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L'exaspération l'envahit de nouveau lorsqu'une salve d'applaudissements retentit à l'extérieur. Poussant un énième soupir, Tobirama tenta de se replonger, sans succès, dans les détails du jutsu sur lequel il travaillait, une technique offensive dont la conception nécessitait la totalité de son potentiel intellectuel. Les quelques mots griffonnés sur un parchemin vierge pour essayer de retrouver le fil de ses pensées l'étaient en vain, et son nouveau support alla bientôt en rejoindre une série d'autres plus anciens tout aussi inutiles dans la corbeille. Et dire qu'il tenait tout juste l'élément qui lui manquait pour parfaire sa création ! N'en pouvant plus du brouhaha qui lui parvenait par la fenêtre qu'il avait volontairement gardée ouverte pour laisser un peu de fraîcheur pénétrer à l'intérieur, il se leva et la referma rageusement.

Depuis la veille, tout le clan était en ébullition. Chacun se préparait du mieux qu'il le pouvait en vue des festivités qui auraient lieu le soir même et s'étendraient probablement à une grande partie de la nuit. Les rues avaient été spécialement décorées pour l'occasion : des lampions et des guirlandes colorées étaient accrochées sur chaque devanture, et de nombreux stands avaient été installés sur la place. La joie était presque tangible chez les membres du clan Senju, pourtant l'un d'eux restait de marbre face à toutes les manifestations d'euphorie et de jovialité. Malgré la tradition que représentait cette fête, Tobirama restait enfermé chez lui, repassant au crible ses notes afin d'y repérer la moindre incohérence et n'ayant aucunement l'intention de sortir pour participer aux réjouissances avec le reste du clan. Bien que son frère lui ait assuré le contraire, son travail était bien plus important que n'importe quelle célébration.

Dix minutes plus tard, la seule chose qui avait évolué était la frustration qui l'habitait – encore plus intense qu'elle ne l'était auparavant – tandis que le papier devant lui restait inchangé. Il soupira une nouvelle fois, manifestant son ennui à ses frères qui le fixaient depuis la photographie posée sur l'étagère jusqu'à ce que l'air de reproche que semblaient arborer leurs figures immobiles lui fasse détourner les yeux. Ses doigts attrapèrent le pinceau qu'il avait laissé de côté et il força son esprit à se concentrer sur les derniers mots écrits, qui commençaient à ne plus ressembler qu'à des formes abstraites dénuées de tout sens à force de les fixer.

Tobirama commençait tout juste à apercevoir l'issue de l'énigme qu'était cette nouvelle invention lorsque la présence de ninjas ennemis lui parvint de plein fouet. Sa main s'immobilisa et il releva la tête, aussitôt alerte, son ennui envolé et remplacé par une forte agitation. La distance qui les séparait de la limite du clan s'atténuait un peu plus à chaque seconde.

Le Senju se rua à l'extérieur à l'instant même où ils franchirent la frontière. Ils ne pouvaient pas être arrivés ici par hasard. C'était impossible. L'emplacement du clan ne leur était pas inconnu, de la même façon qu'eux savaient très bien où vivaient leurs ennemis. Mais alors, leur visite inopinée avait forcément un but précis... Restait à savoir lequel.

Il remarqua du coin de l'œil la guirlande de papier apparemment réalisée par un enfant qui avait été grossièrement accrochée sur le petit arbre près de sa porte mais ne releva pas, décidant qu'il l'enlèverai à son retour. Non loin de chez lui se trouvaient encore quelques retardataires, des femmes qui ajustaient mutuellement leurs kimonos et parures colorées en discutant. Tobirama les dépassa et se hâta en direction de la place principale. L'adrénaline coulait à flots dans ses veines, mais pas pour la même raison que ses voisins pour qui seules les festivités importaient. La proximité des ninjas devenait de plus en plus inquiétante, et elle n'inaugurait rien de bon.

Tobirama repéra son frère dès son arrivée. Comment aurait-il pu le rater, parlant fort et gesticulant, avec des membres du clan agglutinés autour de lui ? Tous leurs regards convergeaient vers la petite estrade sur laquelle se tenait le chef du clan, vêtu d'un kimono clair ressemblant à celui qu'il portait habituellement.

Peaceful NightOù les histoires vivent. Découvrez maintenant