Hunt me.

Bored.

Lundi 09 septembre 2023, Chicago, département secret de la police, 15h.

-Non, Morrow, tu ne peux pas t'aventurer sur les affaires déjà entamées par un autre chasseur, me réprimande John.
-Putain John, fais pas chier! répondis-je avec un ton insolent, tu sais très bien qu'ils ne vont jamais y arriver! Ces deux gars là, ce sont des boulets!
-Je sais, mais tu connais la règle. On n'interfère pas dans une affaire déjà entamée. En plus, t'as déjà foutu un sacré bordel en ramenant la cible de Trayson l'autre jour.
-Pfff, soufflais-je, exaspérée.

John Salvat, lieutenant de la police de Chicago, quarante-six ans et encore toutes ses dents. Un femme, deux magnifiques enfants et un poste comme gérant de la section dite « secrète » des affaires criminelle de la ville, mais pas que. 

En me regardant souffler, John passe une main dans ses cheveux, se les arrachant presque au passage, secouant la tête à cause de ma réaction.

-Je sais que tu t'ennuies, Morrow-
-Sans blague, le coupais-je en haussant les épaules.
-Arrête. Je sais que tu veux bien faire, mais ça peut attendre. Il y a une dizaine de têtes qui vont t'intéresser.
-Les dossier arrivent quand ?
-Dans.. deux semaines.

Je me lève en furie de ma chaise, levant les mains au ciel d'un air estomaquée.

-Deux semaines?! criais-je, tu te fous de moi ?! John, c'est impo-
-C'est impossible, je sais. Mais tu feras avec et tu n'iras empêcher personne de travailler, compris ?

Je commence à tirer une tronche pas possible, ce qui ne passe pas inaperçu aux yeux de l'homme que je considère comme un membre de ma famille.

-Hashley.

Il m'appelle rarement par mon prénom, uniquement lorsqu'il est sérieux ou inquiet. Ou les deux.

-Tu as compris?

Je souffle encore une fois, secouant la tête de gauche à droite, avant de répondre.

-Tu fais chier. Appelle-moi s'il y a quoi que ce soit.

Un sourire se dessine sur le visage de mon collaborateur qui acquiesce avant de m'ouvrir le passage tel un gentleman. Je me dirige vers la sortie qu'il me pointe gentiment et ouvre la porte, lui disant aurevoir sans me retourner.

John est adorable. Malgré les difficultés qu'il a rencontré dans sa vie, il a su gravir les échelons et fonder sa famille. Il est celui qui m'a pris sous son aile il y a sept ans, lorsque j'ai commis mon premier meurtre, ou plutôt, lorsque j'ai abattu mes premières cibles. Il est probablement la seule personne en qui j'ai confiance dans ce monde rempli de pourritures.

Après avoir reçu un énième sms de sa part pour me faire jurer que je ne vais rien faire, je finis par mettre mon portable en sourdine pour me diriger vers un magasin de vêtements que je n'avais jamais vu auparavant.

-Et bien ma petite Morrow, c'est le moment de décompresser.

Au bout de deux bonnes heures, je passe enfin à la caisse après avoir essayé une bonne trentaine de vêtements et une bonne quinzaine de baskets. Je sors ma carte, payant ainsi le montant qui, comme à mon habitude, fait réagir tout le magasin. Je m'apprête à taper le code lorsque j'aperçois une jeune femme, comptant ses petite pièces de monnaie avec des baskets dans les mains avant de reposer la paire et de repartir lentement.

-Rajoutez ça avec, dis-je au vendeur en pointant la paire que la femme tenait dans ses mains.
-Vous êtes sûre? me questionne-t-il d'un air insolent, se moquant presque de la femme.
-J'ai l'air de plaisanter ? Ou d'y être forcée ? Laissez-moi lui payer sa putain de paire et faites pas chier.