Serait- ce réciproque?

9- le père Dalovan

Après avoir parcouru tout le reste du chemin avec Steven dans un silence plutôt agréable, la jeune Dalovan pouvait apercevoir la maison de ce dernier au bout de la rue. Cette maison devant laquelle elle est passée tant de fois sans jamais pouvoir y pénétrer. La petite clôture blanche de bois la séparait aisément du trottoir.

- C'est là qu'on se sépare, non?

- Euh... oui. Je dois tourner dans cette rue.

- Si tu veux, je t'accompagne jusqu'à chez toi. C'est tout près.

- Merci de proposer mais tu n'es pas obligé. À demain!

Ça y est... l'heure était venu pour Lana de rentrer chez elle, où son gentil et tendre papounet l'attendait. Surtout, notez bien le sarcasme. Son père était tout sauf tendre et gentil. Franchement, elle aurait mille fois préféré dormir seule dans le lycée. Si seulement ça ne tenait qu'à elle...

Déjà arrivée devant sa maison, elle retira la clé de la poche de son jean pour l'insérer dans la serrure. Personne en vue. Son père devait sûrement dormir devant la télé, comme tous les après-midi. Alors doucement, elle referma la porte derrière elle, tentant de faire le moins de bruits possibles.

Pour l'instant tout va bien. Reste plus qu'à monter les escaliers sans faire de bruits et...

- Tu salues même plus ton père?

Zut! Pas de chance.

Les pieds sur les deux premières marches de l'escalier, Lana pouvait voir d'où elle est le salon. La télé était allumée sur les infos, et des bouteilles de bières vides surplombaient la table basse. Sammy Dalovan, avec ses cheveux noirs en bataille et sa barbe d'une semaine, occupait le fauteuil en face de la télévision. Vêtu d'une simple chemisette blanche tachée de sueurs et d'un short en jean troué, il avait tout l'apparence d'un clochard.

- Bonsoir papa... fit- elle.

- Tu es en retard. De plus d'une demi-heure. C'est quoi ton excuse?

- Et bien...

Nonchalamment, son père porta une bière à sa bouche, attendant la stupide excuse que sa fille, soi-disant sage, pourrait lui inventer.

- Amaya avait une chose à faire, alors elle m'a demandé de l'attendre. Ensuite... on a fait un bout de chemin ensemble.

- Amaya, hein? Cette p*tain de lesbienne? Je t'ai déjà dis de pas la fréquenter, elle veut juste te baiser!

D'un violent coup sur la table, Lana sursauta. Son père venait de hausser le ton de sa voix, signe qu'il s'énervait. Et c'était la dernière chose que voulait la châtaigne. Elle n'avait aucune envie qu'il finisse par recommencer à la frapper. Cela n'était plus arrivé depuis maintenant deux ans, et Lana s'efforçait à faire ce qu'il disait juste pour ne pas en arriver là.

Mais vu la façon dont le Dalovan venait de traiter son amie...

‐ Papa.

- Mhm?

- Ama est quelqu'un de bien et elle a parfaitement le droit d'aimer qui elle veut. En plus, je te l'assures, je ne suis pas son type.

- Quoi? Tu oses me contredire?

Pris d'un élan de colère, son paternel se leva du fauteuil et s'avança dangereusement d'elle. Le regard qu'il lui lançait était clairement menaçant.

- Je dis juste la vérité! Ajoute sa progéniture. Tu sais que je t'ai jamais menti!

- Et moi, je dis pas la vérité peut-être?!

Son poing serré s'était déjà élancé, prêt à frapper sa fille de plein fouet. Mais alors que Lana s'attendait à le recevoir, un bruit sourd se fit entendre à côté de son oreille gauche. Le point du Dalovan venait de s'écraser sur le mur.

- T'as de la chance que je sois d'humeur indulgente aujourd'hui! Allez, file dans ta chambre!!!

Malgré l'haleine fétide qui s'écrasait sur son visage, Lana était restée grandement surprise. Selon la puissance du coup qui s'était abattue sur le mur, son père aurait vraiment pu lui fracasser le crâne.

Alors lorsque les paroles du paternel atteignirent enfin son cerveau, sans laisser passer une seconde de plus, elle était déjà monter à l'étage pour s'enfermer dans sa chambre.

D'aussi loin qu'elle se souvienne, son père a toujours été un gros connard, homophobe, qui fumait et buvait sans interruption. Et qui en plus, tabassait sa femme et sa fille. Toujours cachée dans son coin, Lana se demandait souvent ce que sa mère avait pu trouver à un type pareil.

...