Un nouveau départ

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Lorsque les vagues viennent s'écraser le long des rochers on pense qu'elles vont nous emporter comme elles emportent le vent. Cette bourrasque humide enchanteresse m'emporte et se calme aussitôt. Cette sensation m'est ressourçante et apaisante. Jamais je ne me lasserais de cette image des flots. Depuis que j'ai déménagé pour m'installer le plus loin possible de ma vie passée je me sens mieux. Quand j'ai retrouvé mon ancienne maison qui a une vue grandiose sur cette grande étendue et l'odeur du sel je n'ai pas hésité une seule seconde, j'ai quitté les paysages pollués de la ville pour m'installer au bord de la mer.

Je marche au bord, les rouleaux de vagues me chatouillent les pieds. Je continue mon chemin en coupant par la plage, il ne me faut pas plus de cinq minutes pour arriver chez moi. Je laisse mes converses pleines de sable à l'entrée de la véranda et déverrouille la porte d'entrée. A tout juste dix-huit ans je possède déjà cette gigantesque maison avec vue sur la mer et pas loin de la ville en plus. En fait, cette maison appartient à ma famille depuis des décennies et depuis cette nuit tragique elle m'est revenue de droit.

Je revois encore maintenant le regard apeuré de ma mère lorsque la voiture se remplissait peu à peu par l'eau de la rivière. Tout s'est passé si vite, un pont, une nuit sombre et tout peut basculer. Ce qui a été le plus terrible ce n'est pas le choc de la voiture mais le fait de penser que chaque seconde pourrait bien être la dernière. La voiture s'enfonçait de plus en plus dans l'eau noire glacée. Mon père essayait de casser la fenêtre alors qu'il savait pertinemment qu'il n'y avait aucun espoir de s'en sortir vivant. On se tint tous une dernière fois par la main puis vint notre dernier souffle. Tout ce dont je me souviens après ça, c'est que je me suis réveillée dans cette chambre d'hôpital des tubes traversaient mon corps puis, c'est le noir total. Je crois bien que quelqu'un a crié mon nom quand mes yeux ont finalement décidé de s'ouvrir, et c'est là que j'ai trouvé ma tante, les larmes aux yeux, me serrant la main. C'est elle qui s'est chargée de m'annoncer la nouvelle qui va suivre "tes parents n'ont pas pu s'en sortir, je suis désolée ma chérie". Tout mon monde s'est écroulé à cet instant précis, plus de parents cela signifie plus aucune vie pour moi. Pourquoi est-ce que je ne suis pas morte avec eux à ce moment là ? Tout le monde l'ignore apparemment.

Les jours passèrent et j'enchainais les examens de santé, c'est alors que j'ai rencontré cette infirmière. Elle aussi, étant plus jeune, a perdu un être cher. Elle m'a aussi dit que le deuil allait être très dure mais qu'il fallait que je m'accroche. Et c'est ainsi que quelques mois plus tard, quand je suis sortie de l'hôpital je n'avais qu'une seule idée en tête : prendre un nouveau départ !

Et c'est donc pour cela que j'ai décidé de m'installer dans notre vielle maison de vacances dans laquelle j'ai passé tous les étés sans aucune exception. L'île sur laquelle je me trouve se nomme Falling, et est incroyable. Elle n'est pas très grande alors je ne risque pas de m'y perdre ! Je crois que ce qui me plaît le plus ici c'est le beau temps toute l'année et les rares averses. J'y connais quelques personnes dont Anaïs, ma seule amie depuis que je suis arrivée.

Soudain, mon téléphone vibre dans ma poche, il me sort de ma rêverie :

-hey, tu m'entends? Il y a quelqu'un ?

-oui je suis là. Qu'est-ce que tu me veux ?

-t'as oublié qu'on devait se voir avant les cours ?

-ah oui c'est vrai désolé ... Il est quelle heure ?Quoi, déjà? Non c'est pas possible. Je suis en retard !!!

Pas le temps de la laisser terminer sa phrase que je raccroche précipitamment. Je rassemble me affaires et cours en direction de l'université. Enfin arrivée devant le bâtiment imposant je dévale les escaliers en direction de la salle de littérature française.

Quand on s'envoleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant