« Ce que j'ai fait ne peut être défait. »
Entre les conversations agitées et les pintes levées, je somnolai toute la soirée assise dans ce petit coin que je ne trouvai ni l'envie ni la force de quitter. Le flux et le reflux berçaient mon corps tandis que mon âme plongeait de plus en plus profond. Parfois, une protestation ou un projectile perdu me tirait de ma torpeur et j'émergeais, je relevais la tête dans l'espoir que Zed ai cessé de me surveiller. Mais son regard attentif me scrutait toujours et aussitôt je replongeais la tête entre mes bras pour m'abandonner à mes lugubres pensées.
A la nuit tombée, l'équipage déserta les lieux. La cabine s'immergea d'un profond silence et je saisis l'occasion pour me hisser sur mes pieds douloureux. Aussitôt debout, mon corps se déroba. Ma main eut tout juste le temps d'atteindre la table la plus proche pour s'y rattraper. Je soufflai en silence pour évacuer ma crispation. Mes jambes engourdies refusaient de me soutenir et en cet instant, je les haïssais plus que jamais. Doucement, elles se ranimèrent et je m'avançai, vacillante, jusqu'à la porte. Lorsque je mis enfin le nez dehors, le pont était désert. Le vent iodé agitait les voiles et le petit navire progressait, paisible, sur un océan d'étoiles.
Je me traînai jusqu'au bastingage pour m'y affaler, engourdie. Dans un élan irrésistible, je me penchai, les bras suspendus au-dessus des flots.
« Tu ne comptes tout de même pas sauter ? me surprit la voix de Zed. »
Surprise, je fis volte-face. Jamais il ne me lâchait d'une semelle. Il fronça ses sourcils noirs puis s'adoucit avant de s'accouder au parapet à mes cotés.
« Si je ne savais pas ce que je sais... j'aurais sans doute de la peine pour toi... déclara-t-il.
— Je n'ai pas besoin de ta pitié. Et qu'est-ce que tu sais sur moi ? demandai-je, intriguée.
— Tu es la complice de Jhin... ça me dégoûte rien que d'y penser. »
Je soufflai.
« Que crois-tu que j'ai fait ?
— Tu as participé à ses crimes... Il paraît que tu as assassiné ton propre père ? »
Mon cœur s'assombrit et mon regard se perdit sur le large.
« C'est impardonnable, je le sais...
— Tu as tué d'autres personnes ? C'était agréable ? »
Ma gorge se noua . Zed me provoquait ouvertement et pour le contrer, je pris sur moi. Après tout, je ne pouvais ni nier ni justifier les abominations que j'avais commises.
« Oui... j'ai tué mes amis... j'ai même tué mon amante...
— Une vraie veuve noire... murmura Zed avec un mépris certain.
— Et non... ça n'avait rien d'agréable...
— Comment ça ?
— Je les ai tous livrés à... Jhin... voilà ce que j'ai fait. »
La simple évocation de son nom rouvrit une profonde déchirure, des regrets que je m'efforçais d'enterrer vivants. Je l'avais trahis mais je l'aimais de tout mon être. Dans sa cruauté, il avait su exactement où frapper pour me détruire et pourtant je l'aimais encore.
« Pourquoi ? interrogea Zed.
— Pourquoi ? Pour l'Art... évidemment.
— Vous faites un beau couple de cinglés ! »
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Ode au Chaos [ Zed & Jhin • League of Legends fanfiction ] (Terminée)
FanfictionLa danse des âmes défigurées dans un voile macabre, le crescendo de la chaire liquide sur la toile de votre esprit, autant de châtiments qui vous feraient envier une flèche de l'Agneau ou une morsure du Loup. Dévalez le versant de vos hantises, livr...