Antoine et Florence - L'art du crime

Une belle surprise

Un weekend en amoureux c’était exactement ce qu'il leur fallait en ce moment. Ils n’étaient pas partis depuis longtemps à cause du boulot, et ça leur manquait. Antoine avait fait la surprise à Florence vendredi soir : on part en weekend, prépare ta valise. C’est à peu près tout ce qu’il lui avait dit, aucun indice sur la destination. Les voilà donc tous les deux sur la route. Ils sont sortis de Paris et Florence n’a aucune idée d'où ils vont, mais elle s’en fiche. C’est agréable d’être seuls, loin de son père et de l’OCBC.
Au bout de deux heures de route, ils arrivent au bord de la Loire. En passant un pont, Florence observe l’eau en mouvement et la dense végétation qui borde le fleuve. Mais quand ses yeux s'arrêtent sur la ville qui leur fait face, elle reconnaît immédiatement le lieu. Il faut dire qu’elle connaît très bien l’architecture de ce château : elle est venu de nombreuses fois admirer la vue depuis le haut de ses terrasses. La tour centrale et le logis s’imposent au-dessus des maisons et de la Loire. On aperçoit, de chaque côté, les jardins surplombant les remparts. Le château royal d’Amboise lui avait toujours plus par sa superbe et son raffinement. Antoine sourit devant le visage ravi de Florence, la surprise avait fonctionné. Ils garent la voiture sur un parking qui borde la Loire et se dirigent vers leur hôtel pour la nuit. C'est une magnifique bâtisse au pied du château, couverte de plantes rampantes. A l'intérieur la décoration élégante du salon de thé ou du restaurant s'accorde parfaitement avec l'extérieur. Leur chambre est du même style avec un lit double immense en son centre.
Après avoir déposé leur bagages Antoine dirige Florence vers le restaurant qu'il avait réservé. Là aussi l'ambiance est très classe et romantique. Tout ça ne ressemble pas vraiment à Antoine. Alors, a table, Florence lui pose la question qui lui brûle les lèvres depuis leur arrivée :

- Il y a une raison particulière pour ce weekend romantique ?

Antoine reste un instant silencieux, surpris par la question. Il n'est pas sûr qu'un jour il s'habituera à la franchise de sa partenaire.

- Non pas vraiment. Simplement, je me disais que ça pourrait nous faire du bien de faire un truc rien que tous les deux.
- C'est vrai que c'est plutôt agréable, réplique Florence avec un grand sourire. Merci d'avoir organisé ça.

Après le restaurant, ils se baladent au bord de la Loire, flânent dans les rues de la ville jusqu'à ce qu'Antoine s'arrête au porte du château royal. Il se tourne alors vers Florence en réprimant un sourire.

- On y va ? Demande-t-il.
- On peut pas, c'est fermé a cette heure là, répond simplement la jeune femme
- T'inquiètes pas, je connais le directeur.

Antoine part devant l'entraînant par la main.

- Moi aussi mais ça change rien au fait que ce soit fermé, tente de lui dire Florence.

Mais Antoine ne l'écoute plus, il est déjà en train de pousser la porte d'entrée. La lueur de joie dans les yeux n'a rien à envier à celle des enfants un matin de noël. La porte s’ouvre et il s'engouffre dans le passage, tenant toujours la main de Florence. Ils montent le long de la rampe d'accès et arrivent dans le jardin face au logis. Ils contournent l'imposant bâtiment pour se retrouver sous les arches de la galerie. Arrivé là, Antoine ralenti, regarde droit devant lui et Florence sent sa main se crisper dans la sienne. Son autre main s'engouffre rapidement dans sa poche. Il la guide sous les arches ou l'obscurité du début de la nuit se fait encore plus sentir. Florence manque de trébucher mais elle est retenue par Antoine qui la rattrape par la taille. Malgré l’habitude, l’historienne de l’art rougit de cette proximité.

Ils finissent par déboucher sur la tour des minimes qui fait face à la Loire. Le lieu est décoré de plusieurs bougies et la vue sur l'eau de nuit est sublime. Le cadre est féerique.
Antoine se tourne vers Florence et se rend vite compte à ses yeux grands ouverts qu'elle ne comprend pas du tout ce qu'il ce passe.

- Xavier nous a laissé l'accès au château pour la soirée, la rassure Antoine. Je suis pas rentrée par effraction dans un musée, t'imagine pour le boulot.
- T'avais tout prévu, demande Florence.
- Oui, j'avais envie de revenir là où on s'était parlé pour la première fois. Je le savais pas mais c'est un moment qu'à changé ma vie.
- La mienne aussi, souris Florence.

Antoine ferme les yeux un instant et prend une grande inspiration avant de les rouvrir.

- Florence. J'ai jamais été très doué avec les mots ou à m'exprimer en général. Mais avec toi, enfin j'ai l'impression qu'on se comprend sans se parler, qu'on se complètent. Notre rencontre dans ce château, c'était le début de bien plus que notre travail ensemble. J'ai mis longtemps à m'en rendre compte mais je peux pas vivre sans toi. Quand j'allais pas bien, quand je ramait au boulot ou dans la vie, t'étais toujours là. Et maintenant je voudrais être toujours là pour toi. Je t'aime.

Antoine se penche en avant, met un genoux a terre et sort de sa poche une petite boîte rouge. Il l'ouvre pour découvrir une bague fine et élégante, avec un diamant en son centre.

- Es ce que tu veux m'épouser ?

Florence reste un instant sous le choc. Une larme vient rouler le long de sa joue avant qu'un grand sourire vienne illuminer son visage. Elle peine à articuler un "oui" qui a pour effet immédiat de détendre Antoine. Il sourit à son tour, se relève et passe la bague au doigt de Florence. L'historienne de l'art se jette à son cou et les deux amoureux restent enlacés devant la Loire, sous les lumières des bougies.

C'est encore un nouveau chapitre qui commence pour eux au château royal d'Amboise.

Fin.