On s'en fout.

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(To build a home, The Cinematic Orchestra)

Dans le noir, agenouillée, tu réalises.
Tu réalises ce que tu as fait de ta vie. Tu as laissé tomber les gens les plus importants pour toi parce que tu n'étais rien pour eux. Parce que tu noircissais leur joie de vivre. Parce que tu faisais encore des erreurs mais qu'on ne voulait plus te pardonner. Tu réalises que tu ne pourras jamais avoir quelqu'un dans ta vie; tu ne tiens pas tes promesses, tu ne fais pas confiance, tu laisses tomber les gens et tu n'es même pas heureuse. Tu réalises que tu es amoureuse. Putain, t'es amoureuse. T'en meurs. Ton coeur te fait mal, il te tue de l'intérieur. C'est comme si une main brûlante empoignait ton coeur pour le tordre, l'étouffer. Tu en meurs de plus en plus chaque jour. Mais silence. Tu réalises que tu es maintenant seule, près des gens avec lesquels tu ne veux même pas être. Tu réalises que ça ne sert à rien de pleurer, mais pourtant tu continues. La vie à été injuste avec toi, tu es rendue au point où tu te plains de toi-même. Ce n'est plus de la faute des autres, tu sais maintenant que c'est de la tienne. Pauvre conne, tu les as tous laissé plantés là. Elle attendait juste des explications, mais c'était "compliqué". Trop tard, tu savais maintenant qu'elle allait partir ensuite, de toute façon. Elle s'en fout. Elles s'en foutent toutes. Tu as tellement crié, elles y sont habituées. Tu as tellement crié, elles ne t'entendent plus. Elles sont heureuses, mais pas toi. Elles vivent et toi tu meurs. Tu t'écartes, tu veux pas les faire tomber avec toi. Tu as cessé de leur expliquer, tu savais qu'elles allaient te laisser tomber, elles l'ont toutes fait. Réalises-tu que c'est toi qui les as laissées tomber après tout ça ? Tu n'étais rien pour eux, que tu ne sois plus là ne change rien. Tu réalises que tu es ridicule. Tu te prends pour une pauvre artiste. Tu dessines et tu peins comme si c'était ta vie, ta mort. Tu es ridicule, mais maintenant tu t'en fous, tu en as besoin. Tu as peint son visage, ses yeux... Les étoiles. Tu réalises que tu ne veux personne, tu n'as besoin de personne pour vivre. Tu as juste besoin d'écrire tes mots, de dessiner ses lèvres, de peindre la mort. L'art te pardonnera toujours, et ne te laissera jamais tomber. Tu réalises, grâce à la beauté de la musique, que tu es une lâche qui a laissé tomber sa vie pour mourir. Mourir seule, triste, vivre morte. Tu réalises que tu as pardonné la mauvaise personne juste pour revivre, pour prouver que tu as vécu, montrant que tu as un morceau de ton passé. Tu réalises qu'ils te détestent pour ça, et que tu es encore plus seule. Et ta famille. Eh bien tu réalises que tu les as laissés tomber aussi. Tu réalises que tu es là, dans le noir, agenouillée, à pleurer pour toutes les choses que tu as réalisées. À pleurer parce que tu as foutu ta vie en l'air, pour ensuite te retrouver seule avec ta palette de peinture et ton cahier de dessin. Tu réalises qu'on ne pardonne pas quelqu'un qui ne le mérite pas.

Artiste poète des mots abstraits, elle meurt seule, crie en silence, poignets en sang, peau trop coupée et visage blanc, regard vide et âme décédée. On s'en fout.

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