« Je ne t'aime plus »
Ces mots raisonnent dans mon crâne comme un refrain incessant.
« Je ne t'aime plus »
Ce sont ces mots qu'il m'a dit sèchement, sans aucun tact, sans état d'âme après ces 4 années passées ensembles.
« Je ne t'aime plus »
Cette petite phrase qui peut faire s'écrouler tout votre monde en l'espace de quelques secondes qui vous paraissent soudainement comme une éternité. Assise sur la banquette de la table 16 du Pub, mes yeux sont rivés sur celui qui vient de m'arracher le cœur. Malgré son faible sourire, sa gêne est palpable et je sens qu'il n'attend qu'une réaction de ma part pour fuir lâchement le combat. Ce combat qu'il mène seul. Je suis le pays à qui on a déclaré la guerre alors que je n'étais même pas au courant qu'une tension subsistait.
« - Écoute Iona... Je ne m'attends pas à ce que tu me répondes ou même que tu comprennes, j'ai voulu être honnête, je pense sincèrement que je ne suis pas celui qu'il te faut et ... bafouille-t-il... »
Mes yeux le sondent inlassablement brûlant ses propres rétines par le biais de la haine que je lui envoie, je sens qu'il ne me dit pas tout. Il y a cette petite ride sur son front qui se creuse à chaque fois qu'il hésite à m'annoncer quelque chose qui ne va pas me plaire. Je le fusille du regard, je veux qu'il cède. Fichue pour fichue, autant qu'il soit véritablement honnête. D'un geste de la tête, je l'encourage sèchement à terminer son laïus.
« Et... Je ne sais pas comment te le dire..., ses mots ne sont qu'un souffle. J'ai rencontré quelqu'un. »
Sa voix est presque inaudible à côté du brouhaha des voix qui s'élèvent dans le bar. Pourtant, les paroles me frappent de pleins fouets au visage, comme s'ils les avaient hurlés. La claque verbale est douloureuse, sèche et véhémente sur mon esprit.
« - Pars ! c'est le seul mot qui réussit à sortir de ma bouche.
- Iona... Je ne ..., supplie-t 'il.
- Je t'ai dit de partir. »
Mon ton se veut sec, mes émotions sont bloquées. Je me force à revêtir ce masque qui m'aide tant bien que mal à surmonter l'instant. Son air gêné me donne la nausée, j'ai une envie acerbe de le gifler. Et pourtant, mes mains refusent d'agir, quelle lâche. Je suis de marbre, et mon esprit hurle, pleure, supplie pour qu'il ne me laisse pas. Dans une énième tentative, il tente de s'excuser, mais je ne lui en laisse pas le temps et le regard noir que je lui lance semble finalement le décider. Alors il se lève, prend son manteau, me regarde une dernière fois puis m'intime dans un murmure à peine audible un « Je suis désolé », qui parait pourtant sincère. Enfin il s'éloigne, sans même se retourner une seule fois.
J'ai été confronté comme beaucoup à de nombreuses défaites, déceptions et obstacle dans ma vie, pourtant, jamais je n'aurais pensé que la trahison en ferait partie aussi vite.
Toujours assise sur la banquette, mes yeux n'ont toujours pas quitté mon verre vide. Je relève difficilement la tête, mon esprit tentant encore d'assimilé le coup de fouet que je viens de prendre en l'espace de 30 minutes. Personne ne me regarde, je suis comme isolé dans une bulle extérieure. Les discussions vont de bon train autour de moi, les rires, les boutades et autres camaraderies animent parfaitement l'espace. Je suis la tâche noire sur le tableau, le défaut qui gâche le bon déroulement des choses. Une ombre m'arrache soudain à mes contemplations, et la serveuse qui se poste devant moins m'adresse un sourire radieux.
« - Vous souhaitez autre chose ? Votre ami va revenir ? s'enquit-elle poliment.
- Euh... Je... Non je vous remercie. Et... Euh, non je ne pense pas qu'il reviendra, je bafouille désemparée.
- Oh... D'accord, je vous amène l'addition, s'empresse-t 'elle de répondre. »
Elle affiche un sourire timide, elle vient de comprendre quelque chose sur la situation que je suis en train de vivre. Alors elle tourne les talons et part à une vitesse fulgurante. La façon dont les autres ont cette facilité à prendre la fuite lorsque la situation est embarrassante m'a toujours interloqué. Fuir ne servira à rien, sauf à retarder l'inévitable : la confrontation.
Sortant doucement de ma stupeur, je récupère l'addition que la serveuse est venue me déposer à l'instant. Non seulement je viens de me faire plaquer, mais en plus de ça William a eu le culot de me laisser payer la note... Je me demande finalement si le « désolé » finale n'était pas plus au sujet de la note que de mon état mental après son annonce.
Une fois allégée financièrement, je quitte le pub, toujours en proie à cette barrière émotionnelle qui m'empêche de sombrer. Je n'arrive pas à pleurer. Peut-être que je ne réalise pas encore la trahison qui m'accable. Ou alors suis-je devenue insensible l'espace de quelques heures. J'erre dans les rues de Glasgow en cette soirée d'automne à laquelle je ne m'attendais pas. Les rues sont belles, lumineuses, car le jour tombe tôt et que la lune monte haut dans le ciel en peu de temps. L'air frais me chatouille le visage et me glace les lèvres, une légère buée s'échappe de mes poumons et se confond rapidement dans le néant de la nuit. Marchant fébrilement, je me rends à ce qui été, jusqu'alors, notre « chez nous » ces 3 dernières années. Mon cœur se déchire encore et encore dans ma poitrine, m'oppressant de plus belle, rendant alors ma respiration dure et brûlante au fond de mes poumons. Je traverse les rues noires et vides. Aussi vide que mes émotions qui ne veulent toujours pas faire surface, l'auto-défense de mon corps a pris le dessus, peut-être pour me protéger mentalement, cependant, je sais que le mur finira par lâcher. Je serais alors submergée par la souffrance, la tristesse, et pire, je devrais faire face à ce sentiment d'abandon que je redoute tant.
Je franchis enfin la porte de mon appartement, lorsque j'allume, deuxième électrochoc : le vide. Certains meubles ne sont déjà plus là. Seul des traces de leur passage me prouvent qu'ils avaient bien occupés l'espace durant une période. Des moutons de poussière s'éparpillent, libérés de leur prison sous les commodes et autres mobiliers. Dans la chambre, l'armoire ouverte, mes vêtements eux aussi délaissés de leurs homologues masculins.
Alors tout était déjà prévu, pendant que William m'abandonnait, une autre personne se chargeait de l'effacer définitivement de ma vie. S'il n'y avait pas ces traces poussiéreuses qui jonche le sol, j'aurais pu croire que mon subconscient me jouait des tours.
Une vague d'émotions surgit enfin, me submergeant tel un ras de marrée. Mes jambes ne me supportent plus et je m'écroule au sol dans un fracas assourdissant, en proie à toute ces sensations que mon corps avait jusqu'ici tenté d'étouffer. Mes muscles deviennent douloureux et raides, bercés par les contractures musculaires que me provoquent les pleurs. Je ne tente pas de ravalais mes sanglots, bien trop las, préférant laisser larmes et plaintes se déverser de mon être. Je vomis ma rancœur, ma douleur et mes sentiments à même le sol.
Je la vois enfin, celle qui m'enveloppera au cours des prochains mois à venir, je la sens se lover contre moi comme un serpent enveloppe sa proie. Elle me consume et me brûle à vif : la souffrance. Recroquevillée sur le sol de ma chambre, je laisse cette dernière m'envahir, prendre possession de mon être et marquer au fer rouge mon âme. Tandis qu'au loin, tout au fond de mon esprit, sous les hurlements de mon cœur, la raison tente de se frayer un chemin qui me permettra de me relever de cette épreuve.
Je connaissais jusqu'ici aucune douleur comparable. Je ne me suis jamais senti aussi fortement trahie. Je sais que l'on peut être détruite, or je n'avais encore jamais réalisé à quel l'amour peut vous détruire en une fraction de seconde.
Je ne savais pas qu'un homme, aussi banale soit-il pouvait vous détruire autant.
Car il faut se l'avouer, à cette instant précis, mon cœur et détruit.
Je suis détruite, et je ne pense pas qu'on puisse faire pire.
Du moins c'est ce qu'a cet instant j'imaginais.
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L'Enfer des Dieux - Tome 1 - Obsidienne
Romance"Note d'avant-garde : Ceci est une Dark Romance. Se réserve à un public mature et averti. Il abordera des sujets de violences, des langages crus, du sexe, et d'autre qui pourrait heurter la sensibilité des plus sensibles. " Résumé : Elle une jeune...