Qui est le petit mousse ?

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Je tiens à préciser que ce défi n'en est pas vraiment un puisque le thème ne me vient pas d'Instagram. Il s'agit d'une petite rédaction que j'ai écrite il y a quelques semaines (pour les cours donc). Je l'aimais bien et je trouve que ça peut rentrer dans la catégorie "défis d'écriture" donc je la partage ici ! 

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Il était en nage dans son uniforme trop grand. Jamais je ne pourrais effacer de ma mémoire ce petit sourire timide qui ourlait son visage. Discrets mais toujours sincères, ces petits airs rêveurs ne le quittaient pas. Il semblait si fier, et ne cherchait même plus à le cacher. Sa place, il s'était battu pour l'obtenir et je savais que désormais, il la garderait coûte que coûte.

Notre rencontre datait de seulement quelques années auparavant. J'avais aperçu pour la première fois ce jeune homme alors que je rentrais chez moi. Même avec toute ma passion et mon expérience, rentrer sur la terre ferme après plusieurs semaines en mer était toujours aussi plaisant. Et pourtant, même pressé de retrouver la chaleur de mon logis, je n'avais pas pu passer à côté. Personne ne l'aurait pu.

Il se tenait droit, le visage au vent, assis sur l'embarcadère, ses pieds nus se balançant en rythme dans l'eau. Le soleil couchant faisait danser ses reflets sur les cheveux du jeune homme en un ballet aussi insaisissable qu'hypnotique. Ses paupières étaient baissées, ses lèvres légèrement entrouvertes et son nez remuait comme celui d'un enfant qui découvre le monde. Il semblait frêle, presque fragile mais sa posture dénotait. Il n'était pas avachi, comme ces personnes fatiguées de la vie, et au contraire, il semblait vouloir l'embrasser à pleine bouche. Droit, le torse bombé, il attirait tous les regards de par son aura.

Curieux, je m'étais approché de lui. Pas à pas, comme pour apprivoiser un animal sauvage, j'en avais oublié le monde pour l'observer. Rapidement je l'avais perçu, ce petit air mélodieux. De ses lèvres sortait un son joyeux, festif même, que l'inconnu interrompait de petits sifflements. Je ne connaissais pas cette chanson, ni son instrumentalisation, mais il émanait de celui qui la produisait une certaine tendresse et, je dirais même, de l'affection. Cela ne faisait que rajouter du mystère à sa personne.

Arrivé près de lui, je ne l'avais pas interrompu. Je pensais qu'il n'avait pas remarqué ma présence, jusqu'à ce qu'il interrompt brusquement son air. Il avait alors pivoté dans ma direction et d'un demi-sourire, avait avoué "Un jour je serais comme vous". Ces six mots furent les seuls échangés entre nous ce soir-là mais ils suffirent pour installer une sorte d'harmonie.

Depuis, je l'avais revu chaque jour. Il dégageait constamment ce petit quelque chose, cette touche de secret qui le rendait si mystérieux. Au début, je m'étais contenté de le saluer, souvent occupé avec mon équipage. Puis sans même m'en rendre compte, j'en étais venu à prendre du temps pour me poser à ses côtés, même si ce n'était que pour de brefs instants. Tous les soirs, assis sur l'embarcadère et pourtant la tête dans les nuages, nous avions simplement profité de la présence l'un de l'autre. Silencieux, nous observions le ciel et sa mer d'étoile. Le clapotis de l'eau nous détendait et j'en regrettais de ne pas profiter de ce paradis qui m'était pourtant offert chaque jour.

Il n'était pas très bavard, le petit mousse. D'ailleurs, il n'en était même pas un. Je l'avais rapidement compris. Ce n'était pas bien difficile aux vues des regards émerveillés qu'il lançait sans cesse à chaque marin. Je ne savais pas qui il était exactement. Son accent traduisait ses origines britanniques et il semblait avoir à peine plus de la vingtaine. Au fond, ça n'avait pas quelconque importance. Il appartenait à la grande famille des amoureux de l'océan et pour moi, c'était suffisant.

"C'est beau, hein ?" lui avais-je lancé un soir, curieux d'en apprendre davantage à son sujet. "Oui, ça l'est mais c'est aussi bien plus que ça", m'avait-il simplement répondu. Non il n'était pas marin. Oui il voulait le devenir. Et oui, étrangement, je me sentais proche de cet inconnu.

Petit à petit, nous nous étions ouverts l'un à l'autre. Je me mis à lui raconter mes longues journées tandis qu'il buvait mes paroles comme un assoiffé. Ce monde le fascinait et à son tour, il en était venu à se confier. Pendant de longues heures, qui nous paraissaient pourtant bien trop courtes, nous alternions entre doux silences et rêves partagés.

Aujourd'hui, donc, dans son tout nouvel uniforme, j'étais fier de pouvoir le compter parmi mon équipage. Le vent faisait désormais voler ses longs cheveux blonds, puisqu'il les avait laissés pousser. Ses boutons ornés d'ancres marines brillaient au soleil et leur marron faisait ressortir ses yeux clairs. Sa peau était plus bronzée qu'autrefois, agressée par le soleil, et ses muscles travaillés par l'effort ressortaient. Il avait changé, celui que nous appelons tous "le petit mousse", il avait grandi, mais il était également resté fondamentalement le même. Rêveur, ambitieux, discret. Aimable, bienveillant mais également ferme quand il savait falloir l'être. Et il était sacrément bon marin, le bougre. Toutes ces heures à nous observer lui avaient été bien plus bénéfiques que ce que j'aurais pu espérer et désormais, il était prêt. À partir d'aujourd'hui, cet homme dont nous ignorions tout, mises à part ses origines irlandaises, faisait partie intégrante de la famille que je m'étais choisi, prêt à embarquer avec nous pour la première fois.

Si seulement j'avais su que c'était également la dernière ...

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Bon bah ça partait plutôt bien puis la dernière phrase est venue gâcher l'ambiance mdr.

Je ne recontextualise pas ce qui nous a amené à écrire sur ce thème là donc libre à vous de laisser votre imagination vagabonder ... 

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⏰ Dernière mise à jour : Oct 03, 2022 ⏰

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