Le blizzard striait ses illuminations jusqu'au creux des yeux de Yeosang. Allongée devant lui, la silhouette d'un déshonneur prochain ébranlait tout son corps d'appréhension, et pourtant, ses mains tremblaient d'ardeur et de hâte. Les restes du soleil s'égaraient sur la peau du jeune homme, tanguant au travers de ses mouvements frénétiques quand l'impatience le secouait durement.
Les adolescents scintillaient autour de lui, se drapaient de magnificence en cette soirée de renaissance et le poudraient parfois de regards grandioses. Il se cachait sous l'asphalte un royaume de splendeur, et dans ce bal de mortels des nobles oubliés revêtaient le corps perdu de leur âme vagabonde. Yeosang observait cette rue des astres, où les étoiles ambulantes dansaient jusqu'au gymnase délabré qui remplaçait un château merveilleux.
Bal de promo 1985, un vendredi de juin, à s'exalter des génies infantiles au premier jour de vacances.
Le jeune homme passa sa main dans ses cheveux châtains, remit ses manches blanches convenablement en se plaignant de son inconfort face à l'attente interminable. Ce soir-là, il ne pensait à rien d'autre qu'à la gloire que lui insufflait son cœur, sa fierté s'embrasait, l'auréolait des renoms juvéniles. Il voulait être un roi, pour le meilleur et surtout pour le pire.
Il se satisfaisait de ses airs séraphiques, ses clavicules dévoilant une traînée d'or qui se glissait dans son torse fardé de dentelles et de satin. Quelques flots célestes éparses s'exhibaient sous ses yeux affabulés, c'était un ingénu à qui il plaisait les viles satisfactions des louanges. Il était couronné des fleurons d'adonis et se préparait déjà à asservir ces foules adolescentes qui brûlaient d'allégresses infantiles. Hélas, les délices d'éphèbe tremblaient sous la solitude en cet instant, il ne rêvait que de son fabuleux cavalier pour annihiler la misère et l'ennui.
Il observa un rideau de platane jouer une pièce abstraite, théâtre de songes heureux et affublé de désolation. Les oiseaux tiraient leurs répliques par-dessus les harangues des feuilles, de longues poésies qui s'essoufflaient des soleils couchants. La mélancolie de ne plus revoir l'enfance radiait les cieux ambrés, mais une prochaine nuit empoussiérée de faste faisait taire les regrets, et les esprits, suintant de beauté, tuaient leur embarras dans des ornements pailletés.
Se détachant des ombres naissante, Yeosang vit au loin Jongho sortir du véhicule de sa mère en la saluant. Il tenait une veste blanche avec attention, elle contrastait avec son costume noir dénué de fantaisie. En le voyant s'approcher, le châtain épancha son regard en un sourire que le plus jeune lui rendit, et son cœur s'étreignit d'ataraxie.
« Merci pour ma veste.
— Avec plaisir, je n'aurais pas voulu que le roi attrape froid. »
Le plus âgé des deux rit aux airs sots de l'autre, frappant sans violence son bras pour venger les mauvaises plaisanteries. Il attrapa le vêtement en glissant quelques mots à l'air, suggérant une escapade aux toilettes du lycée avant de plonger entre les foules. Ils se promenèrent ainsi dans les couloirs, s'amusant de chacun en sentant toujours leur corps trembler d'appréhension.
Quand le châtain s'éloigna de lui, Jongho observa les miroirs de la pièce, approchant son reflet pour remettre ses mèches brunes en place. Une certaine fougue s'éprit de son palpitant en croisant son regard, il imaginait mille contes à travers son propre visage, des pièces où la déchéance s'enivrait d'eux. Ses doigts trémulant s'accrochèrent au bord de l'un des lavabos, crevant les motifs marbrés se rayant de gouttes. Un ton hésitant dépassa ses lèvres, il murmurait ses songes en des questions incertaines.
« Tu es toujours d'accord avec le fait de... tu sais, s'afficher comme ça ce soir ? »
Yeosang revint vers lui, laissant un mince filet d'eau ruisseler sur ses mains qui se gonflaient de bulles blanches. Ses yeux se baladèrent distraitement à travers la glace puis s'arrêtèrent vers le corps appété du plus jeune, croisant son regard attentif dans l'attente d'une réponse. Il s'accouda au bord de l'évier, réfléchissant un instant.
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𝐓𝐑𝐎𝐏 𝐏𝐑𝐄̀𝐒 𝐃𝐄 𝐋'𝐀𝐏𝐎𝐓𝐇𝐄́𝐎𝐒𝐄
FanfictionPour une soirée d'adulations, les fantasmes d'une gloire illusoire pleurent dans les esprits d'enfants presque adultes. Bal de promo' dans les années quatre-vingt, Yeosang et Jongho tentent de faire briller l'outrage pour faire valoir leurs idées, e...