Comme un bateau ton cœur chavire, il change de cap. Et moi je suis là, sur la rive, et j'attends que tu viennes me chercher.
Tu m'as laissée sur cette rive, tu m'as laissée au bord de l'eau pour t'en aller prendre la mer. Sans moi.
Et moi je me suis jetée à l'eau pour toi, j'ai nagé les yeux grands ouverts avec toi. Mais à peine un fleuve de traversé que tu m'as laissée là, au milieu des vagues.
Aujourd'hui je suis à la surface, à t'attendre. Je suis à la surface. J'en suis contrainte. Pourtant je traverserais des océans pour toi. J'aimerais me plonger dans l'océan de tes yeux.
Je te jette des bouteilles à la mer, des SOS, mais tu ne les retiens pas, trop occupé à observer les sirènes. Mais les sirènes sont fausses tu sais, et moi je suis réelle.
Je sais que ton bateau coule peu à peu, qu'il s'enfonce dans le brouillard et les profondeurs.
Alors, me considères-tu comme une simple bouée de sauvetage, ou accepterais-tu de remonter sur la rive avec moi ?
Beau comme un dauphin, cruel comme un requin. Tu me piques sans t'en rendre compte, tu me piques comme le feraient mille oursins.
Tu as le mal du pays et moi j'ai le mal de toi. Tu m'injectes ton venin et je suis infectée.
Au milieu de tous ces poissons je divague, mais toujours à la surface. Mes larmes sont des torrents que j'aimerais faire couler sur toi.
Je suis à la surface oui, et pourtant je me noie.