- CHAPITRE 1 : Jackson Hole -

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- Chapitre qui fait partie de la version non corrigée

- Fait partie du tome 2 des Alka-Vayn qui sort le 31 octobre prochain

JACKSON HOLE, WYOMING

NOËL 2014

Je me rappelais encore ce que j'avais pensé avant d'embarquer dans cet avion qui devait me ramener chez moi il y a quelques mois : « Je reviens chez moi après avoir disparu plus de trois longues années, mais ça ne peut être que pour le meilleur. » 

Je pensais bêtement que j'allais pouvoir faire comme si rien ne s'était jamais passé. Tout aurait dû être différent. J'ai donc repris ma vie là où je l'avais laissée. J'ai pu reprendre mes études et je me suis même fait de nouveaux amis. Sains, cette fois. J'ai finalement avoué à mes parents que je me suis fait enlever, mais pour ma famille ce n'était pas suffisant. Alors ma soeur a fait l'erreur de fouiller dans le passé sulfureux que je tente d'oublier et m'a planté un couteau dans le dos quand elle a finalement obtenu ce qu'elle désirait. Et la douleur causé par le poignard qui est encore encastré dans ma chair devient plus insoutenable chaque jour. 

Oui, tout aurait dû être différent. 

À commencer par les fêtes familiales. 

Autrefois, j'adorais Noël. 

Aujourd'hui, il n'y avait plus rien à célébrer et mes parents ne voudraient probablement plus jamais me parler. Je l'avais prédit. Le rejet, c'était ce qui m'attendait depuis le début. C'était peut-être le karma, en fin de compte.

 Je n'arrêtais pas d'y penser depuis que j'étais à Jackson Hole, dans le chalet qui me rappelle sans cesse ta présence. Si je me concentrais suffisamment, je pourrais sans doute encore sentir ton odeur planer dans la chambre, par-dessus le parfum de Natalia. Il était plus de quatre heures du matin et j'étais couchée dans le lit immense que nous avons un jour partagé. Mais cette fois, ce n'est pas toi qui dors près de moi, mais Natalia. Ses pieds sont collés contre les miens, elle est gelée. Je contemplais le plafond sur lequel semblait briller le film de ma vie. Je n'avais pas fermé les rideaux, alors je pouvais apercevoir la neige tomber par la fenêtre quand je tournais la tête. Depuis notre arrivée ici, je dormais mal. J'avais peur de fermer les paupières, parce que les cauchemars se sont plus horribles au fil du temps. C'était pour cette raison que Natalia et moi partagions la couverture. Elle s'inquiétait davantage pour moi depuis que nous avions quitté Denver. Difficile d'imaginer qu'il y a peu de temps, je prétendais aller mieux. Je savais que je n'allais pouvoir me rendormir, alors tout en essayant de faire le moins de bruit possible, je me levai, enfilai un sweat par-dessus mon pull à manches longues et des chaussettes. Ensuite, je descendis. 

Dans la pénombre, j'arrivais à me guider en touchant les murs. Je n'avais pas spécialement envie d'allumer, je préférais marcher dans le noir. Le calme régnait, mais cette obscurité effrayante me rappelait des souvenirs inavouables et sensuels qui me revenaient en tête, surtout la nuit. Dans la cuisine, je découvris dans une grosse casserole posée sur les plaques de cuisson, le reste de la soupe que Natalia avait préparé la veille. C'était un plat russe, le bortsch, un potage avec de la betterave et de la viande. Je choisis de la chauffer tout en cherchant la bouteille qu'elle avait ramené de la cave. Je la découvris près de cafetière. Elle était pratiquement terminée. Depuis que nous étions ici, nous enchaînions les verres de vin, les discussions sur nos familles et la fac. Mais ce qu'elle m'avait dit en arrivant ici me revenait sans cesse en tête, surtout lorsque je me retrouvais seule, comme maintenant. Tandis que le potage bouillait, mon regard se perdait par la fenêtre à travers laquelle les flocons semblaient s'emballer. Une tempête s'annonçait, mais ici nous étions en sécurité. C'était ironique, d'ailleurs. 

ÉDITÉ | LES ALKA-VAYN, TOME 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant