Chapitre 7

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Ce matin là, ce ne fut pas le doux soleil qui me réveilla mais la pluie froide battant sur les carreaux. Quatre jours après l'annonce de Loukas, quatre jours que je méditais sur la marche à suivre, je ne savais même pas quoi faire.

Après notre dispute, Loukas m'avait ignoré une journée puis était revenu s'installer à l'appart pour quelques jours en continu.
Un silence lourd de reproches, d'incompréhension, de doute et de colère planait sur notre habitation. Il dormait sur le canapé et tous les matins quittait la maison sur ces mots:

- Je suis sûr que tu vas bientôt entendre raison.

Seulement, il me mettait la pression. J'avais toujours eu une santé plutôt capricieuse en certaine période généralement de stress, de changement, de colère ou lors d'une quelconque instabilité émotionelle.

Cette fois là n'avait pas fait exception à la règle. Je n'arrivais plus à manger en quantité normal et le peu que j'avalais ne réussissait pas à rester dans mon organisme bien longtemps. Conséquence logique: mes joues se creusaient. Déjà pas bien gros, je ne pouvais que voir ma perte de poids d'un mauvais œil. J'étais fatigué, aussi bien physiquement que moralement.

J'avais besoin de prendre de la distance, de tout oublier...
Le vague souvenir d'une fête-beuverie organisée par une bande d'étudiants traversa alors mon esprit.
Dans un ultime effort, je sélectionnai rapidement des vêtements et pris la direction de la douche.

Dès mon  arrivée, je m'isolai dans un coin. Etant parmi une cinquantaine de joyeux lurons, je parvenais presque à rester invisible. Je n'avais pas la tête à rire et encore moins à m'amuser, d'autant plus à la vue de mes amis en couple.
La jalousie envahissait mon coeur, et j'en avais honte. C'est ainsi que cul-sec j'avalai mon cinquième verre...

J'avais l'alcool joyeux en temps normal mais cette fois-ci, plus je buvais, plus je déprimais. Malheureusement, je n'arrivais pas à arrêter.

Soudainement, j'entendis quelqu'un s'asseoir à mes côtés. Relevant pitoyablement la tête, je tombai nez à nez avec Key.  Amorçant mon sourire le plus hypocrite, je lançai la conversation:

- Hey l'ami, ça va ?
*Me regardant d'un air inquiet*

-Aucun problème et toi ? Tu bois beaucoup ce soir!

Je partis d'un rire qui sonna presque hystérique à mes propres oreilles. Il continua alors.

- Au fait, tu as ramené l'homme mystère aujourd'hui ou il s'est volatilisé encore une fois?

À ces mots, sans même avoir conscience de ma réaction, mes larmes commencèrent à rouler sur mes joues. Je craquai.
C'était par trop difficile, je n'arrivais pas à faire face à cette situation. Je baissai la tête par fierté.

Key saisit mon poignet, puis après avoir contourné la table, il lança à la ronde :

- Bon les gars, désolé, ce mec est un peu saoul, je le ramène chez lui !

Sans grande volonté je le suivis. Que pouvais-je faire d'autre dans mon état ?

- Pas chez moi... Je veux pas le voir et l'autre non plus...

Il arqua un sourcil et me tira vers sa voiture. Je lui faisais confiance. Jamais il ne me ramènerait chez moi sans mon consentement, et j'avais raison.

Non seulement, il ignora la route menant à mon appart, mais en plus, il s'arrêta dans un bar en pleine air recouvert d'une bâche épaisse.

On s'installa puis il commanda de nombreuses bouteilles.

- Si tu veux te bourrer la gueule, fais-le ! Mais ce soir, tu vas parler alcool ou pas...

Le besoin de me confier était de plus en plus fort ces derniers temps, et les 10 ans de silence commençaient à me peser.
Lorsqu'il sentit que j'étais prêt pour ma confession, il prit la parole.

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