L'œil

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Il fait tout noir et j'ai peur. C'est une frayeur constante qui me prends aux tripes. L'espace autour de moi est étouffant. Mes oreilles sifflent si fort que j'en est le tournis. Le bruit en fond est atroce.

Est-ce que ce sont des cris ? Pourquoi cri-t-ils tous avec tant de ferveur ?

Le monde opaque s'affine à mesure que mon ouï me revient.

« Mais qu'est-ce que tu fabriques bon sang ? Tu crois que c'est le moment de prendre une pause ? Putain ! »

Mollement je tourne la tête vers cette masse pas plus grande que moi. Ses joues sont flamboyantes, elles détonnes dans ce mélange de beige et de brun.

« Ne vois-tu pas qu'elle ne se sent pas bien ? Faut-il toujours que tu sois un sombre connard ?

- Alors ça c'est la meilleure ! JE suis un connard alors qu'on est entrain de se faire démonter et que madame nous fait une crise d'hypoglycémie ?

- Va te faire foutre. »

Cette même voix protectrice prends des tons de velours couvrant la ribambelle d'injures provenant de l'autre grande gueule. Sa main prends la mienne avec douceur et m'entraîne dans un coin de ce que je distingue être une petite pièce.
Malgré l'infinie bienveillance qui émane de cette femme, dont j'ignore le nom, je ressens toujours cette pression infernale lacérer mes entrailles.

« Dis-moi qu'est-ce qu'il t'arrives ? »

Elle passe sa main dans mes cheveux et alors que je me concentre sur le timbre de sa voix une décharge électrique parcours l'entièreté de mon corps. Je l'entends à peine pousser une plainte bien trop accablée par le flot d'informations et de sensations qui navigues en moi, certaine plus claires que d'autres.

Voyageur temporel.
Meurtre.
Désespoir.
Double.
Tuer.
Rage.
Immortel.
Crainte.
Détruire.
Armée ennemie.

Le temps s'arrête pendant que les informations, elles, augmentes. Je jette un regard sur l'endroit dans lequel je suis manifestement prise au piège. Nous sommes un groupe de cinq personnes : l'enfoiré, ma sauveuse, un garçon chétif, un aveugle et moi-même.

Un aveugle ? Personne n'est aveugle.

Sans m'en rendre compte je me met à le fixé de manière excessive. Mes yeux se perdent dans les siens. Il voit bien plus loin que ces quatre murs de béton. Son visage est orienté vers la porte à quelques mètres de ma personne, recroquevillée comme une enfant apeurée. Je suis une enfant apeurée. Mes pensées analyses ce sentiment écrasant qui endoloris mes muscles, l'angoisse. Le flot d'information diminue petit à petit pendant que je m'évertue à canaliser la terreur qui me submerge pour aucune raison apparente, mise à part l'état déplorable dans lequel nous nous trouvons, l'autre surexcité qui hurle des mots incompréhensibles dans une langue inconnue au bataillon et l'atmosphère aussi pesante que palpable.

Ce qui n'a en vérité durée qu'un millième de seconde prends fin. Je peux ressentir sur mon épiderme les derniers résidus d'électricité statique quitter mon enveloppe.
Nous y somme, les réponses sont là. Qui suis-je et surtout où est-ce que je-

Cette seule porte présente dans la pièce se met à trembler violemment avant d'être martelée brutalement de l'extérieur. D'autres hurlements. Plus hargneux et menaçant que ceux de mes collègues désespérés. Ces mêmes collègues qui se troués vers moi dans une ultime supplication que je n'arrive pas à comprendre.

Que me veulent ils ?

Tout mon corps me cri de partir à l'affrontement mais j'en suis tout simplement incapable. Leurs pressions sur mes épaules pèse aussi lourd que toute la misère du monde. Nous sommes en guerre. Et je suis leurs bouclier. Voilà ce qu'ils attendent de moi, que je les protèges. Seulement je suis complètement tétanisée, incapable bouger. Si seulement ma peur pouvait s'essoufflé aussi rapidement que le crépuscule ne prend fin.

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⏰ Dernière mise à jour : Feb 29 ⏰

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