Peaceful Night

2

Le lendemain matin, lorsqu'Izuna se réveilla dans le futon, un corps chaud pressé contre le sien, il se dit d'abord qu'il est vraiment incorrigible, qu'il a encore ramené quelqu'un chez lui après une soirée un peu trop arrosée – sa gueule de bois en témoigne – et a fini par céder et accepter que sa partenaire reste pour la nuit. Il entreprit alors de se retourner péniblement pour réveiller la charmante demoiselle et lui demander de partir. Mais le quelqu'un à ses côtés ne correspondait pas du tout à l'idée qu'il s'en était fait. À la place de la silhouette féminine qu'il s'attendait à voir, il se retrouva nez à nez avec la forme endormie de Tobirama Senju. Non pas qu'avoir un homme dans son lit le dérangeait, loin de là. Mais de tous, pourquoi avait-il fallu que ça soit lui ?

La vue des bouteilles tombées au sol un peu plus loin fit ressurgir des bribes de la soirée passée chez son rival. Puis ses yeux se posèrent sur ses propres vêtements éparpillés dans la pièce. Oh, oui. Il était nu. Bien vite, d'autres souvenirs dont il aurait préféré qu'ils disparaissent à tout jamais se superposèrent aux précédents. Évidemment, partager un lit n'était déjà pas suffisant. Il avait en plus fallu qu'ils s'adonnent à ce genre d'activité. (Comment il avait pu réussir à y prendre part avec autant d'alcool circulant dans son sang restait d'ailleurs un grand mystère.) Décidant que maintenant n'était pas le moment pour s'en vouloir de s'être donné à son ennemi si facilement, Izuna se concentra plutôt sur sa situation actuelle – et les moyens d'y échapper. Prenant soudain conscience des bras forts entourant sa taille, il tenta de se dégager de l'emprise de l'autre homme en essayant de ne pas le réveiller. Initiative presque aussitôt couronnée d'un échec cuisant, puisque Tobirama ouvrit les paupières à peine quelques instants plus tard pour le contact visuel le plus gênant de toute son existence, bien que n'ayant duré qu'une fraction de seconde. Izuna détourna les yeux, le visage brûlant, et s'extirpa du futon presque à regret – il faut dire que l'expression de son rival au réveil et la réalisation s'installant lentement sur son visage auraient été comiques s'il n'avait pas été aussi personnellement impliqué.

Izuna se leva et commença à regrouper ses habits avant de se lancer dans la quête désespérée de son élastique probablement perdu quelque part entre les tatamis qui couvraient le sol. Toutes les excuses étaient bonnes pour ne pas avoir affaire à l'homme silencieux assis sur l'édredon.

Tobirama voulut indiquer la direction de la salle de bain pour briser le malaise que ne parvenait pas à dissiper le calme matinal. Sa voix s'éleva, rauque, et il dut s'y reprendre à deux fois avant de finalement transmettre l'information. Izuna se redressa aussitôt et partit dans la direction indiquée. Tobirama laissa sans pouvoir s'en empêcher son regard dériver vers la silhouette élancée du plus jeune, de ses cheveux noirs tombant en cascade sur ses épaules au bas de son dos, admirant la fine musculature du jeune homme. Sa disparition derrière la cloison du salon l'arracha à sa contemplation. Se giflant mentalement, Tobirama se leva à son tour, récupéra et enfila ses propres vêtements.

Izuna restait figé devant son reflet sans parvenir à s'en détacher. Ses cheveux étaient terriblement emmêlés, ses membres engourdis au point d'être presque douloureux... En bref, il avait connu de bien meilleurs lendemains que celui-là. La pensée que Tobirama n'avait pas l'air moins mal en point que lui le rassura un peu.

Un mal de crâne commençait à apparaître à l'arrière de sa tête. Izuna décida de l'ignorer : certaines choses pouvaient attendre d'être à la maison. Il continua de détailler son reflet tout en imaginant son retour dans la maison familiale. Retour qui, au passage, ne l'enchantait évidemment pas. Pas qu'il veuille rester ici, mais dans son état... De trop nombreuses taches sombres recouvraient l'intégralité de son corps : en étaient constellés son torse, son cou, son dos... ainsi que d'autres endroits où il aurait préféré ne pas en avoir... À vrai dire, il s'y attendait un peu. Il faut dire que son partenaire ne semblait pas avoir été épargné non plus. Izuna observa encore un moment les marques plus ou moins foncées qui parsemaient sa peau – et rendaient l'idée d'une confrontation avec son frère de moins en moins alléchante.