source de lumière provenait des rayons de la lune qui filtrait à travers les rideaux tirés.

Jimin la déshabillait lentement, embrassant chaque parcelle de peau dénudée, apposant son sceau sur sa peau comme pour la marquer à jamais.

Il fit glisser le long de ses jambes le dernier rempart qui la protégeait et quand elle fut nue devant lui, il ne put s'empêcher de reculer pour observer à loisir, le dessin de ses courbes.

Elle l'observait, la tête légèrement penchée en arrière pour accéder à son regard, dévoilant sa gorge nacrée, incarnation du désir.

De sa vie, il n'avait jamais autant désiré une femme, il ne souhaitait que l'allonger sur ce lit et la prendre jusqu'à ce que leurs corps rompus hurlent d'épuisement.

Pourtant il resta ainsi, à se repaître du spectacle de sa beauté, gravant chacune de ses formes dans son esprit.

Elle lui sourit, d'un sourire qui semblait contenir le monde et ses douceurs. Pourtant, dans ses yeux, il vit briller un éclat sauvage quand elle s'avança vers lui et posa les mains sur son torse qu'elle caressa du bout des doigts.

Elle n'était que douceur, mais la fureur coulait dans ses veines. Pleine de contradictions, elle incarnait la dualité dans son essence la plus primaire, et il en était fou.

Elle commença à déboutonner lentement sa chemise, dont elle écarta les pans pour poser ses lèvres sur ses abdominaux. Il ne put retenir un soupir quand sa langue dessina leurs tracés.

Elle passa dans son dos, faisant glisser sa main le long de sa taille et posa celle-ci sur ses épaules pour faire glisser sa chemise le long de ses bras, dévoilant centimètre par centimètre, le tatouage qui le recouvrait du cou jusqu'à sa chute de reins.

Il retint sa respiration un instant, inquiet de sa réaction .

Des ailes d'ange tatouées recouvraient l'intégralité de son dos, symbole d'une liberté qu'il n'avait jamais eu, symbole de son clan qui le retenait prisonnier.

Mais quand il la sentit suivre de la pulpe de son doigt le dessin en murmurant, il recommença à respirer normalement.

- Angel..

Il se retourna pour la prendre dans ses bras. Elle plongea alors ses yeux dans les siens en répétant.

- Angel ...

- ..Wings ... peut-être était-ce prédestiné, murmura-t-il avant de la prendre dans ses bras pour l'allonger sur le lit .

Il finit de se déshabiller, dévorant son corps des yeux alors que ses cheveux s'étalaient tel un rideau de soie noire sur le matelas.

Son corps douloureux du plaisir inassouvi, il s'allongea sur elle en prenant appui sur ses bras, la surplombant alors qu'elle écartait les jambes, prête à l'accueillir.

Ils s'observent un instant, se défiant du regard. Dans ses yeux, il pouvait voir le même désir qui coulait dans ses veines, mais aussi quelque chose de plus profond qui ne voulut pas lire, car il était incapable, à cet instant, de formuler les mots qu'elle voulait entendre.

Il ne voulait pas l'attacher par des paroles, car il savait au fond de lui que taire ces trois petits mots était peut être le dernier cadeau qu'il pouvait lui faire pour ne pas qu'elle souffre d'avantage.

Alors il entra en elle et lui fit l'amour lentement, exprimant avec son corps, ce que sa bouche ne pouvait prononcer.

Il se perdit dans ses soupirs et dans ses caresses, imprimant à jamais sa marque sur elle, lui criant ses sentiments dans chaque coup de rein qu'il lui assenait, se nourrissant de ses soupirs comme de mots d 'amour.

Jusqu'à ce qu'ils s'oublient complètement l'un dans l'autre pour ne rester qu'un seul être.

...

De cette nuit, ils ne garderaient que des flashs.

Ils ne se souviendraient que des odeurs de leurs corps qui se mélangeaient, que de la douceur de la peau de l'autre, que de la sensation de plénitude qui les avait envahi quand ils avaient enfin pu s'unir.

Ils oublieraient les larmes qu'elle avait versé, et l'angoisse qui les avaient étreint à l'idée du soleil qui se lèverait bientôt sur une nouvelle journée qui les rapprocherait de l'épilogue.

Ils oublieraient qu'ils ne s'étaient pas dit qu'ils s'aimaient.

𝐴𝑛𝑔𝑒𝑙'𝑠 𝑊𝑖𝑛𝑔𝑠Où les histoires vivent. Découvrez maintenant