chapitre 1

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mini disclaimer : le 1 est bien, le 2 est mieux

11:15. avion.

L'embarquement s'était fait promptement.
Ahlem avait à peine eu le temps de cligner des yeux qu'elle se retrouvait arrachée des bras de sa famille à passer sous les portiques jusqu'à rejoindre sa place dans l'avion.

Le personnel s'agitait, entre expliquer les règles à suivre dans une situation critique et distribuer des friandises à des passagers acariâtres, il y avait à faire.

Ahlem regardait avec attention les hôtesses de l'air et leurs nœuds parfaitement serrés autour du cou, leurs chignons plaqués et luisants,
leurs robes bleu nuit parfaitement taillées qui embrassaient leurs corps sveltes tout en laissant àl'imagination.

Elle les avait toujours trouvées fascinantes : cette façon de toujours garder son calme et de se présenter de manière si épurée était à ses yeux un art en soit.

Une fois les explications terminées, ainsi que les encas payés, chacun s'était installé confortablement, ajustant leurs dossiers et le pilote avait démarré depuis une bonne trentaine de minutes.
Tout allait pour le mieux.

Cependant, un léger détail : à côté d'Ahlem était assis son tout nouvel époux, un homme à qui elle vouait une haine grandiloquente : qui était des plus réciproques par ailleurs.
La simple pensée que son mari était à quelques centimètres de sa peau suffisait à la révulser.
Et au moment où elle s'imaginait s'enfuir par le hublot grâce au parachute vissé sous son siège, loin des promesses vides qu'elle avait faite et tout ce qu'elles comportaient, elle sentit un souffle d'air chaud caresser son oreille.

"T'aurais pu dire non."

Et à peine avait-il prononcé ces mots en un murmure si sec et si franc qu'il parut irréel, qu'il enfila son casque et entreprit de sortir un livre avant de le feuilleter, comme si la destinataire de cette phrase avait disparu la seconde ou celle-ci avait été prononcée.

C'était la première fois depuis la cérémonie religieuse qu'il échangeait. Jusque là, ils faisaient de leurs mieux pour échapper au dialogue, ainsi qu'à tout contact physique et visuel.

Elle savait parfaitement à quoi il faisait référence. En tout point. Il parlait de la demande. Mais comment osait-il?
Cet homme se permettait des jugements aussi hatifs sur sa personne sans même faire l'effort de comprendre le raisonnement des actions des autres ; c'était pour ça qu'elle l'avait toujours pris en grippe, il affichait constamment sa supériorité et avait ces manières qu'elles trouvaient si désinvoltes et agaçantes qu'elles ruinaient tout possible aspect positif chez lui.

Après tout, pourquoi avait-il proposé si il souhaitait tant entendre un non de sa part ?
Ce n'est pas comme si elle était ravie de compléter la moitié de son dine avec un tel individu.

D'aussi loin qu'elle se souvienne, il avait toujours été hautain, et de tout aussi loin qu'il puisse se rappeler, elle avait toujours été atrocement têtue.

Elle hésita à rétorquer, mais se ravisa ; envenimer la situation ne servirait à rien, à présent elle devait se faire à l'idée de vivre au bout du monde avec l'homme horripilant qui lui servait de conjoint.
Enfin, seulement par titre.

Il était maintenant 12:00.
Plus que quatre heures à tenir bon.
Encore assommée par le manque de sommeil, elle décida de reposer son esprit et son âme, de profiter d'un monde où ses soucis présents s'effritaient, même si le prix à payer lors de son éveil, lorsqu'elle aperçevra son visage, lui brisera le cœur à nouveau.

...

Or, vous imaginez bien sa surprise lorsqu'elle s'éveilla trois heures plus tard non pas assise mais complètement affalée sur son siège ainsi que celui de son mari, vide.

Elle jeta un bref coup d'œil à l'endroit qui portait la trace de son visage, qui eut pour effet de rougir son teint hâlé : trois petites gouttes de salives avait imbibé le tissu laineux. Ahlem ne savait plus ou se mettre.
À cet instant, elle était tellement gênée d'avoir autant pris ses aises, et tellement préoccupée par ce que les gens avaient pu en penser qu'elle en avait oublié la mystérieuse disparition de son cher compagnon.

Lorsqu'enfin elle reprit ses esprits, elle tourna avec détresse sa tête de droite à gauche pour chercher le fuyard pour le trouver quelques places plus loin, dans l'unique rangée vide de la classe.

Il tenait toujours le même bouquin : c'était à se demander de quoi il parlait pour qu'un homme aussi volatile s'y intéresse. Elle eut la bonté de penser que peut-être, peut-être s'était il écarté pour la laisser se reposer?
Peut-être que, il avait décidé de se montrer agréable et qu'une cohabitation serait donc possible à l'avenir ?

Ces illusions furent sans surprise vites brisées. L' homme sur lequel elle spéculait avait senti son regard insistant et avait deviné immédiatement ses intentions, qui étaient pour le moins évidentes. Il lui envoya donc un message, plutôt que de se déplacer, afin de clarifier ses motivations.

" Tu ronflais, ça me dérange. "

Ahlem ne prit pas la peine de repondre.
Essayer de répondre avec maturité à un gamin aussi obstiné? Peine perdue, si vous lui demandiez.

Enfin, elle allait bien devoir s'y faire, après tout : dans une heure ils seraient arrivés dans la ville où se trouvait leur nouvelle demeure. Plus qu'une heure de tranquillité.
Plus qu'une heure avant la descente aux enfers.
    
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