Bien à toi, Louise

Lettre VIII

Ce matin il pleuvait fort et le vent a failli me déraciner au moins dix fois, mais j'ai pu aller mettre la lettre pour Harry dans sa boite. Quand je suis rentrée, Maryse ne m'avait donné toujours aucune réponse, et j'ai décidé d'écrire une nouvelle lettre à un inconnu. 

Le 8 octobre 2022

Cher inconnu (ou es-tu une inconnue ?),

Pour ce mois j'ai décidé d'écrire des lettres aux gens, pour leur faire plaisir, et s'ils en ont besoin, leur redonner le sourire. Alors j'espère que tu vas bien, et si ce n'est pas le cas, que ma petite lettre pourra te remonter un peu le moral. Alors voilà, je vais juste te dire que si tu ne veux pas sourire, rien ne t'y oblige, mais que parfois, ça peut faire du bien. 

N'oublie jamais qui tu es, tu as ta place en ce monde, alors même s'il ne t'arrive rien, pense à ça : Certains, chaque jour, doivent lutter pour survivre, travailler dur voir dangereusement. Si tu vis ici, je suppose que ce n'est pas ton cas, alors vois la misère du monde, aide ton prochain, et ton prochain t'aideras en retour. 

Bien à toi,

Louise

PS : Si tu veux me faire parvenir une réponse mon adresse : 34 Rue du Temple, même ville

Comme à ce qui est maintenant un petite habitude, je dessine quelques embellissements, plie soigneusement la lettre, la met dans l'enveloppe puis ferme cette dernière. J'écris Pour un inconnu sur le côté lisse et sors du bureau. Je gratte Charli sous le menton lorsqu'il vient me réclamer des caresses, puis met des vêtements d'extérieur avant de laisse mon chaton seul pour quelques minutes. La pluie s'est un peu calmée, mais pas le vent, et mon capuchon ne fait que de se retirer, alors je me mets à marcher à reculons. Je suis heureuse qu'aucun citadin ne soit là pour me voir déambuler pareillement, ni me sentir honteuse lorsque je fonce dans un réverbère. Cette fois je me rends dans le centre-ville et dépose ma lettre dans une boite toute brillante en bois verni, devant un jolie maison accompagnée d'un jardin bien taillé.

Les étoiles brillent et la lune en fin croissant illuminent la route mouillée. J'observe l'asphalte sur laquelle se reflète les parapluies colorés des rares passants, sur laquelle les gouttes d'eau rebondissent comme joyeuses de se trouver là. Charli est é mon côté, intrigué par les voitures qui passent en manquant de peu de tremper ma fenêtre proche du sol. Mon pyjama est tout doux, comme le pelage du petit chaton noir. Je me lève et mes genoux craquent, faisant sursauter Charli, qui détale. Je rigole et vais faire bouillir de l'eau pour me préparer un thé. 

Assise toujours sur mon canapé, j'entrevois une forme passer furtivement devant ma fenêtre, puis du bruit devant ma porte. Je pose ma tasse brûlante et vais voir, mais lorsque j'ouvre ma porte, je n'entend que la pluie qui tombe. Alors Charli miaule d'amusement, et je vois la forme en veste noire, encapuchonnée, jouer avec ses doigts depuis l'autre côté de la fenêtre, et le petit chat essayer de les attraper. Je devine alors que cette silhouette est l'un de mes correspondants, mais je n'ai que le courage d'ouvrir ma boite aux lettres et d'y attraper l'enveloppe blanche.