Choix (BxB)

Prologue

Mai 2005
16 ans

- Excuses-moi je pourrais te parler seul à seul?

Je me tournais vers la voix grave et puissante qui venait d'arrêter le combat que j'avais commencé avec mon meilleur ami. Malgré les 5 têtes qui le fixaient avec curiosité, le nouvel arrivant ne se démonta pas et attendit visiblement ma réponse.

- Pourquoi ?

Il me fixa puis posa un regard lourd de sous-entendus sur mes amis. Je me décidai finalement à le suivre, intrigué.

Je l'avais vite reconnu: Loukas O'malley. Depuis le début de l'année je n'avais pu détaché mon regard de sa haute silhouette. Sa carrure imposante et sa taille mince m'impressionnaient depuis le premier jour. Cependant, ma question était légitime: bien qu'étant dans la même classe, jamais aucune parole n'avait été échangée. Appartenant à 2 groupes d'amis différents, nous n'avions partagé aucune pause ou repas... Je n'avais fait que le regarder de loin... et profiter de la vue.

Après s'être arrêté devant la fontaine, il me fixa de son regard de braise. Il n'était pas beau dans le sens classique du terme. Ses cheveux ébènes contrastés par des yeux ambrés lui donnaient cet air atypique dont j'étais fou.

Je le vis baisser la tête, prendre sa respiration le plus discrètement possible et la relever puis enfin se lancer:

- J'aimerais apprendre à mieux te connaître. Je crois que tu m'attires...
Accepterais-tu de sortir avec moi ou au moins essayer?

Le regard droit, il me regarda dans les yeux sans sourciller après avoir lâché cette bombe. Avec qui que ce soit d'autre une telle déclaration m'aurait sans doute parue risible et très collet-monté mais pas si c'était lui. Il faut bien avouer qu'il était à mon goût et qu'avec sa classe naturelle, il ne pouvait pas inspirer la moquerie.
Aussi très attiré par cet étrange personnage, j'avoue avoir eu envie d'acquiescer.
Malgré tout, plus de retenue s'imposait. On ne saute pas à la tête des gens... Je ne tenais pas spécialement à endosser le rôle du mec facile même si votre dieu est en face. Un peu de dignité!
J'avais finalement trouvé une parade pour me donner le temps de réfléchir tout en prenant ma décision rapidement.

- Je connais un café sympa. Veux-tu qu'on aille s'y poser?

Hochant la tête, il me regarda avec assurance comme s'il avait compris mon manège et ne doutait pas que la réponse serait positive.

***
Une fois attablé, j'envoyai un texto à mes amis pour les prévenir qu'il serait vain de m'attendre.
Puis je posai enfin la question qui me torturait l'esprit depuis sa déclaration.

- Tu es gay?
- À la base non, mais il semble que tu m'aies amené à changer de camp... Je dirais donc que je suis bi. Et toi? J'ai cru comprendre que oui?
- En effet, je suis 100% gay.

Il m'avait répondu sans aucune hésitation et semblait connaître les potins du lycée. J'avais effectivement fait mon coming-out cet hiver. Mes amis et la plupart de mes camarades l'avaient accepté sans aucun problème. N'étant pas dans le monde des Bisounours, certains me portaient encore de la rancœur et j'étais confronté à quelques rares insultes mais rien de bien significatif.

- Tao!

Je me tournais vers la voix féminine qui m'avait interpellé. Darcy me fit la bise, regarda avec curiosité mon partenaire puis me dévoila la raison de sa présence.

- Tu viens ce soir chez Martha?
- Nan je peux pas ce soir...
- Pourquoi? On s'ennuie quand tu n'es pas là ! Se plaignit-t-elle
- J'ai un devoir à rendre et un Ds de maths demain. J'ai besoin de dormir.
- Tu vas nous manquer...
Elle s'éloigna après m'avoir fait la bise.

Loukas me regardait avec un mélange d'amusement et d'admiration me mettant extrêmement mal à l'aise.
Voulant dissimuler ce malaise, je laissai
échapper un petit rire et essayai de détourner son attention en posant la seconde question qui me brûlait les lèvres.

- Quoi? Et au fait pourquoi moi?
- Tu m'impressionnes, tout le monde t'apprécie, partout où tu vas les autres sont heureux et se reposent sur toi. Mais, en même temps, ils te respectent. Ils ne te jugent pas lorsque tu choisis d'étudier plutôt que d'aller à des fêtes. Et tout ça pour ta bonne humeur et ton sourire Colgate diabolique!

Je ne pensais pas que l'on pouvait me voir comme ça...

***

Après avoir discutés pendant 1 heure et découverts des passions communes sur le plan musical, cinématographique et littéraire, il fut tant de partir. Avant je passai aux toilettes. Regardant mon reflet dans le miroir, je réfléchissais. Mes cheveux bruns légèrement plus longs que la moyenne et mes yeux bridés aux iris marrons étaient des plus communs. Bien que de petite taille, je me trouvais ni laid ni magnifique, juste dans la moyenne. J'avais toujours regardé Loukas, envieux de son physique. Mais il me paraissait clair maintenant que cela n'était pas ou plus l'unique raison. Mais étais-je prêt à rentrer dans une relation?
C'est finalement la tête encore plus brouillon que je retournais voir mon prétendant. Il proposa de me ramener et j'acceptai avec plaisir.

Le trajet, bruyant, fut amusant. Arrivant dans un parc, on joua avec de jeunes enfants au foot. Après une demi-heure de rires, on prit congé tout en continuant à discuter, rire et plaisanter. Ce n'est que devant chez moi que nous nous calmions.
Il prit la parole en premier tout en me regardant avec une certaine appréhension sous un vernis de confiance: il espérait une réponse.

- Bonne nuit... C'était cool...

Après avoir croisé une ultime fois son regard, je pris ma décision.
Décidé, je saisis son col et le rapprochai. Me hissant sur la pointe des pieds, je m'arrêtai à quelques centimètres de ces lèvres lui laissant ainsi le choix de reculer. Il n'en fît rien. Bien au contraire, il franchit sans hésitation l'espace séparant nos lèvres. Il effleura mes lèvres avec douceur et délicatesse me faisant frissonner, mais je voulais plus. Ma main sur sa nuque, je scellai nos lèvres. Il se fit alors plus entreprenant. Ces lèvres chaudes mordillèrent d'abord ma lèvre inférieure mais en ayant assez d'être aussi passif et finissant par en vouloir encore plus, je fis en sorte que nos langues se rencontrent. Quelques longues secondes plus tard, on se sépara faute d'air.
Je le regardai dans les yeux et ma voix rompit le silence de la nuit.

- J'accepte. Je veux bien essayer.

Voyons où nous mènera cette histoire.