Hugo,25ans

01h48. Le vent souffle dans les arbres. Les arbres grattent la fenêtre, ils veulent tous accéder au spectacle, tous veulent voir ce corps, ce corps d’athlète. Hugo n’a que 25 ans mais est déjà nommé champion de France dans la catégorie poids léger dans le Muay-Thaï. Des personnes musclées, il en a vu des tas. Des hommes qui savent se battre, il en a déjà vaincu des centaines. Il enchaîne les victoires depuis qu’il a débuté la boxe thaï lors de ses 5 ans. Aucune défaite. Aucune tâche dans cet incroyable palmarès. Aucune cicatrice dans ce corps taillé pour le combat. Ses poings ont déjà fracassé des dizaines de crânes. Ses jambes ont brisé des centaines de rotules. Car oui, il a pu bénéficier d’un incroyable entraînement au sein de la mafia locale. Les études ne sont pas faciles et la vie n’est pas gratuite. Garde du corps depuis près de 10 ans. Il en a connu des guerres de rues, de territoires, des règlements de compte. Mais ce soir, son premier soir de liberté, après avoir enfin quitté cette mafia, ce poison qui s'insinuait en lui, lui coupait l’oxygène et toute forme de vie humble et respectable. Car oui, Hugo n’aime pas cette mafia, toutes ces pourritures qui y vivent lui donnent envie de vomir. Mais il tenait bon, pour lui, ses frères et ses sœurs. Il devait rapporter de l’argent chez lui coûte que coûte. Cependant, il y a seulement une journée, après avoir assisté et contribué à la torture, au lynchage ou au lapidage, il a assisté, mais pas contribué à un meurtre. Cet acte horrible, indigne de l’être humain. Il a vu un flingue pour la première fois de sa vie,cet horrible objet qui donne la mort comme on donne un bonjour. Cet arme qui abrite le diable et qui crache la faucheuse. Il l'a vue. Il l'a vue la cervelle sortant d'une tête perforée. Il l'a vu ce sang qui n'était pas dans les veines mais répandu sur le sol. Il l'a entendu ce son, le chant de la mort. Le dernier coup. Le jugement dernier n'est nullement donné par un quelconque dieu. C'est cet arme qui le fait. Cet arme qui décide de la fin de notre vie, on a pas le choix, notre mort dictée par un être métallique diabolique. Il a vu le corps de cet homme. Cet homme qui avait encore une vie devant lui. Cet homme qui avait des enfants à élever. Cet homme qui n'avait fait que désobéir aux ordres. Cet homme qui travaillait pour la police. Cet homme, un homme comme les autres si ce n'est qu'il a voulu sauver des vies, faire respecter une loi. Il n'est plus de ce monde maintenant. Tué en un instant. Tué par un être que Hugo considérait comme son ami. Le seul qu'il a su se faire au sein de cette mafia. Le seul qu'il a respecté, apprécié voire aimé. Cet homme qui se retrouve maintenant face à lui. Hugo face à son unique ami. Cet ami qui braque son revolver sur lui. Le boss lui a demandé de tuer les déserteur. Hugo en fait parti. Il doit le tuer. Aucune larme ne sortit, aucun regret ne fut énoncé. Seulement un mot, un mot avant qu'Hugo ne passe de l'autre côté, un mot avant qu'il ne trépasse. "Dommage"